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Le climat et les conflits parmi les principaux moteurs de la crise alimentaire mondiale

Des enfants mangent du gruau super plus après la reprise de l'aide alimentaire aux réfugiés dans le camp de réfugiés de Bokolmayo, dans la région somalienne de l'Éthiopie.
© WFP/Michael Tewelde
Des enfants mangent du gruau super plus après la reprise de l'aide alimentaire aux réfugiés dans le camp de réfugiés de Bokolmayo, dans la région somalienne de l'Éthiopie.

Le climat et les conflits parmi les principaux moteurs de la crise alimentaire mondiale

Climat et environnement

Les pays doivent agir maintenant pour rompre les liens mortels entre les conflits, le climat et l’insécurité alimentaire, a déclaré mardi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’un débat au Conseil de sécurité axée sur ces défis.

« Le chaos climatique et les crises alimentaires font peser des menaces de plus en plus graves sur la paix et la sécurité. Il est donc tout à fait légitime que ces questions soient traitées par le Conseil de sécurité », a-t-il souligné.

Des représentants de près de 90 pays participent au débat, convoqué par le Guyana, qui assure la présidence tournante du Conseil ce mois-ci.

Des familles ayant faim attendent de la nourriture à Deir Al Balah, à Gaza.
© UNRWA
Des familles ayant faim attendent de la nourriture à Deir Al Balah, à Gaza.

La faim à Gaza

Les catastrophes climatiques et les conflits exacerbent les inégalités, mettent en péril les moyens de subsistance et obligent les populations à quitter leur foyer, a déclaré M. Guterres aux ambassadeurs. Ils sont également deux des principaux moteurs de la crise alimentaire mondiale, avec près de 174 millions de personnes touchées dans le monde en 2022.

Le chef de l'ONU s’est dit consterné par le fait que le monde regorge d'exemples des relations dévastatrices entre la faim et les conflits.

L’une de ces situations est Gaza, où « personne n’a assez à manger », a-t-il déclaré. « Parmi les 700.000 personnes les plus affamées au monde, quatre sur cinq habitent cette minuscule bande de terre ».

En outre, les catastrophes climatiques ajoutent une autre dimension aux souffrances dans de nombreux endroits. Les 14 pays les plus menacés par le changement climatique sont tous confrontés à un conflit, et 13 d’entre eux sont également confrontés à une crise humanitaire.

L’inflation alimentaire revient

Les pays touchés comprennent Haïti, où les ouragans se combinent à la violence des gangs et à l'anarchie, mettant en danger des millions de personnes.

En Éthiopie, on estime que près de 16 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire à la suite d’une guerre suivie d’une sécheresse – une situation exacerbée par l’afflux de réfugiés fuyant le conflit au Soudan voisin.

« Pendant ce temps, à l’échelle mondiale, nous risquons une résurgence de l’inflation alimentaire alors que les sécheresses fragilisent le canal de Panama et que la violence frappe la mer Rouge, ce qui jetterait les chaînes d’approvisionnement dans le désarroi », a-t-il ajouté.

Au Bangladesh, des femmes marchent jusqu'à un réservoir pour collecter de l'eau dans le paysage autrement aride de l'Union de Shyamnagar à Satkhira.
© WMO/Muhammad Amdad Hossain
Au Bangladesh, des femmes marchent jusqu'à un réservoir pour collecter de l'eau dans le paysage autrement aride de l'Union de Shyamnagar à Satkhira.

Les objectifs de développement durables sont la réponse

Alors que la crise climatique va s’aggraver à mesure que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et que la faim s’accroît chaque année, le Secrétaire général a appelé à l’action, exhortant toutes les parties belligérantes à respecter le droit international humanitaire.

Dans le même temps, les opérations humanitaires doivent être entièrement financées « pour éviter que les catastrophes et les conflits n’alimentent la faim », a-t-il poursuivi, notant que l’année dernière, elles ont été financées à moins de 40%.

« Nous devons créer les conditions nécessaires pour résoudre les conflits et préserver la paix – au sein des pays et entre les pays », a-t-il déclaré. « La réponse est d’accélérer les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD), y compris notre objectif de Faim zéro ».

M. Guterres a en outre appelé à des « investissements massifs » pour créer des systèmes alimentaires sains, équitables et durables qui « nourrissent la planète sans la détruire ».

« Maîtriser » le climat

D’autres mesures comprennent la création et le financement de systèmes de protection sociale, ainsi que le renforcement et le renouvellement des cadres mondiaux de paix et de sécurité.

Les pays « doivent maîtriser la crise climatique pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius », a-t-il ajouté, réitérant son appel aux pays les plus riches pour qu’ils montrent la voie à suivre dans l’élimination progressive de l’utilisation des combustibles fossiles.

La communauté internationale doit également « prendre au sérieux » l’adaptation au climat, notamment en veillant à ce que tout le monde, partout dans le monde, soient protégés par des systèmes d’alerte précoce d’ici 2027.

Il faut également investir davantage dans les ODD, et M. Guterres a rappelé sa proposition d’un plan de relance annuel des ODD de 500 milliards de dollars pour stimuler le développement durable et l’action climatique.

Baisse de la production alimentaire

De son côté, le Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell, a averti que si le réchauffement de la planète se poursuit, la production alimentaire va décliner dans de nombreux pays.

« La combinaison changements climatiques, faim, guerre est dévastatrice », a-t-il insisté devant les membres du Conseil de sécurité.

M. Stiell a rappelé la nette insuffisance des ressources au profit de l’action climatique, notant que les besoins financiers d’adaptation aux changements climatiques sont au moins 10 fois supérieurs aux ressources actuelles.

Les pays en développement, à l’exception de la Chine, ont besoin de 2,4 mille milliards de dollars par an pour bâtir une économie d’énergies propres et s’adapter aux changements climatiques, a-t-il indiqué. Il a estimé que le financement climatique est un investissement pour des économies florissantes et pour la prévention des conflits.

Lire le résumé complet du débat au Conseil de sécurité ici