L'actualité mondiale Un regard humain

La migration est une réalité de la vie et une force pour le bien, affirme le chef de l'ONU

Un jeune migrant contemple la mer après son arrivée au Yémen, en provenance de Djibouti. (archives)
© UNOCHA/Giles Clarke
Un jeune migrant contemple la mer après son arrivée au Yémen, en provenance de Djibouti. (archives)

La migration est une réalité de la vie et une force pour le bien, affirme le chef de l'ONU

Migrants et réfugiés

À l’occasion de la Journée internationale des migrants, célébrée ce lundi, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a promu les vertus apportées par les migrants dans leur pays d’accueil, tout en dénonçant la cruauté des trafiquants.

Les migrations sont une réalité de la vie et « une force pour le bien », a déclaré le chef de l’ONU dans un communiqué, en ce qu'elles favorisent l'échange de connaissances et la croissance économique. Elles permettent à des millions de personnes de saisir des opportunités et d’améliorer leur vie. 

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, une migration mal encadrée est source de « grandes souffrances ». Cela force les gens à entrer sous la coupe cruelle des trafiquants, où ils sont confrontés à l’exploitation, aux abus « et même à la mort ». Le trafic mine la confiance dans la gouvernance et les institutions, attise les tensions sociales et ronge notre humanité commune, a-t-il ajouté. 

Pour contrer cette mainmise des trafiquants d'êtres humains, le chef de l'ONU a souligné la nécessité urgente d’une gouvernance migratoire sûre, ancrée dans la solidarité, le partenariat et le respect des droits humains. 

Rappelant que voici cinq ans, la communauté internationale a adopté le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, il a appelé à œuvrer en faveur d’une gestion plus humaine et plus ordonnée des migrations « pour le bénéfice de tous, y compris des communautés d’origine, de transit et de destination ».

60.000 personnes ont perdu la vie en tentant de migrer depuis 2014

Le monde compte aujourd’hui près de 280 millions de migrants, soit trois fois plus qu’il y a 50 ans, a rappelé la Directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay dans un communiqué. Cette « progression spectaculaire » est le résultat de multiples facteurs : études, travail ou encore raisons familiales. « Mais trop nombreux encore sont celles et ceux à devoir quitter leur foyer sous la contrainte », a ajouté la haute responsable. 

Les conflits, la violation des droits humains ou la pauvreté poussent encore aujourd’hui, des millions de femmes et d’hommes à l’exode. Le dérèglement climatique s’ajoute à la liste des facteurs d’exil, alors qu’à l’horizon 2050, près de 216 millions de personnes – dont 86 millions pour la seule Afrique subsaharienne – seront contraints d’abandonner leur terre natale, selon l’UNESCO. 

Depuis 2014, dans le monde, au moins 60 000 migrants ont perdu la vie en cherchant à rejoindre un pays d’accueil. En cette Journée internationale des migrants, l’UNESCO a réaffirmé son engagement pour défendre leurs droits fondamentaux, alors qu’est célébrée cette année le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Les déplacés climatiques, un angle mort statistique, prévient l'UNESCO

Le nombre de personnes déplacées au sein de leur pays à cause des changements climatiques a lui aussi augmenté de près de 9 millions en un an, pour atteindre près de 33 millions de personnes en 2022. Or, contrairement aux réfugiés, les déplacés climatiques ne bénéficient pas de la garantie des droits fondamentaux, dont le droit à l'éducation. 

C’est ce qui ressort de l’étude publiée ce lundi par l’UNESCO à l’occasion de cette Journée internationale des migrants. La spécialiste du programme sur le droit à l'éducation à l’UNESCO Rolla Moumne a confirmé à ONU Info que le nombre de personnes déplacées au sein de leur pays par les catastrophes climatiques grimpait en flèche, mais que faute d’une définition juridique internationale claire les concernant, ces dernières n'étaient pas comptabilisées dans les statistiques sur les réfugiés climatiques.

Une Journée internationale proclamée en 2000

En 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 18 décembre Journée internationale des migrants, en reconnaissance de leurs contributions aux sociétés du monde entier.

Le choix de la date marque le jour où l'Assemblée a adopté, en 1990, le traité connu sous le nom de Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

« Nous recommandons aux États d'aborder le changement climatique, la dégradation de l'environnement et les catastrophes naturelles en tant que facteurs de migration, en veillant à ce qu'ils ne portent pas atteinte aux droits de l'homme des migrants et de leurs familles », a pour sa part déclaré le Comité indépendant des Nations Unies sur les travailleurs migrants. Le Comité a en conséquence appelé les nations à mieux prendre en compte les effets du changement climatique et des catastrophes environnementales en tant que facteurs de migration.

Enfin, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants Gehad Madi a appelé à lutter contre les préjugés, le racisme et la xénophobie à l'encontre des migrants et de leurs familles.

« Nous devons renforcer et reconnaître le rôle des migrants dans les interactions positives, en particulier leurs contributions sociales, économiques et culturelles aux sociétés de transit et d'accueil ainsi qu'à leurs communautés d'origine », a-t-il souligné.