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Un demi-million de personnes ont traversé la jungle du Darien, l'ONU réclame coopération et solidarité

Des migrants épuisés arrivent dans un centre d'accueil temporaire au Panama après avoir traversé la jungle du Darién.
IOM/Gema Cortes
Des migrants épuisés arrivent dans un centre d'accueil temporaire au Panama après avoir traversé la jungle du Darién.

Un demi-million de personnes ont traversé la jungle du Darien, l'ONU réclame coopération et solidarité

Migrants et réfugiés

Un nombre record de 500.000 réfugiés et migrants ont tenté la traversée de la jungle du Darien entre la Colombie et le Panama, selon l’OIM et le HCR qui appellent à une approche régionale globale fondée sur la coopération et la solidarité. 

Dans un communiqué publié ce jeudi, l'Agence des Nations Unies pour les migrations (OIM) et l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) mettent en garde contre l’aggravation de l’urgence humanitaire dans cette région d’Amérique.

Violence sexuelle, traite des êtres humains

L'épicentre de la crise, la région du Darien au Panama, montre l'ampleur et la complexité des mouvements de population à travers le continent, indiquent-elles. Les réfugiés et les migrants continuent d'entreprendre le dangereux voyage à travers cette bande de terre sans route séparant l'Amérique du Sud de l'Amérique centrale en quête de sécurité et d'une vie meilleure.

La plupart viennent du Venezuela, d'Haïti et d'Équateur, ainsi que d'autres pays d'Amérique du Sud et des Caraïbes, expliquent l’OIM et le HCR. D'autres viennent de plus loin, notamment d'Afrique subsaharienne, d'Asie et du Moyen-Orient.

Les personnes qui traversent le Darien et d'autres frontières de manière irrégulière sont exposées à de graves dangers, tels que la violence sexuelle et sexiste, le vol, la traite des êtres humains, l'extorsion et les enlèvements, s’inquiètent les deux agences.

L'OIM fournit une assistance aux migrants dans deux centres d'accueil de la région de Darien.
© IOM/Gema Cortes
L'OIM fournit une assistance aux migrants dans deux centres d'accueil de la région de Darien.

Migrants et réfugiés, puissants moteurs de développement

Dans ce contexte, Amy Pope, la Directrice générale de l’OIM a indiqué que « les pays d'accueil ont besoin d'un soutien accru de la part de la communauté internationale pour renforcer les services nationaux et offrir des possibilités d'intégration permettant aux personnes de trouver la stabilité et d'éviter de s'embarquer dans des voyages dangereux ».

L'OIM et le HCR ont ainsi souligné l'importance d'élargir les voies de réinstallation des réfugiés et de migration régulière pour sauver des vies et exploiter le potentiel de développement qu'apportent les réfugiés et les migrants.

« Les migrants et les réfugiés sont de puissants moteurs de développement », a insisté Amy Pope. La création de nouvelles possibilités de migration sûre et régulière par le biais de visas humanitaires et de travail, d'échanges éducatifs et de programmes de regroupement familial profiteront à leur tour aux économies qui ont besoin de main-d'œuvre, d'innovation et de diversité, ont indiqué les deux agences.

« Les défis posés par les mouvements de population sans précédent dans les Amériques sont considérables », a de son côté déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « Aucun pays ne peut seul y faire face. Ce n'est qu'en nous réunissant avec toutes les parties prenantes concernées dans le cadre d'une approche collaborative, en examinant ce que nous pouvons faire à chaque étape du parcours, que nous pourrons les aborder efficacement ».

Soutien accru au pays d’accueil

L’OIM et le HCR insistent sur la nécessité en premier lieu de redoubler d'efforts pour s'attaquer aux causes qui poussent les gens à quitter leur pays notamment en luttant davantage contre les inégalités, le manque d'accès aux soins de santé et à l'éducation de base, la violence et les violations des droits de l'homme. Les deux agences prônent aussi un soutien accru aux pays d'accueil afin qu'ils offrent aux personnes d'autres options que de poursuivre des voyages dangereux.

A l’inverse, le HCR a averti que les politiques restrictives qui créent des obstacles à l'asile et renvoient les personnes vers des endroits où leur vie pourrait être en danger, sont contraires au droit international des réfugiés et ne constituent pas la réponse appropriée. L'OIM a, de son côté, rappelé qu’entraver les voies de migration régulière ne fait qu'inciter les gens à emprunter des itinéraires plus dangereux et contribue à l'expansion des activités criminelles.