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Romeu Mauricio et Jetfro, son fils de trois ans, traversent le Darien, qui sépare la Colombie et le Panama.

Amériques : le nombre de migrants ayant emprunté la jungle de Darien a presque doublé en 2022

© UNICEF/Urdaneta/año
Romeu Mauricio et Jetfro, son fils de trois ans, traversent le Darien, qui sépare la Colombie et le Panama.

Amériques : le nombre de migrants ayant emprunté la jungle de Darien a presque doublé en 2022

Migrants et réfugiés

De plus en plus de personnes choisissent de traverser la jungle du Darien en quête de sécurité et de stabilité, a alerté mardi l’Agence des Nations Unies pour les migrations.

Cette jungle très dense du passage du Darien devient chaque jour un peu plus un lieu de transit pour les Vénézuéliens, les Haïtiens et d’autres personnes forcées de fuir leur pays.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de migrants qui traversent le Panama après avoir emprunté la périlleuse et dangereuse jungle du Darien a atteint un record en 2022, doublant presque les chiffres de l’année précédente.

Selon le gouvernement panaméen, près de 250.000 migrants et réfugiés ont traversé le pays en 2022, contre quelque 133.000 en 2021.

Le « bouchon du Darien » s’étend sur plus de 500.000 hectares d’épaisse forêt tropicale et zones de marais, sans infrastructure, formant une barrière naturelle entre l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale. Selon les organismes humanitaires, c’est l’une des routes les plus périlleuses au monde parmi celles empruntées par des personnes en quête de sécurité.

Beaucoup ont perdu la vie ou ont été portés disparus, tandis que d’autres s’en sortent avec des problèmes de santé importants, tant physiques que mentaux, auxquels nous et nos partenaires répondons.

« Les récits que nous avons entendus de la part de ceux qui ont traversé la jungle du Darien attestent de l’horreur de ce voyage », a déclaré dans un communiqué, Giuseppe Loprete, chef de mission de l’OIM au Panama.

Nombre de Vénézuéliens suivant cette route multiplié par plus de 50

Le nombre de Vénézuéliens suivant cette route a été multiplié par plus de 50 l’année dernière, par rapport à 2021, pour dépasser la barre des 150.000. Suivent les Équatoriens (29.356), les Haïtiens (22.435) et les Cubains (5.961).

Sur ce total, environ 28 % étaient des femmes et 72% des hommes, tandis que 16% étaient des enfants et des adolescents.

« Beaucoup ont perdu la vie ou ont été portés disparus, tandis que d’autres s’en sortent avec des problèmes de santé importants, tant physiques que mentaux, auxquels nous et nos partenaires répondons », a ajouté M. Loprete.

Par ailleurs, 36 personnes sont mortes en 2022 dans le passage du Darien, selon des données du projet de l’OIM sur les migrants disparus. Cependant, des rapports anecdotiques indiquent que de nombreux migrants meurent dans la jungle de Darien.

« Leurs dépouilles ne sont ni récupérées ni signalées, de sorte que ce chiffre ne présente qu’une petite fraction du véritable nombre de vies perdues », a précisé l’Agence onusienne basée à Genève.

Plus largement, les flux migratoires mixtes qui transitent par la région sont complexes et dynamiques, a fait valoir M. Loprete. Selon l’OIM, les chiffres records de l’année dernière ont coïncidé avec la détérioration des conditions économiques et sociales dans les pays d’origine et dans toute l’Amérique latine.

De janvier à octobre 2022, plus de 200 000 migrants ont traversé le Darien Gap pour continuer vers leur destination.
© UNICEF/Eduard Serra

Une réponse régionale coordonnée et une coopération internationale

Dans ces conditions, la réponse à cette situation continuera d’exiger « une réponse régionale coordonnée et une coopération internationale pour répondre aux besoins humanitaires et de protection urgents et aux défis politiques connexes ».

En attendant, l’OIM continue également de coordonner étroitement avec les institutions gouvernementales de toute la région, en renforçant les capacités de gestion des migrations et des frontières, et en favorisant l’accès aux programmes de régularisation.

Dans ce contexte, l’OIM plaide pour l’établissement de voies, de canaux et de mécanismes de migration sûrs, ordonnés et réguliers. Cela permettrait de « protéger les droits des migrants en transit et de prévenir les situations de vulnérabilité liées à la migration irrégulière et au trafic de migrants, entre autres risques ».

L’OIM appelle également à enquêter sur les passeurs de migrants et à les poursuivre en justice, ainsi qu’à accroître le soutien et les investissements dans les communautés d’accueil afin de renforcer les services qui bénéficient à la fois aux migrants et aux réfugiés et à la population locale.