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Gaza : l’accès de l’aide au nord est bloqué en raison de l’escalade des bombardements dans le sud

Des personnes déplacées marchent du nord de Gaza vers le sud, tandis que des ambulances partent dans l'autre sens (photo d'archives).
© UNRWA/Ashraf Amra
Des personnes déplacées marchent du nord de Gaza vers le sud, tandis que des ambulances partent dans l'autre sens (photo d'archives).

Gaza : l’accès de l’aide au nord est bloqué en raison de l’escalade des bombardements dans le sud

Paix et sécurité

Les informations faisant état de centaines de victimes des bombardements dans le sud de la bande de Gaza au cours du week-end ont ravivé les vives inquiétudes pour les civils qui s'y abritent.

En outre, les agences humanitaires de l'ONU ont déclaré lundi que les équipes d'aide n'avaient qu'une liberté de mouvement « extrêmement limitée » et que l'accès au nord était « désormais entièrement bloqué ».

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Cessez-le-feu humanitaire durable

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit lundi extrêmement alarmé par la reprise des hostilités entre Israël, le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens à Gaza, le 1er décembre, notamment par les tirs de roquettes vers Israël depuis Gaza et la reprise des opérations terrestres et l'intensification des frappes aériennes de l’armée israélienne, de plus en plus dans le sud de Gaza. 

« Il appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse. 

L'ONU continue d'appeler les forces israéliennes à éviter de nouvelles actions qui pourraient aggraver la situation humanitaire déjà catastrophique à Gaza et à épargner aux civils davantage de souffrances. 

« Le Secrétaire général réitère la nécessité d'un flux d'aide humanitaire sans entrave et soutenu pour répondre aux besoins de la population dans toute la bande de Gaza. Pour les personnes qui ont reçu l’ordre d’évacuer, il n’y a nulle part où aller en toute sécurité et il y a très peu de quoi survivre », a ajouté son porte-parole. « Le Secrétaire général réitère son appel à un cessez-le-feu humanitaire durable à Gaza et à la libération inconditionnelle et immédiate de tous les otages restants ». 

Le chef de l’ONU s’est dit également toujours gravement préoccupé par l’escalade de la violence en Cisjordanie occupée, notamment « par l’intensification des opérations de sécurité israéliennes, le nombre élevé de morts et d’arrestations, la montée de la violence des colons et les attaques contre des Israéliens par des Palestiniens ».

Augmentation du nombre de victimes

La dernière mise à jour du Bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU, (OCHA), a confirmé l'augmentation du nombre de victimes à Gaza et la dévastation causée par les « bombardements israéliens intensifs depuis l'air, la terre et la mer ».
 
« Entre l'après-midi du samedi 2 décembre et l'après-midi du dimanche 3 décembre, au moins 316 personnes ont été tuées et au moins 664 autres blessées à Gaza », indique le rapport, ajoutant qu'un soldat israélien aurait été tué dans l'enclave au cours du weekend et qu'un autre aurait succombé à des blessures antérieures.
 
La reprise de l'effusion de sang fait suite à la rupture d'une pause dans les combats entre le Hamas et Israël vendredi dernier, le 1er décembre. Cette pause avait permis la libération de dizaines des quelque 240 otages enlevés dans le sud d'Israël au cours de l'attaque sanglante du Hamas ainsi que de prisonniers palestiniens détenus en Israël.
 
Les autorités sanitaires de Gaza affirment que plus de 15.000 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre.
 
Des personnes déplacées se reposent dans un camp près de l'hôpital Nasser à Khan Yunis, au sud de Gaza.
© UNFPA/Bisan Ouda
Des personnes déplacées se reposent dans un camp près de l'hôpital Nasser à Khan Yunis, au sud de Gaza.

Nulle personne n'est à l'abri

Faisant écho aux préoccupations des agences humanitaires pour les civils pris au piège dans les violences, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNWRA) a déclaré que dans la ville de Rafah, dans le sud, les gens étaient contraints de fuir sur fond de frappes aériennes.
 
« Les gens demandent des conseils pour savoir où se mettre à l'abri  », a souligné Thomas White, Directeur des affaires de l'UNRWA à Gaza. « Nous n'avons rien à leur dire », a-t-il déploré. 
 
Quelque 1,8 million de Gazaouis vivent actuellement dans le sud de la bande de Gaza depuis que les forces de défense israéliennes ont ordonné aux habitants de quitter le nord de la bande à la mi-octobre.
 
L'OCHA a rapporté que l'armée israélienne avait « désigné une zone couvrant environ 20% de la ville de Khan Younis pour une évacuation immédiate » dimanche, et que cette zone avait été « marquée sur une carte en ligne et publiée sur les médias sociaux ».  
 
Avant le début des hostilités, cette zone abritait près de 117.000 personnes, a indiqué le bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU, précisant qu'elle abritait 21 abris avec environ 50.000 personnes déplacées à l'intérieur de l'enclave, la grande majorité d'entre elles ayant été déplacées auparavant depuis le nord.
 
Des milliers de Gazaouis ont cherché refuge dans le sud de l’enclave (photo d'archives).
OMS
Des milliers de Gazaouis ont cherché refuge dans le sud de l’enclave (photo d'archives).

L'aide critique continue d'affluer

Dans le même temps, l'OCHA a indiqué que certaines fournitures humanitaires vitales continuaient d'arriver à Gaza tard dimanche soir en provenance d'Égypte, bien que leur nombre et leur contenu exacts ne soient pas clairs. Dix membres du personnel humanitaire sont également entrés par le poste frontière de Rafah, qui a également vu l'évacuation de 566 ressortissants étrangers et personnes ayant la double nationalité, de 13 blessés et de 11 accompagnateurs.
 
Signe de l'inquiétude généralisée de la communauté internationale face à la poursuite des violences à Gaza, le Conseil de sécurité des Nations Unies devait tenir des consultations à huis clos sur la question ce lundi.  
 
La réunion, à laquelle devait participer la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, a été demandée par les Émirats arabes unis qui se sont déclarés « profondément préoccupés par la reprise des hostilités et par la situation humanitaire catastrophique qui perdure dans la bande de Gaza ».

« Massacre sans fin d'enfants »

Dans le même temps, un porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), James Elder, s'est insurgé contre « le massacre sans fin d'enfants » après une nuit de « bombardements incessants ».
 
S'exprimant depuis l'intérieur d'un abri, le fonctionnaire de l'ONU a tourné la caméra de son téléphone portable vers Khaled et Hannah, deux nourrissons dormant côte à côte. « S'il vous plaît, rencontrez-les et voyez-les, priez pour qu'ils soient encore en vie dans quelques jours », a-t-il déclaré. « J'ai l'impression d'être à court de mots pour décrire le massacre incessant d'enfants ici ».

Visite du Procureur de la CPI en Israël et en Palestine

De son côté, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a conclu dimanche une visite en Israël et en Palestine. 

« Je viens de terminer ma première visite en Israël et dans l'État de Palestine. Au cours de cette mission, j'avais un message simple : mon bureau est là pour faire en sorte que la protection de la loi soit ressentie par tous », a-t-il dit dans une déclaration publiée à l’issue de sa visite. 

Il a expliqué avoir pu rencontrer des victimes, en Israël et en Palestine, et entendre leurs témoignages, dans le cadre de cette visite qui ne constituait pas une enquête.

Lors de sa rencontre avec des familles de victimes des attaques du Hamas du 7 octobre, le Procureur de la CPI a dit que son message était clair : « nous sommes prêts à travailler en partenariat avec elles dans le cadre de notre travail continu pour demander des comptes aux responsables ». « Je suis également prêt à collaborer avec les autorités nationales compétentes, conformément au principe de complémentarité au cœur du Statut de Rome », a-t-il dit.  

Il a précisé qu’il a appelé à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages pris par le Hamas et d'autres organisations terroristes ». 

Karim Khan a aussi rencontré des familles de victimes palestiniennes et a pu entendre des récits personnels de leurs expériences à Gaza et en Cisjordanie. « Nous ne devons jamais devenir insensibles à de telles souffrances », a-t-il dit. 

Il a souligné que la manière dont Israël répond aux attaques du Hamas du 7 octobre « est soumise à des paramètres juridiques clairs qui régissent le conflit armé ». « Le conflit dans les zones densément peuplées où les combattants seraient illégalement intégrés à la population civile est intrinsèquement complexe, mais le droit humanitaire international doit toujours s’appliquer et l’armée israélienne connaît le droit qui doit être appliqué », a-t-il ajouté.