L'actualité mondiale Un regard humain
Une messe dominicale célébrée dans l'église de Kyïv-Pechera Lavra, à Kyïv, en Ukraine. (archives)

La liberté de religion est menacée dans toute l'Ukraine, prévient une haute responsable de l'ONU

© UNICEF/Giacomo Pirozzi
Une messe dominicale célébrée dans l'église de Kyïv-Pechera Lavra, à Kyïv, en Ukraine. (archives)

La liberté de religion est menacée dans toute l'Ukraine, prévient une haute responsable de l'ONU

Paix et sécurité

La liberté de religion est menacée dans toute l'Ukraine, a prévenu la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux droits de l'homme, Ilze Brands Kehris, ce vendredi lors d'une réunion du Conseil de sécurité.

Dans le contexte de la guerre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) suit la situation de la liberté de religion en Ukraine, tant dans le territoire contrôlé par le gouvernement ukrainien que dans le territoire occupé par la Fédération de Russie. 

Ilze Brands Kehris (à l'écran), Sous-secrétaire générale aux droits de l'homme, s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales.
ONU Photo/Loey Felipe
Ilze Brands Kehris (à l'écran), Sous-secrétaire générale aux droits de l'homme, s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales.

La liberté de religion sur le territoire ukrainien occupé par la Fédération de Russie pourrait être considérée comme discriminatoire, a relevé Mme Kheris.

Intervenant par vidéoconférence, elle a fait état de poursuites contre les minorités, de détentions et de l’usage de la torture contre des membres du clergé dans les territoires occupés.

« Le droit international humanitaire oblige la puissance occupante à respecter les lois en vigueur dans le pays », a-t-elle rappelé, déplorant que la Fédération de Russie, au contraire, applique ses propres lois dans les territoires occupés.  

Des Témoins de Jéhovah persécutés en Crimée

En Crimée, par exemple, les autorités russes ont poursuivi en justice des membres des Témoins de Jéhovah et du Hizb ut Tahrir, deux organisations interdites en Fédération de Russie, mais pas en Ukraine, les condamnant parfois à de longues peines de prison, a-t-elle illustré, citant aussi d’autres cas comme la détention arbitraire de deux prêtres de l'Église orthodoxe d'Ukraine dans l'oblast de Donetsk occupé. 

Concernant les territoires contrôlés par Kyïv, les tensions entre l'Église orthodoxe ukrainienne (UOC), qui a des liens historiques avec le Patriarcat de Moscou de l'Église orthodoxe russe, et l'Église orthodoxe d'Ukraine, qui a obtenu l'autocéphalie en 2019, se sont intensifiées à la suite de la décision russe d’attaquer l’Ukraine, a mis en contexte la haute responsable.

« Cela se manifeste, dans certains cas, par des incidents violents », a-t-elle déclaré. Ces tensions ont affecté la liberté de religion dans le territoire contrôlé par le gouvernement ukrainien, comme le montrent les récents rapports consécutifs de la Mission de surveillance des droits de l'homme.  

Un projet de loi controversé en lecture au Parlement ukrainien

Depuis l'invasion de grande ampleur de l'Ukraine par la Russie en février 2022, le HCDH a documenté dix cas de violence physique et six cas de menaces de violence résultant de conflits entre paroissiens de différentes communautés orthodoxes. Face à cela, la Sous-Secrétaire générale a déploré une réponse des forces de l’ordre ukrainiennes « inadéquate », faute d’enquête suffisante sur les incidents et faute de mesures pour protéger les membres de l’Église orthodoxe ukrainienne.

La moitié de ces incidents se sont produits en mars et avril 2023 ; le nombre d'incidents a depuis diminué, a-t-elle précisé. Dans au moins 26 cas impliquant des membres de l’UOC, le Haut-Commissariat a relevé que l'accusé n'avait pas toujours accès à un avocat lors de perquisitions au domicile et subissait parfois des pressions pour qu'il avoue. 

De plus, en octobre dernier, le Parlement ukrainien a approuvé en première lecture un ensemble de projets visant à dissoudre des « organisations religieuses affiliées à des centres d’influence dont la direction est située dans un pays qui mène une agression armée contre l’Ukraine ».  Des projets qui pourraient contrevenir au droit international, a pointé la haute responsable de l'ONU.