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Ukraine : la cheffe des affaires politiques de l'ONU dénonce les destructions causées à des villes par les forces russes

Une femme avec son enfant à Berdyszcze, en Pologne après avoir fui l'Ukraine.
© UNICEF/Tom Remp
Une femme avec son enfant à Berdyszcze, en Pologne après avoir fui l'Ukraine.

Ukraine : la cheffe des affaires politiques de l'ONU dénonce les destructions causées à des villes par les forces russes

Paix et sécurité

Alors que la guerre en Ukraine en est maintenant à sa troisième semaine, la cheffe des affaires politiques de l'ONU, Rosemary DiCarlo, a averti vendredi le Conseil de sécurité que les attaques directes contre des civils et des biens de caractère civil sont interdites par le droit international et peuvent constituer des crimes de guerre.

Lors d'une réunion convoquée par la Russie pour répondre à ses allégations de soutien des États-Unis à la recherche biologique militaire en Ukraine, Mme DiCarlo a déclaré que les forces armées russes poursuivaient le siège de plusieurs villes du sud, de l'est et du nord du pays, avec une grande concentration de troupes massées près de la capitale, Kyïv.

La situation est particulièrement alarmante à Marioupol, Kharkiv, Soumy et Tchernihiv, a-t-elle dit, où les bombardements de zones résidentielles et d'infrastructures civiles ont fait un nombre croissant de civils tués et blessés.

« La dévastation totale que subissent ces villes est horrible », a-t-elle souligné.

Des civils ciblés

Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Manuel Elias
Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.

Au 11 mars, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a recensé 1.546 victimes civiles - dont 564 tués et 982 blessés - depuis le début de l'invasion russe. Les chiffres réels des victimes sont probablement « considérablement plus élevés ». La plupart ont été causées par des armes explosives, y compris de l'artillerie lourde, des lance-roquettes multiples et des frappes aériennes.

En outre, Mme DiCarlo a déclaré que le HCDH avait reçu des informations crédibles selon lesquelles les forces russes auraient utilisé des armes à sous-munitions dans des zones peuplées - des attaques aveugles, interdites par le droit international humanitaire.

Au 10 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 26 attaques contre des établissements de santé, des agents de santé et des ambulances, faisant 12 morts et 34 blessés.

Mme Di Carlo a jugé « inexcusable et intolérable » le ciblage de civils, de bâtiments résidentiels, d'hôpitaux, d'écoles et de jardins d'enfants, soulignant que toutes les violations présumées du droit international humanitaire doivent faire l'objet d'une enquête et que les auteurs doivent répondre de leurs actes.

Ukraine : « trouver une solution et mettre un fin à cette guerre »

 

Des millions de personnes ont désespérément besoin d'aide

Mme Di Carlo a indiqué qu’il y a eu une augmentation de l'aide humanitaire dans les zones où la sécurité le permet. L'ONU et ses partenaires ont élaboré des plans opérationnels pour répondre aux besoins humanitaires là où ils sont les plus aigus, a-t-elle déclaré, appelant les donateurs qui ont promis plus de 1,5 milliard de dollars la semaine dernière, à débloquer rapidement les fonds.

Selon la cheffe des affaires politiques, il est essentiel de parvenir à un cessez-le-feu pour permettre le passage en toute sécurité des civils des zones assiégées.

« La nécessité de négociations pour arrêter la guerre en Ukraine ne pourrait pas être plus urgente », a-t-elle déclaré, notant que les trois séries de pourparlers tenues jusqu'à présent entre les délégations ukrainienne et russe doivent être intensifiées. « La logique du dialogue et de la diplomatie doit prévaloir sur la logique de la guerre ».

La cheffe des affaires politiques a également déclaré que les risques que la violence fait peser sur le cadre mondial de la paix et de la sécurité sont peut-être les plus alarmants. « Nous devons faire tout notre possible pour trouver une solution et mettre fin à cette guerre ; nous devons le faire maintenant », a-t-elle dit. 

L'allégation russe d'armes biologiques démentie

Izumi Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies aux affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Manuel Elias
Izumi Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies aux affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité.

La réunion du Conseil de sécurité ce vendredi fait suite aux affirmations du porte-parole du ministère russe de la Défense, le général de division Igor Konashenkov, le 6 mars, selon lesquelles l'armée de son pays avait découvert des preuves de programmes biologiques militaires financés par les États-Unis en Ukraine, y compris des documents confirmant le développement de « composants d'armes biologiques ».

Répondant à ces préoccupations, la Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, a déclaré que « les Nations Unies n'ont connaissance d'aucun programme d'armes biologiques ».

« L’Organisation n'est pas non plus en mesure de confirmer ou d'infirmer » les rapports selon lesquels les établissements de santé publique se trouvent dans des zones touchées par le conflit armé, mettant la sécurité de ces établissements en danger. Elle a appelé toutes les parties au conflit à assurer la sécurité de toutes ces installations en Ukraine.

Expliquant que la Russie et l'Ukraine sont toutes deux des États parties à la Convention de 1972 sur les armes biologiques - qui interdit leur mise au point, leur production, leur acquisition, leur transfert, leur stockage et leur utilisation - et que Moscou est un gouvernement dépositaire, elle a déclaré que les armes biologiques étaient interdites depuis l’entrée en vigueur de la Convention en 1975.

Avec 183 États parties au traité, les armes biologiques sont « universellement considérées comme odieuses et illégitimes », a souligné Mme Nakamitsu.

Cependant, la Convention ne dispose pas d'un mécanisme de vérification multilatéral supervisé par une organisation indépendante, telle que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), ce qui signifie que la responsabilité d'évaluer son respect incombe aux États parties.

Le traité contient plusieurs mesures permettant aux États de répondre aux préoccupations ou aux soupçons concernant les activités de leurs pairs, a déclaré Mme Nakamitsu. En vertu de l'article V, par exemple, les États parties peuvent se consulter et coopérer pour résoudre tout problème qui pourrait survenir. Un échange annuel d'informations a été établi, sur la base de la présentation de mesures de confiance.

La Russie et l'Ukraine participent toutes deux chaque année aux mesures de confiance, et leurs rapports annuels sont mis à la disposition de tous les États parties à des fins de transparence et de réassurance. 

En outre, elle a déclaré qu'en vertu de l'article VI, un État partie qui constate que son pair manque à ses obligations peut déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité. Une enquête basée sur la plainte peut alors être ouverte, si le Conseil l'accepte.

Notant que l'article VI n'a jamais été activé – et que ces dispositions n'ont pas été régulièrement utilisées – il s'agit néanmoins de procédures internationalement reconnues disponibles pour désamorcer les tensions.

« Des situations comme celle-ci démontrent la nécessité de renforcer la Convention sur les armes biologiques, de l'opérationnaliser et de l'institutionnaliser », a-t-elle ajouté.

Inquiétude concernant sur les installations nucléaires

Abordant d'autres préoccupations, elle a averti qu'un accident impliquant les installations nucléaires en Ukraine pourrait avoir de graves conséquences pour la santé publique et l'environnement et que toutes les mesures doivent être prises pour l'éviter.

« La possibilité d'un accident causé par une panne d'alimentation électrique d'un réacteur ou l'incapacité d'assurer un entretien régulier augmente de jour en jour », a-t-elle souligné. Les forces qui contrôlent effectivement les centrales nucléaires en Ukraine doivent assurer leur fonctionnement sûr et sécurisé.

Elle s'est dite extrêmement préoccupée par le fait que quatre des sept piliers de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour l'exploitation sûre et sécurisée des installations ne seraient pas mis en œuvre à Tchernobyl et à Zaporijjia - le plus grand réacteur d'Europe.

« Les communications doivent être entièrement rétablies et le personnel d'exploitation doit être autorisé à s'acquitter correctement de ses fonctions et à le faire sans pression indue », a-t-elle affirmé.