L'actualité mondiale Un regard humain
Le cyclone Mocha frappe un camp de réfugiés Rohingya à Cox's Bazar.

Le cyclone Mocha laisse des traces au Myanmar

© UNICEF/Sultan Mahmud Mukut
Le cyclone Mocha frappe un camp de réfugiés Rohingya à Cox's Bazar.

Le cyclone Mocha laisse des traces au Myanmar

Aide humanitaire

Le cyclone Mocha a été l'un des cyclones les plus puissants à avoir jamais frappé le Myanmar, a indiqué lundi le Bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations Unies (OCHA) dans le pays, laissant une « traînée de dévastation », en particulier dans la ville de Sittwe, capitale de l'État de Rakhine.

Les communautés ont passé la journée à nettoyer et à évaluer le coût de la tempête, classée dans la catégorie « extrêmement grave », lorsqu'elle s'est abattue sur les États et régions de l'ouest du Myanmar dimanche, avec des rafales atteignant 250 km à l'heure, et qu'elle a continué à frapper certaines zones le jour suivant, avec des pluies torrentielles.

Les autorités et les agences d'aide humanitaire avaient lancé un plan d'évacuation massif avant que la tempête ne s'abatte sur le littoral au nord de Sittwe.

Les agences de l'ONU distribuent des produits de première nécessité aux personnes hébergées dans les abris cycloniques au Bangladesh.
© UNHCR/Kiri Atri
Les agences de l'ONU distribuent des produits de première nécessité aux personnes hébergées dans les abris cycloniques au Bangladesh.

Six millions de personnes déjà dans le besoin

Les besoins humanitaires dans l'État de Rakhine et dans le nord-ouest du Myanmar étaient déjà considérables avant l'arrivée du cyclone. Selon OCHA, environ six millions de personnes avaient déjà besoin d'une aide d'urgence à la suite d'années de conflit et de déplacements.

Aujourd'hui, des centaines de milliers de Rohingyas vivent dans des abris temporaires et leurs déplacements sont limités par le régime militaire, qui a déclaré l'ensemble de la région de Rakhine zone sinistrée à la suite du cyclone Mocha.

Selon les premiers rapports, le cyclone a épargné le principal complexe de camps de réfugiés rohingyas de Cox's Bazar au Bangladesh, qui abrite près d'un million de réfugiés, pour la plupart rohingyas, dont la majorité a fui les persécutions et les violences dans l'Etat de Rakhine, à partir de l'été 2017.

Une grande partie de Sittwe détruite

Les médias ont toutefois indiqué que, même si la situation n'était pas aussi catastrophique que prévu, plusieurs personnes avaient été tuées au Myanmar et des centaines de milliers de Rohingyas s'étaient retrouvés sans abri.

OCHA a déclaré qu'il y avait une destruction généralisée à travers Sittwe, et que peu de maisons étaient encore debout. De nombreuses maisons en bambou dans les camps de déplacés ont été détruites.

« Les communications avec les équipes sur le terrain sont encore limitées, mais les premiers rapports suggèrent que les dégâts sont importants, en particulier à Rakhine, et que les besoins dans toutes les communautés seront élevés », a indiqué le rapport de situation d'OCHA lundi.

« Des vents extrêmement violents ont fait tomber des lignes électriques, déraciné des arbres et endommagé ou détruit des maisons. Les ondes de tempête ont détruit des ponts et inondé des maisons ».

Des besoins en matière de santé, d'articles de secours, d'abris, d'eau, d'assainissement et d'hygiène sont déjà signalés, avec en plus la menace mortelle des mines terrestres dans les zones rurales touchées par le conflit, qui se sont déplacées pendant les inondations.

Le cyclone Mocha a apporté de fortes pluies et des vents violents en traversant un camp de réfugiés Rohingya à Teknaf, Cox's Bazar, Bangladesh, le 14 mai 2023.
© UNICEF
Le cyclone Mocha a apporté de fortes pluies et des vents violents en traversant un camp de réfugiés Rohingya à Teknaf, Cox's Bazar, Bangladesh, le 14 mai 2023.

Tours de téléphonie mobile endommagées

Les communications avec les partenaires sur le terrain ont été partiellement rétablies au cours de la journée, mais restent limitées après les dommages importants subis par les tours de télécommunications, a poursuivi OCHA.

Les services d'eau et d'électricité ont été gravement interrompus toute la journée, les générateurs étant désormais la principale source d'électricité pour la plupart des gens en raison des lignes tombées en panne.

Les partenaires humanitaires s'efforcent d'entamer des évaluations rapides des besoins sur le terrain mardi, afin de confirmer l'ampleur de l'impact du cyclone et l'assistance immédiate nécessaire.

Les premiers rapports font également état d'inondations et de besoins importants dans le nord-ouest du pays, une région qui est également fortement touchée par le conflit.

Un camp de réfugiés Rohingya à Cox's Bazar se prépare au cyclone Mocha.
© UNICEF/Sultan Mahmud Mukut
Un camp de réfugiés Rohingya à Cox's Bazar se prépare au cyclone Mocha.

Besoin urgent de fonds

OCHA a déclaré qu'une injection urgente de fonds pour aider au redressement était « désespérément nécessaire pour faciliter une réponse à grande échelle à l'impact du cyclone et des inondations qui ont suivi ». À ce jour, le plan de réponse humanitaire de 764 millions de dollars n'est financé qu'à hauteur de 10%.

Certaines personnes déplacées se trouvent encore dans des abris contre le cyclone près des camps de déplacés, et l'on signale des blessures et des besoins de traitement médical. Celles qui se trouvent dans des abris temporaires, comme les écoles, ont besoin d'aide.

Les déplacements sont difficiles et le déblaiement des débris est en cours. Une circulation dense a été signalée au cours de la journée en raison du grand nombre de personnes rentrant chez elles à Sittwe depuis l'intérieur des terres, ainsi que des débris sur les routes.

Abris pour les Rohingyas endommagés

Selon les informations disponibles, environ 3.000 abris pour les Rohingyas ont été endommagés lors du passage de Mocha, certains ayant été complètement détruits. Le commissaire aux réfugiés du pays a signalé que 32 centres d'apprentissage et 29 mosquées avaient été endommagés.

Dans les camps de réfugiés où 120 glissements de terrain ont été signalés, au moins 5.300 réfugiés auraient été relogés dans des lieux plus sûrs, tandis que le gouvernement bangladais a déclaré qu'environ 250.000 personnes avaient besoin de nourriture et d'abris dans l'ensemble de la région dans la nuit de dimanche à lundi.

Les autorités du Bangladesh avaient évacué quelque 750.000 personnes avant la tempête.