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Les producteurs de noix de cajou ne reçoivent qu'une fraction du prix final de leurs produits vendus comme ici en Roumanie.

Les prix des produits alimentaires ont baissé en février pour le 11e mois consécutif

Banque mondiale/Flore de Préneuf
Les producteurs de noix de cajou ne reçoivent qu'une fraction du prix final de leurs produits vendus comme ici en Roumanie.

Les prix des produits alimentaires ont baissé en février pour le 11e mois consécutif

Développement économique

Malgré des prix du sucre au plus haut depuis six ans, les prix mondiaux des produits alimentaires ont légèrement décru en février pour le onzième mois consécutif, a annoncé ce vendredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), relevant aussi que les premières perspectives font état d’une forte récolte de blé en 2023.

L’indice FAO des prix des denrées alimentaires, qui suit la variation des cours internationaux d’un panier de produits de base, a reculé de 0,6% par rapport à son niveau de janvier, creusant un peu plus l’écart (-18,7%), avec le record atteint en mars 2022 après le début de la guerre en l’Ukraine.

Selon l’agence onusienne basée à Rome, la baisse de l’indice reflète les baisses des cours des huiles végétales et des produits laitiers qui ont plus que compensé la forte hausse des prix du sucre.

Baisse du prix des huiles et hausse du prix du sucre

Le repli global des prix des huiles végétales– de la palme au colza en passant par le tournesol – est de 3,2% et celui des produits laitiers de 2,7%, ce qui compense largement la forte hausse des prix mondiaux du sucre en février, souligne l’organisation.

Les prix internationaux du riz ont baissé de 1% en raison d’un ralentissement des activités commerciales dans la plupart des principaux exportateurs asiatiques, dont les monnaies se sont également dépréciées par rapport au dollar des États-Unis.

Les prix des céréales, déjà stables le mois passé, sont restés « pratiquement inchangés » comparé à janvier. Le prix du blé est en légère augmentation du fait d’inquiétudes liées à la sécheresse aux États-Unis et à la forte demande d’approvisionnement en provenance d’Australie. Ces craintes ont été toutefois largement « contrebalancées par une forte concurrence entre les exportateurs ».

L’indice FAO des prix de la viande est également resté presque inchangé par rapport à janvier. Les prix internationaux de la viande porcine ont augmenté, principalement en raison des préoccupations liées au resserrement des disponibilités à l’exportation en Europe.

Dans le même temps, les prix mondiaux de la volaille ont continué à baisser en raison de l’abondance des disponibilités à l’exportation, malgré les épidémies d’influenza aviaire dans plusieurs grands pays producteurs.

En revanche, l’indice FAO des prix du sucre a augmenté de 6,9% pour atteindre leur « plus haut niveau depuis six ans, principalement en raison d’une révision à la baisse des prévisions de production 2022/23 en Inde, et d’une diminution des prix internationaux du pétrole brut et de l’éthanol au Brésil ».

Deux hommes battent du blé pour en extraire les graines
Photo: FAO/Danfung Dennis
Deux hommes battent du blé pour en extraire les graines

784 millions de tonnes de blé en 2023

La FAO a également publié ses prévisions sur la production mondiale de blé en 2023.

L’agence de l’ONU prévoit une récolte de l’ordre de 784 millions de tonnes, qui serait la deuxième plus conséquente jamais enregistrée, grâce notamment aux agriculteurs américains qui ont étendu leurs surfaces, incités par des prix des céréales en hausse.

Dans les pays de l’hémisphère Sud, les perspectives de production des cultures céréalières secondaires en 2023 sont généralement favorables, et les plantations totales de maïs au Brésil devraient atteindre un niveau record.

La FAO a également révisé à la hausse ses projections pour la production céréalière mondiale en 2022, à 2.774 millions de tonnes, soit encore 1,3% de moins qu’en 2021.

Plus largement, le commerce mondial de céréales devrait se contracter de 1,8% pour atteindre 473 millions de tonnes.

Les sécheresses, les conflits et les prix élevés, ainsi que les difficultés macroéconomiques, exacerbent l’insécurité alimentaire dans de nombreux pays.

Selon le dernier rapport Perspectives de récoltes et situation alimentaire, 45 pays dans le monde ont besoin d’une aide extérieure pour se nourrir.

L’inflation atteint des niveaux prohibitifs dans de certains pays africains

Il s’agit notamment souligne de « la situation alarmante en Afrique de l’Est, où sévit la pire sécheresse de ces 40 dernières années ».

Des personnes au Burkina Faso, en Haïti, au Mali, au Nigeria, en Somalie et au Soudan du Sud devraient bientôt connaître des niveaux graves d’insécurité alimentaire aiguë

Des personnes dans six pays connaissent, ou devraient bientôt connaître, des niveaux graves d’insécurité alimentaire aiguë, définis comme le niveau 5 de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC 5) ou la faim catastrophique : Burkina Faso, Haïti, Mali, Nigeria, Somalie et Soudan du Sud.

Des millions d’autres sont confrontés à la faim sévère, selon le rapport.

Même si l’indice FAO des prix alimentaires s’est quelque peu atténué au cours des derniers mois, l’inflation des prix alimentaires intérieurs atteint des niveaux prohibitifs dans de nombreux pays. Par exemple, en janvier, les prix des céréales secondaires au Ghana étaient 150% plus élevés qu’un an plus tôt, et les prix des céréales ont atteint des sommets au Malawi et en Zambie.

Une hausse globale de la production céréalière dans les 47 pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) au cours de la saison agricole actuelle a permis d’atténuer l’impact de la hausse des prix mondiaux des produits de base.

Cependant les baisses de production et la faiblesse des devises dans de nombreux autres pays maintiendront les factures d’importations alimentaires dans ces pays à des niveaux élevés.