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Bangladesh : un expert dénonce les coupes dans l’aide alimentaire aux Rohingyas

Cette famille rohingya, vivant au Bangladesh, reçoit une ration alimentaire mensuelle du PAM.
© PAM/Sayed Asif Mahmud
Cette famille rohingya, vivant au Bangladesh, reçoit une ration alimentaire mensuelle du PAM.

Bangladesh : un expert dénonce les coupes dans l’aide alimentaire aux Rohingyas

Aide humanitaire

L’inquiétude grandit face au projet du Programme alimentaire mondial (PAM) de réduire l’aide alimentaire aux centaines de milliers de réfugiés rohingyas vivant dans des camps au Bangladesh, en raison d’une grave pénurie de fonds.

Un expert indépendant des Nations Unies a lancé, jeudi, un appel urgent aux États membres pour qu’ils examinent « les coupes honteuses et catastrophiques » des rations alimentaires qui ont commencé à être mises en œuvre mercredi

Le PAM a indiqué qu’il devra réduire les rations destinées aux réfugiés ce mois de mars en raison d’un manque de fonds. Dès le 1er mars, l’allocation mensuelle serait réduite de 17%, à 10 dollars par personne.

L’agence alimentaire des Nations Unies a prévenu que d’autres réductions seront nécessaires en l’absence de nouveaux fonds d’ici avril.

« Sans soutien supplémentaire, ces réductions seront encore plus importantes au cours des deux prochains mois, avec des rations alimentaires réduites d’un tiers. Cela signifierait qu’en moyenne, les réfugiés rohingyas dans les camps du Bangladesh devraient essayer de survivre avec 0,27 dollar par jour », a déclaré Tom Andrews, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits humains au Myanmar.

L’expert a lancé cet appel dans une lettre adressée aux États membres de l’ONU face à ce qui pourrait être une série de coupes dans les rations alimentaires destinées aux réfugiés rohingyas au Bangladesh. Ces coupes pourraient dépasser 30% des allocations actuelles à ces réfugiés.

125 millions de dollars pour mettre fin aux coupes dans les rations

L’agence onusienne aurait besoin immédiatement de 125 millions de dollars pour mettre fin aux coupes dans les rations. « Ces réductions de rations sont une tache sur la conscience de la communauté internationale, a fait valoir M. Andrews.

« Ces coupes seront dévastatrices pour une population traumatisée qui souffre déjà de malnutrition généralisée », a-t-il ajouté, relevant que ces réductions des rations alimentaires auront un impact sur près d’un million de réfugiés rohingyas du Myanmar.

Ces coupes seront dévastatrices pour une population traumatisée qui souffre déjà de malnutrition généralisée

« L’impact du niveau déjà insuffisant de l’aide alimentaire aux réfugiés rohingyas est inadmissible : 40% des enfants rohingyas souffrent actuellement d’un retard de croissance ; 51% des enfants rohingyas et 41% des femmes rohingyas enceintes ou allaitantes sont anémiques ; 45% de toutes les familles rohingyas des camps vivent avec un régime alimentaire insuffisant »; a-t-il dit.

Si de nombreux États membres des Nations Unies ont offert « un soutien rhétorique aux réfugiés, ces familles Rohingya ne peuvent pas « se nourrir de rhétorique politique ». « Il est plus que temps pour les États membres de l’ONU de remplacer les déclarations de soutien vides par des actions qui sauvent des vies », a déclaré M. Andrews.

Si ce scénario n’est pas rapidement inversé, l’impact de ces coupes sera « catastrophique et durable ». Selon l’expert, la malnutrition et les effets néfastes sur la santé pourraient connaître un pic dans la communauté et le développement des enfants rohingyas pourrait être gravement compromis. Les conséquences de ces coupes risquent d’être portées par le peuple rohingya pendant des générations.

NOTE : 

Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.