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Trois ans après s'être réfugiés au Bangladesh, les Rohingyas dépendent toujours de l’aide alimentaire de l'ONU

Des travailleurs réfugiés rohingyas distribuent des sacs de riz et de lentilles à un point de distribution du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le camp de Kutupalong, au Bangladesh.
© HCR/Adam Dean
Des travailleurs réfugiés rohingyas distribuent des sacs de riz et de lentilles à un point de distribution du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le camp de Kutupalong, au Bangladesh.

Trois ans après s'être réfugiés au Bangladesh, les Rohingyas dépendent toujours de l’aide alimentaire de l'ONU

Aide humanitaire

Trois ans après le tout dernier exode des réfugiés rohingyas ayant fui le Myanmar et cherché refuge au Bangladesh à partir d’août 2017, presque tous les réfugiés Rohingyas restent entièrement dépendants de l’aide en nourriture fournie par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) pour survivre.

Trois ans après le début de la crise des réfugiés rohingyas, les défis persistent. « Les hommes, les femmes et les enfants des camps de réfugiés de Cox’s Bazar, au Bangladesh, sont plus vulnérables que jamais, confrontés à de multiples crises au sein d’une même crise », a déclaré mardi Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM, lors d’un point de presse à Genève, relevant que la pandémie de Covid-19 a ajouté des complexités supplémentaires.

En cette période de mousson, plus de 109.000 personnes vivant dans les camps de Cox’s Bazar, le plus grand site de réfugiés et le plus surpeuplé au monde, ont été touchées par des pluies incessantes et font face à des conditions météorologiques dangereuses. Depuis le 1er juin, près de 9.000 personnes ont été déplacées par ces intempéries. C’est dans ce contexte que le PAM a lancé son plan d’intervention d’urgence rapide pour fournir une aide alimentaire en cas de besoin.

Pour ne rien arranger, la disponibilité des denrées alimentaires dans les camps, en dehors de celle fournie par le PAM, a diminué. Sur place, « les prix ont augmenté et les possibilités de subsistance déjà limitées ont diminué ».  Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues aux mesures de « verrouillage » pour lutter contre la pandémie de Covid-19 affectent également la disponibilité des aliments frais dans les points de vente électroniques de l’agence onusienne. « Le pouvoir d’achat déjà limité des Rohingyas a encore diminué en raison de la perte de leurs moyens de subsistance », a expliqué Mme Byrs.

Les enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition, priorité du PAM

Près de 90 % des réfugiés rohingyas au Bangladesh reçoivent une aide alimentaire par le biais de bons électroniques. La généralisation des bons électroniques devait être achevée au cours du premier semestre 2020 pour couvrir tous les résidents des camps, mais elle a dû être repoussée vers la fin de cette année en raison de la pandémie de Covid-19. Cependant, le PAM a réussi à ouvrir quatre nouveaux points de vente de bons électroniques depuis le début de la pandémie.

En outre, plus de 10 % des réfugiés rohingyas reçoivent des distributions en nature : du riz, des lentilles et de l’huile. Des mesures ont été également prises sur les sites de distribution en nature pour atténuer les risques posés par la Covid-19.

Dans les camps de réfugiés, le PAM fournit désormais une alimentation complémentaire générale afin que les familles n’aient pas à se rendre dans plusieurs centres de distribution. En outre, plus de 21.600 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition modérée et des femmes enceintes et allaitantes reçoivent désormais un traitement contre la malnutrition modérée.

Face à cette situation humanitaire, le PAM compte aider un demi-million de personnes dans le district de Cox’s Bazar qui ont été touchées par les restrictions liées au coronavirus en leur fournissant une aide alimentaire et financière. Les écoles étant fermées, l’agence onusienne aide près de 135.000 enfants des communautés d’accueil grâce à des distributions de rations alimentaires de porte-à-porte et plus de 276.000 enfants réfugiés rohingyas avec des rations supplémentaires dans le cadre des programmes d’assistance alimentaire générale.

Près de 750.000 membres de cette communauté musulmane ont fui en 2017 les violences ethniques dans l’ouest du Myanmar. Ils sont venus grossir les rangs des quelque 200.000 Rohingyas qui s’étaient déjà réfugiés au Bangladesh, lors de précédentes vagues de violence.