L'actualité mondiale Un regard humain
Des Rohingyas coincés sur le pont d'un bateau de passeurs abandonné dérivant dans la mer d'Andaman en 2015 (archive).

Asie du Sud-Est : le HCR réclame une réponse régionale face à la hausse des traversées en mer mortelles

HCR/Christophe Archambault
Des Rohingyas coincés sur le pont d'un bateau de passeurs abandonné dérivant dans la mer d'Andaman en 2015 (archive).

Asie du Sud-Est : le HCR réclame une réponse régionale face à la hausse des traversées en mer mortelles

Migrants et réfugiés

Alors que la région fait face à une augmentation alarmante du nombre de morts en mer d’Andaman et dans le golfe du Bengale, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) réclame une réponse régionale globale pour faire face à l’augmentation des traversées maritimes mortelles en Asie du Sud-Est.

En l’absence d’une réponse régionale globale pour faire face à ces mouvements maritimes périlleux, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) prévient que davantage de personnes mourront en haute mer, « sous le regard de nombreux États côtiers ». 

Selon l’agence onusienne, au moins 348 individus sont morts ou ont disparu en mer en 2022. Ce qui en fait l’une des années les plus meurtrières depuis 2014.

Or ces voyages périlleux ne faiblissent pas. Selon les dernières données du HCR, plus de 3.500 Rohingyas désespérés ont tenté des traversées maritimes mortelles dans 39 bateaux en mer d’Andaman et dans le golfe du Bengale en 2022.

Augmentation de 360% en 2022 des traversées maritimes de Rohingyas

« Cela représente une augmentation de 360% par rapport à l’année précédente, où quelque 700 personnes avaient effectué des voyages similaires », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, Shabia Mantoo, porte-parole du HCR.

La plupart des bateaux sont partis du Myanmar et du Bangladesh, soulignant le sentiment croissant de désespoir parmi les Rohingyas dans ces deux pays. Les personnes qui ont débarqué indiquent qu’elles ont entrepris ces dangereux voyages en mer afin de trouver protection, sécurité, regroupement familial et moyens de subsistance dans d’autres pays.

Parmi elles figurent des victimes de la traite, des enfants non accompagnés et séparés de leur famille, et des survivants de violences sexuelles et sexistes. Selon le HCR, plus de 3.000 individus ayant entrepris le voyage en mer ont débarqué en 2022, principalement au Myanmar, en Malaisie, en Indonésie et au Bangladesh.

Près de 45% des personnes qui ont débarqué étaient des femmes et des enfants.

Un bateau qui a transporté des réfugiés rohingyas à travers la mer d'Andaman reste ancré au large après que les réfugiés ont débarqué sur une plage à Aceh, en Indonésie, le 8 janvier 2023.
© HCR/Kenzie Eagan
Un bateau qui a transporté des réfugiés rohingyas à travers la mer d'Andaman reste ancré au large après que les réfugiés ont débarqué sur une plage à Aceh, en Indonésie, le 8 janvier 2023.

Des appels en détresse souvent ignorés

Au cours des deux derniers mois de 2022, quatre bateaux transportant plus de 450 Rohingyas ont débarqué à Aceh, en Indonésie. Un bateau transportant plus de 100 Rohingyas a été débarqué au Sri Lanka.

L’agence onusienne craint qu’un bateau ait coulé début décembre avec environ 180 personnes à bord. « Plusieurs bateaux partis en décembre étaient toujours en mer à la fin de l’année », a ajouté Mme Mantoo.

Dans le même temps, les appels lancés par le HCR aux autorités maritimes de la région pour qu’elles secourent et débarquent les personnes en détresse sont restés lettre morte, de nombreux bateaux étant à la dérive depuis des semaines.

Ces données préoccupantes interviennent à quelques semaines d’une rencontre du processus de Bali. Ce forum de dialogue politique, de partage d’informations et de coopération pour lutter contre le trafic de migrants, la traite des êtres humains et la criminalité transnationale connexe, tiendra sa 8e réunion ministérielle en février prochain.

Une crise de solidarité

Mais pour le HCR, la crise actuelle dans la baie du Bengale et la mer d’Andaman est une crise de solidarité. L’agence onusienne réitère donc son appel en faveur d’une recherche et d’un sauvetage rapides et d’un débarquement en temps voulu dans un lieu sûr, ainsi que d’un soutien aux pays où les réfugiés rohingyas sont débarqués.

« Nous appelons les pays à redoubler d’efforts pour empêcher le trafic et la traite des êtres humains », a fait valoir la porte-parole du HCR, relevant la nécessité de répartir la responsabilité humanitaire « plus équitablement » entre les pays de la région afin que les réponses en matière de protection soient prévisibles, équitables et durables.

Pour le HCR, la région et la communauté internationale doivent soutenir les efforts visant à s’attaquer aux causes profondes des déplacements au Myanmar. « Tant que ces causes ne seront pas résolues, les réfugiés continueront à entreprendre des voyages dangereux en quête de sécurité », a insisté Mme Mantoo.