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L’ONU appelle à ne pas oublier les Rohingyas, les donateurs promettent 600 millions de dollars

Une jeune fille rohingya tient son frère dans ses bras devant un club pour les jeunes à Cox's Bazar, au Bangladesh.
© HCR/Vincent Tremeau
Une jeune fille rohingya tient son frère dans ses bras devant un club pour les jeunes à Cox's Bazar, au Bangladesh.

L’ONU appelle à ne pas oublier les Rohingyas, les donateurs promettent 600 millions de dollars

Migrants et réfugiés

Lors d’une conférence de bailleurs de fonds, l’ONU a appelé, jeudi, à ne pas oublier les centaines de milliers de réfugiés rohingyas qui ont fui les persécutions au Myanmar et à renforcer les efforts pour trouver des solutions en faveurs de cette population.

« Plus de trois ans après que près de trois quarts de million de Rohingyas ont été contraints de fuir une violence brutale, ils ne peuvent toujours pas rentrer chez eux au Myanmar. C'est la plus grande communauté apatride au monde. Et la conférence d’aujourd’hui leur envoie un message, ainsi qu’aux communautés hôtes, leur disant que le monde ne les a pas oubliés », a déclaré le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock.

Cette conférence virtuelle était organisée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne pour répondre aux besoins humanitaires urgents des Rohingyas déracinés, à l’intérieur et à l’extérieur du Myanmar.

La réponse humanitaire est confrontée cette année à un grave problème de financement puisque moins de la moitié des fonds nécessaires ont été reçus à ce jour. En 2020, les Nations Unies ont lancé un appel de fonds de plus d’un milliard de dollars pour répondre aux besoins humanitaires des réfugiés rohingyas au Bangladesh. La propagation de la pandémie de Covid-19 a engendré de nouveaux défis et besoins qui viennent s’ajouter à une situation d’urgence déjà vaste et complexe.

Actuellement, 860.000 réfugiés rohingyas vivent dans les camps du district de Cox’s Bazar au Bangladesh. La plupart d’entre eux, environ 740.000, ont fui le Myanmar lors de la dernière crise de déplacement en 2017. Les autres pays de la région accueillent quelque 150.000 réfugiés rohingyas. On estime que 600.000 Rohingyas vivent dans l’État de Rakhine, au Myanmar.

600 millions de dollars annoncés

A l’issue de la conférence, les organisateurs ont indiqué dans un communiqué conjoint qu’environ 600 millions de dollars ont été annoncés par les bailleurs de fonds, venant s’ajouter aux 636 millions de dollars déjà promis. 

« Le retour volontaire, sûr, digne et durable des réfugiés rohingyas et de ceux qui sont déplacés à l'intérieur de leur pays vers leurs lieux d'origine ou de leur choix au Myanmar est la solution globale que nous recherchons », ont-ils ajouté.

Selon le HCR, l’UE, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pour résoudre la crise au Myanmar, le gouvernement de ce pays « doit prendre des mesures pour s'attaquer aux causes profondes de la violence et des déplacements dans l'État de Rakhine et créer les conditions d'un retour volontaire, sûr, digne et durable ». 

« Cela comprend la création d’une voie vers la citoyenneté et la liberté de mouvement pour les Rohingyas, guidée par les recommandations de la Commission consultative sur l’État de Rakhine et encouragée et soutenue par les pays de la région. Le Myanmar doit rendre justice aux victimes de violations des droits de l’homme et veiller à ce que les responsables rendent des comptes », ont-ils ajouté.

« Les causes profondes des souffrances du peuple rohingya, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Myanmar, ne peuvent être traitées que par les autorités du Myanmar », a souligné Mark Lowcock.

Rôle essentiel de l’éducation

La cheffe de l’UNICEF, Henrietta Fore, a souligné, pour sa part, le rôle essentiel de l'éducation pour permettre aux jeunes Rohingyas de se bâtir un avenir meilleur et de retourner un jour volontairement au Myanmar.

Elle a noté qu’en septembre 2019, près de 90% des enfants réfugiés rohingyas en âge d'aller à l'école primaire fréquentaient régulièrement un centre d'apprentissage.

« Alors que la Covid-19 a perturbé ces progrès et fermé tous les centres d'apprentissage dans les camps et les écoles du Bangladesh, l'UNICEF et nos partenaires font tout ce que nous pouvons pour dispenser une éducation à distance », a-t-elle dit. « À l'intérieur du Myanmar, bien que certains enfants rohingyas reçoivent encore une forme de soutien scolaire, la qualité et la continuité font défaut ». 

Elle a appelé les bailleurs de fonds à aider l’ONU à fournir une éducation durable à tous les enfants rohingyas, qu’il s’agisse d’une instruction formelle ou alternative, peu importe où ils vivent.