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Lutter contre la dégradation des terres peut permettre d’anticiper et de gérer les conflits

Un homme regarde l'Atlantique depuis les cotes de la Mauritanie, pays du Sahel, situé au sud du désert du Sahara
© PNUD Mauritania/Freya Morales
Un homme regarde l'Atlantique depuis les cotes de la Mauritanie, pays du Sahel, situé au sud du désert du Sahara

Lutter contre la dégradation des terres peut permettre d’anticiper et de gérer les conflits

Paix et sécurité

Pour aider à prévenir les conflits et en même temps protéger la planète, « nous devons tous lutter contre la dégradation de l'environnement », a déclaré, jeudi, un haut responsable de l'ONU devant le Conseil de sécurité.

Lors d'une séance d'information virtuelle sur l'impact humanitaire de la dégradation continue de l’environnement, la paix et la sécurité, le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD), Ibrahim Thiaw, a rappelé au Conseil que la protection de l'environnement était vitale pour « notre santé, notre richesse et notre bien-être ».

« Si nous évitons, réduisons et inversons la dégradation des terres de manière coordonnée, nous pouvons mieux prévenir, anticiper et gérer de nombreux conflits dans le monde », a-t-il affirmé.

Menaces changeantes

Le chef de la CNULD a souligné que les menaces d’aujourd’hui sont passées du conflit entre États à la violence qui est principalement du fait d’acteurs non-étatiques.

« Une évaluation des causes profondes de ces conflits montre qu'une grande partie a un lien avec l'environnement », a déclaré M. Thiaw, soulignant l'abondance des ressources naturelles qui peuvent être monétisées, telles que le pétrole, les minéraux et la faune ou « la rareté de la terre, de l’eau et de lavégétation ».

Il a noté que dans les terres arides, comme la région du Sahel en Afrique, la violence éclate souvent à cause de la concurrence pour la terre.

Les causes des conflits

Selon M. Thiaw, la dégradation des écosystèmes, la concurrence des ressources ou la répartition inéquitable des avantages accroissent également la vulnérabilité et augmentent le risque de conflit.

Cependant, a-t-il attesté, la coopération environnementale peut « accroître la capacité de gestion, de prévention et de rétablissement des conflits ».

Il a déclaré que les problèmes de sécurité ne se limitaient pas aux conflits violents, mais incluaient également « des moyens de subsistance durables, la santé et le bien-être ».

Le chef de la CNULD a affirmé que la migration des zones rurales vers les zones urbaines en raison de la sécheresse et de la désertification était en outre responsable de différents types de violences.

« Les griefs contre le gouvernement peuvent augmenter lorsque les résultats agricoles sont déprimés par la sécheresse et la migration induite », a-t-il dit, à titre d'exemple.

Les risques dépassent les solutions

Dans le contexte où le monde dépend d’écosystèmes enracinés dans le sol, M. Thiaw a déclaré que l’économie était influencée par la santé de la terre, qui « catalysait l’impact de la dégradation de l’environnement sur la paix, la sécurité et la stabilité ».

Il a expliqué que la capacité du monde à faire face aux risques de sécurité induits par le changement climatique et la dégradation de l’environnement ne suivait pas le rythme de l’évolution du panorama des menaces.

La réduction des risques pour la sécurité environnementale doit se concentrer sur « le maintien de l’écosystème vital de la planète, générant de l’eau, de la nourriture et de l’air pur » et sur l’amélioration de « la gouvernance des ressources et la résilience sociale aux chocs et aux stress liés aux ressources naturelles », a déclaré M. Thiaw.

Il a souligné que la protection des terres pourrait déclencher un vaste cycle de paix, de stabilité et de rétablissement de l’écosystème, qui produit « une boucle de rétroaction constructive allant bien au-delà d’un choix initial de protection de l’environnement ».

La corde raide de la survie

S’exprimant également devant le Conseil, Peter Maurer, le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a précisé que « de la région du Sahel et du lac Tchad aux zones de guerre du monde entier, des millions de personnes souffrent en première ligne de la dégradation de l'environnement, du changement climatique et des conflits ».

M. Maurer a souligné que la paix et la sécurité ne seraient pas établies en se concentrant uniquement sur les mesures militaires et de sécurité pour enrayer les conflits et la violence.

« Nous devons veiller à ce que les plus exposés soient des priorités urgentes », a déclaré le chef du CICR, ajoutant que la construction et la protection des communautés résilientes contre la violence sont « essentielles ».

Voix de la jeunesse

S'adressant également à la réunion, Inna Modja, ambassadrice de la Terre et militante environnementale, a déclaré que la migration forcée augmentait, poussant de nombreuses personnes à fuir la vaste région du Sahel, qui s'étend d'ouest en est à travers l'Afrique.

Elle a encouragé le Conseil à investir dans les « jeunes et les femmes » de la région en tant qu’« agents de changement » majeurs.