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Haïti : aucun cas confirmé de choléra depuis un an, se félicite l’OMS

Le quartier Delmas 32, à Port au Prince, est l'un des plus pauvres d’Haïti.
Banque mondiale/Dominic Chavez
Le quartier Delmas 32, à Port au Prince, est l'un des plus pauvres d’Haïti.

Haïti : aucun cas confirmé de choléra depuis un an, se félicite l’OMS

Santé

Depuis un an, aucun cas confirmé de choléra n’a été enregistré en Haïti, a annoncé jeudi l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) – le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – dans un communiqué.

L'épidémie de choléra dans ce pays des Caraïbes avait commencé en octobre 2010, affectant plus de 820.000 personnes et tuant 9.792 individus.

L’absence de nouveau cas confirmé de choléra depuis un an est le résultat des efforts concertés d'Haïti, de l’OPS et d'autres organismes partenaires pour s'attaquer aux causes profondes du choléra. Des efforts qui se sont notamment traduits par une surveillance accrue afin de détecter et réagir aux flambées possibles, la mise en œuvre d'initiatives de diagnostic rapide et le traitement des cas avec une réhydratation et des soins adéquats.

Le choléra « tue les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables - celles qui n'ont pas accès à l'eau potable et à l'assainissement », a déclaré la Directrice de l'OPS, Carissa F. Etienne. « La mort par le choléra est évitable avec les outils dont nous disposons aujourd'hui, mais pour nous assurer que le choléra reste un souvenir lointain, nous devons également accélérer les investissements dans l'eau potable et un assainissement adéquat en Haïti ».

Le dernier cas confirmé en janvier 2019

Le dernier cas confirmé de choléra a été signalé à L'Estère dans le département de l'Artibonite (nord du pays) au cours de la dernière semaine de janvier 2019. Il s'agissait d'un garçon de moins de 5 ans, admis à l'hôpital le 24 janvier 2019 mais qui s'est rétabli peu de temps après.

La détection et les tests rapides sont essentiels pour contrôler les épidémies. L'OPS et le projet Labo Moto du ministère haïtien de la Santé, qui permet aux infirmières sur le terrain de transporter rapidement des échantillons des centres de traitement aux laboratoires par motos, ont permis de faire passer les tests de cas suspects de 21% en 2017 à 95% en 2019.

Labo Moto fait partie d'une stratégie en trois étapes visant à garantir que tous les cas suspects provenant de zones à haut risque soient testés ; qu'un échantillonnage aléatoire des patients souffrant de diarrhée soit mis en œuvre dans toutes les régions du pays; et que la surveillance basée sur les rumeurs soit également effectuée par des épidémiologistes.

L'OPS a également aidé Haïti à équiper les cliniques de santé primaire de personnel qualifié capable de répondre rapidement et de gérer les cas ; et dans la mise en œuvre des programmes de vaccination contre le choléra. Par exemple, plus de 900.000 personnes ont été vaccinées après l'ouragan Matthew en 2016.

Vers l'élimination du choléra

Malgré les progrès, Haïti reste derrière le reste des pays d'Amérique latine et des Caraïbes en termes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Plus d'un tiers de la population (35%) ne dispose pas de services d'eau potable de base et les deux tiers (65%) ont peu ou pas de services d'assainissement. C'est bien en dessous de la moyenne régionale respectivement situé à 3% pour l’Amérique latine et 13% pour les Caraibes. 

« Alors que le choléra est sous contrôle pour l'instant, nous devons collectivement rester vigilants et être prêts à maintenir ce statut et à vérifier son élimination. Ce n'est que lorsque nous nous assurerons que tous les Haïtiens auront accès à l'eau potable et à l'assainissement que nous pourrons respirer plus librement », a dit le Dr Etienne.

Afin de mettre fin au choléra en Haïti et de recevoir la validation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'élimination de la maladie, le pays doit maintenir des systèmes de surveillance efficaces et rester exempt du choléra pendant deux années supplémentaires, soit un total de trois ans.

La détection précoce et la réponse à d'éventuelles flambées doivent également se poursuivre et la fourniture d'eau potable et d'assainissement pour tous les Haïtiens est essentiel pour prévenir la transmission du choléra et d'autres maladies d'origine hydrique à long terme, souligne l’OPS.