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République centrafricaine : l’envoyé de l'ONU sollicite un mandat adéquat pour accompagner les élections de 2020

Des hommes brandissent le drapeau de la République centrafricaine (archive)
MINUSCA
Des hommes brandissent le drapeau de la République centrafricaine (archive)

République centrafricaine : l’envoyé de l'ONU sollicite un mandat adéquat pour accompagner les élections de 2020

Paix et sécurité

L’année 2019 s’est ouverte avec l’espoir d’une nouvelle ère pour le peuple centrafricain avec l’accord de paix négocié à Khartoum, a affirmé vendredi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial de l’ONU pour la République centrafricaine. 

A quelques jours de l’arrivée à expiration du mandat de la Mission de l’ONU dans ce pays (MINUSCA), Mankeur Ndiaye a signalé que la mise en œuvre de l’accord de paix a connu des avancées.

Il a cité la mise en place des mécanismes de suivi et des unités spéciales mixtes qui comprennent des membres des groupes armés, le désarmement des groupes armés, les consultations nationales pour la création de la future Commission vérité, justice, réparation et réconciliation, et le lancement de plus de 400 projets de développement socioéconomique.

« À Bossangoa par exemple, les réunions du Comité de mise en oeuvre préfectoral ont favorisé le retour en ville des habitants musulmans qui peuvent désormais circuler librement pour la première fois depuis les évènements tragiques de 2013 », a mis en exergue le Représentant spécial.

« En dépit de ces progrès, d’importants défis demeurent, défis qui, reconnaissons-le, entravent lourdement nos efforts collectifs de stabilisation de la RCA », a toutefois souligné M. Ndiaye, évoquant « la situation tendue qui persiste dans le nord-est du pays depuis juillet », qui a entrainé le déplacement de plusieurs milliers de personnes.

Le chef de la MINUSCA s’est également inquiété des autres défis qui menacent les efforts de paix dans le pays, notamment « les risques de violences liées à la transhumance qui va commencer avec l’arrivée de la saison sèche, la persistance de taxations illégales, la radicalisation du discours politique par certains acteurs, et, dans une moindre mesure, les retards accumulés dans l’adoption de certains projets de lois prévus par l’accord de paix ». 

Il a rassuré les membres du Conseil de sécurité sur le fait que la MINUSCA, « conformément à son mandat », continuera à apporter aux parties signataires tout son appui politique et technique, et n’hésitera pas également à adopter une posture robuste face à ceux qui menacent les populations civiles, tel qu’elle l’a démontré dans le cadre de l’Opération Anvil dans l’ouest du pays.

2020, année électorale

Le chef de la mission de paix a souligné que le contexte de mise en œuvre du prochain mandat de la MINUSCA serait « non seulement dominé par la poursuite de l’appui à la mise en œuvre de l’accord de paix du 6 février, mais également par la préparation des élections présidentielle et législatives de 2020-2021 ».

La tenue des élections aux dates prévues reste menacée par l’insuffisance des ressources techniques, financières et humaines

Il s’est félicité des préparatifs en cours pour la tenue de ces élections, y compris l’adoption d’un nouveau code électoral, et la préparation de la cartographie des électeurs qui permettra ensuite leur enregistrement en janvier 2020.

« Malgré ces pas encourageants, la tenue des élections aux dates prévues reste menacée par l’insuffisance des ressources techniques, financières et humaines », a averti Mankeur Ndiaye.

Selon le Représentant spécial du Secrétaire général pour la RCA, le manque de ressources financières, l’absence d’un mandat approprié de la MINUSCA et la persistance de l’insécurité suscitent des appréhensions au sein d’une partie de la classe politique centrafricaine quant à la faisabilité de ces élections sur l’ensemble du territoire et dans les délais de la Constitution.

« Il est vrai qu’un sérieux retard dans la tenue des prochaines élections pourrait créer une situation de vacance au sommet de l’Etat et conduire à une nouvelle transition politique que certains appellent de leurs vœux, mais qui serait, j’en suis convaincu, dommageable pour la consolidation de la démocratie et de la paix en RCA », a-t-il dit.

M. Ndiaye a estimé important que la « la communauté internationale se mobilise afin que ces consultations se déroulent selon le calendrier prévu, de manière libre, inclusive et équitable sur l’ensemble du territoire ».

« Je sollicite donc du Conseil de sécurité, tel que recommandé par le Secrétaire général dans son rapport, un mandat approprié pour la MINUSCA afin qu’elle puisse fournir le soutien technique, logistique, sécuritaire et opérationnel nécessaire à la tenue des élections dans le respect des délais constitutionnels », a plaidé le chef la MINUSCA devant les membres du Conseil, avant de lancer un appel aux pays de la région pour que ceux-ci apportent leur appui indispensable « pour traduire le rêve de paix, de prospérité et de développement des Centrafricains en une réalité durable ».