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Syrie : l’ONU s’inquiète de la perspective de nouveaux combats dans le nord-est et de leur impact humanitaire

Syrie, gouvernorat d'Al-Hasakah, le 11 octobre 2019 : des femmes déplacées par la reprise des combats, voyagent assises au-dessus d'une camionnette
PAM/Alan Ali
Syrie, gouvernorat d'Al-Hasakah, le 11 octobre 2019 : des femmes déplacées par la reprise des combats, voyagent assises au-dessus d'une camionnette

Syrie : l’ONU s’inquiète de la perspective de nouveaux combats dans le nord-est et de leur impact humanitaire

Aide humanitaire

L’offensive turque dans le nord-est de la Syrie a eu de graves conséquences humanitaires et de nouvelles hostilités risquent d’entraîner de nouveaux déplacements de populations, a déclaré jeudi la cheffe adjointe de l’humanitaire des Nations Unies, Ursula Mueller, devant le Conseil de sécurité.

« L'opération militaire a eu de graves répercussions sur la situation humanitaire. Le gouvernement turc a assuré à l'ONU que tout était mis en œuvre pour assurer la protection des civils et des infrastructures dont ils dépendent », a-t-elle expliqué devant les membres du Conseil.

Les hostilités dans le nord-est de la Syrie ont provoqué d'importants mouvements de populations. Au cours des deux dernières semaines, près de 180.000 personnes, dont près de 80.000 enfants, ont fui vers le sud des zones frontalières entre la Turquie et la Syrie. La plupart sont hébergés chez des amis et des membres de leur famille, d'autres dans des camps de déplacés ou des abris collectifs.

Alors que les combats se sont apaisés dans certaines zones ces derniers jours, certaines des personnes déplacées ont commencé à rentrer. Plus de 10.000 personnes ont fui en Iraq depuis le début des opérations militaires dans le nord-est.

« L'ONU reste profondément préoccupée par la perspective de nouvelles hostilités le long de la frontière turco-syrienne et par les conséquences pour les civils, notamment de nouveaux déplacements de populations », a dit Ursula Mueller.

Les hostilités dans le nord-est de la Syrie ont aggravé une situation humanitaire déjà dramatique. Sur les 3 millions d'habitants du nord-est, 1,8 million avaient déjà besoin d'une forme d'assistance humanitaire avant les récents développements. Environ 710.000 personnes étaient déplacées.

« Les acteurs humanitaires continuent de faire leur possible malgré les graves problèmes rencontrés sur le terrain », a expliqué la cheffe adjointe de l’humanitaire de l’ONU. De nombreuses organisations ont dû évacuer ou déplacer du personnel international. Certaines ont dû temporairement limiter ou suspendre leurs opérations.

« À mesure que la situation évolue, les acteurs humanitaires doivent faire face à un défi crucial : la nécessité d'intensifier les opérations en Syrie. Pour y parvenir, il faut que toutes les parties concernées facilitent un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave via des routes terrestres et aériennes au transport de fournitures humanitaires, ainsi qu'un renforcement des capacités humanitaires dans le nord-est », a dit Mme Mueller.

Situation toujours difficile dans le nord-ouest

S’agissant de la situation dans le nord-ouest de la Syrie, la responsable onusienne a rappelé qu’environ 3 millions de personnes vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans la zone de désescalade d’Idlib.

Environ 2,1 millions de personnes dépendent de l'aide humanitaire et 1,6 million sont déplacées, nombre d'entre elles ayant été contraintes de se déplacer plusieurs fois à la recherche de la sécurité.

« Les hostilités dans le nord-ouest se sont apaisées à la suite de l'annonce d'un cessez-le-feu le 30 août, mais des signes inquiétants d'insécurité subsistent. Il y a cependant eu récemment des rapports faisant état d'une hausse des hostilités », a souligné Mme Mueller.

Quant à la situation dans le camp de Rukban, à la frontière syro-jordanienne, celle-ci reste critique. Après la mission qui a fourni de l'aide à 15.000 personnes début septembre, une deuxième mission conjointe des Nations Unies et du Croissant-Rouge arabe syrien, fin septembre, a fourni une aide supplémentaire et a permis le départ volontaire de 329 personnes vers des abris collectifs à Homs. Une autre mission visant à assurer le transport de ceux qui souhaitent partir est prévue pour bientôt, dans l'attente des garanties de sécurité de toutes les parties, a précisé Mme Mueller.