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Limiter le réchauffement planétaire, c’est possible, déclare António Guterres aux Fidji

Le pays insulaire de faible altitude, Tuvalu, dans l'océan Pacifique, est particulièrement sensible à l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique.
PNUD Tuvalu/Aurélia Rusek
Le pays insulaire de faible altitude, Tuvalu, dans l'océan Pacifique, est particulièrement sensible à l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique.

Limiter le réchauffement planétaire, c’est possible, déclare António Guterres aux Fidji

Climat et environnement

Le Secrétaire général des Nations Unies a poursuivi sa tournée dans les îles du Pacifique mercredi et salué le rôle exemplaire joué par la région dans la lutte contre le changement climatique. 

« Les États insulaires du Pacifique ont l'autorité morale de dire au monde que le changement climatique doit être inversé, car les États insulaires du Pacifique donnent l'exemple », a déclaré António Guterres à l’issue du Forum politique de haut niveau des îles du Pacifique, à Suva, aux Fidji.

« Malgré toutes les difficultés - le manque de ressources, l'isolement, les distances - la vérité est que les États insulaires du Pacifique non seulement renforcent leur résilience et investissent dans l'adaptation pour protéger leurs citoyens, leurs communautés et leur culture afin de protéger leur environnement, mais ils se fixent des objectifs très ambitieux en termes d'atténuation », a salué M. Guterres.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse au Forum des îles du Pacifique aux Fidji le 15 mai 2019.
Photo : ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse au Forum des îles du Pacifique aux Fidji le 15 mai 2019.

Une région en première ligne de la lutte contre le changement climatique

Pour le chef de l’ONU, les îles du Pacifique sont « en première ligne » de la lutte contre le changement climatique. Elles subissent notamment l'élévation du niveau de la mer, qui est jusqu'à quatre fois plus élevée que dans d'autres parties du monde, menaçant l'existence même de nombreux États insulaires.

« Les dégâts causés récemment par les cyclones tropicaux Gita, Josie et Keni, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre dans la région, ainsi que d'autres phénomènes météorologiques extrêmes, nous donnent de nombreuses preuves de leur vulnérabilité », a déclaré António Guterres. « Le changement climatique va aggraver encore ces risques ».

C'est « un danger pour la paix et la sécurité internationale » qui s'étend au-delà de la région, a-t-il ajouté, soulignant que les stratèges militaires voient clairement comment l'impact du changement climatique va accroître les tensions sur les ressources et les mouvements massifs de personnes à travers le monde.

« Les côtes devenant inhabitables, les gens chercheront la sécurité et la possibilité d'avoir une vie meilleure ailleurs », a-t-il prédit. En 2016, plus de 24 millions de personnes dans 118 pays ont été déplacées par des catastrophes naturelles, soit trois fois plus que celles déplacées par des conflits.

Plus grave encore, le chef de l'ONU a averti que si le réchauffement atteignait 2 degrés Celsius ou plus, ce serait une catastrophe à la fois sur terre et en mer, pour les animaux et les hommes. La sécurité alimentaire diminuerait et la croissance économique en souffrirait.

Pourtant, les émissions de carbone atteignent des niveaux records et ne semblent pas près d'atteindre leur pic.

Les océans se réchauffent et deviennent plus acides

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Le changement climatique menace le bien-être des océans et des mers du monde, qui sont essentiels aux économies et aux traditions du Pacifique. « Les océans se réchauffent et deviennent plus acides, ce qui provoque le blanchissement des coraux et réduit la biodiversité  », a déclaré le chef de l'ONU.

Les mers et la vie marine sont également attaquées d'autres manières. António Guterres a dressé un tableau de la surpêche, des déserts sous-marins, sans oxygène, des mers remplies de poison et de déchets, et des espèces en voie d'extinction en quelques décennies.

« Chaque année, plus de huit millions de tonnes de déchets plastiques nocifs finissent dans l'océan. Selon une étude récente, le plastique pourrait l'emporter sur le poisson dans nos mers d'ici 2050 », a déploré le Secrétaire général.

Alors que de nombreux pays rejettent enfin le plastique à usage unique , le chef de l'ONU a appelé à « faire encore plus » pour faire face aux niveaux insoutenables de stress sur les écosystèmes marins et côtiers.

Il a félicité les pays du Pacifique d'avoir assuré l'adoption de l'Objectif de développement durable (SDG) 14 pour la conservation et l'utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines. Il a noté que son Envoyé spécial pour les océans, Peter Thomson, des Fidji, défend les ODD et les résultats de la Conférence des Nations Unies sur les océans.

Transition vers une économie verte

Le chef de l'ONU a déclaré qu'il fallait « faire encore plus pour résoudre les conflits d'intérêts entre l'industrie, la pêche, le transport maritime, l'exploitation minière et le tourisme » qui nuisent à l'environnement.

Il a évoqué le prochain Sommet sur le climat, qu'il a convoqué pour septembre à New York, pour lequel il a demandé aux dirigeants du monde entier d'adopter des plans et non des mots. « Le Sommet présentera des initiatives dans des secteurs clés tels que l'énergie, la mobilité, l'agriculture et les océans », a déclaré le Secrétaire général, qui a répété sa recette pour réaliser la transition économique nécessaire pour enrayer le changement climatique :

- Mettre fin aux subventions pour les combustibles fossiles et passer aux énergies renouvelables, aux véhicules électriques et aux pratiques respectueuses du climat.

- Taxer le carbone pour refléter le coût réel des émissions.

- Accélérer la fermeture des centrales au charbon d'ici 2020 et remplacer les emplois vacants par des solutions plus saines.

De cette façon, la transition économique sera équitable, inclusive et profitable.

Des panneaux solaires au Mali.
Photo : Banque mondiale / Curt Carnemark
Des panneaux solaires au Mali.

Limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius : c’est possible

António Guterres a déploré le retard dans la lutte contre le changement climatique et l’objectif de limiter la croissance des températures à 1,5 degré Celsius d'ici la fin du siècle.

« La communauté scientifique a établi que pour atteindre l’objectif, nous devons avoir zéro émission nette en 2050. Le monde n’est pas sur la bonne voie pour y arriver. Les îles du Pacifique le sont, mais le monde ne l'est pas », a affirmé le chef de l’ONU.

Selon lui il est important de « dire à ceux qui disent que cet objectif n'est pas possible, ou qu'il est trop ambitieux, et qu'ils n'ont pas la capacité de relever tous les défis de transformation nécessaires, dans les domaines de l'énergie, de l'industrie, de l'agriculture ou de la mobilité… que l’objectif de 1,5 degré est réalisable » et « que l'objectif de neutralité carbone en 2050 est possible ».

« Ce qu’il faut c’est de la volonté politique… Ce qu'il faut, surtout de la part de ceux qui contribuent le plus aux changements climatiques, c'est la même détermination que j'ai vue au cours de cette réunion », a conclu le Secrétaire général de l’ONU.