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Libye : 1.900 personnes expulsées d’un site pour déplacés à Tripoli par des milices (HCR)

Sur cette photo, une femme tawargha devant sa maison qui a été détruite pendant la nuit par une milice locale sur le site de Triq al Matar, à Tripoli, en Libye.
Photo HCR/Tarik Argaz
Sur cette photo, une femme tawargha devant sa maison qui a été détruite pendant la nuit par une milice locale sur le site de Triq al Matar, à Tripoli, en Libye.

Libye : 1.900 personnes expulsées d’un site pour déplacés à Tripoli par des milices (HCR)

Aide humanitaire

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit préoccupé par l'expulsion forcée de 1.900 personnes déplacées internes d’un quartier de la capitale libyenne, Tripoli.

« Selon les résidents, une milice locale a contraint toute la population de Triq al matar à fuir leurs domiciles la semaine dernière, après trois nuits de raids aveugles et l'arrestation arbitraire de 94 résidents, dont 12 restent détenus par la milice dans de sombres conditions », a déclaré William Spindler, porte-parole pour le HCR, lors d’un point de presse à Genève.

Certaines femmes et filles ont été menacées de viol et les personnes déplacées ont dû fuir leurs domiciles immédiatement, emportant seulement quelques biens.

Avant cette éviction, Triq al matar était le plus grand site de personnes déplacées de Tripoli, abritant 370 familles originaires de la ville de Tawergha depuis sa création en 2011.

Les déplacés expulsés de Triq al matar sont à présent dispersés et vivent dans différents endroits où elles ont des parents ou des connaissances, y compris d’autres sites de personnes déplacées. Les familles qui ont des voitures « dorment maintenant dedans », a déclaré M. Spinder,

Le HCR est préoccupé par le fait que les personnes déplacées qui se rendent vers d'autres zones d'installation à Tripoli risquent d'être expulsées.

« Le HCR appelle au respect des droits de l'homme, à la protection des civils et au droit des personnes déplacées de décider de leur propre avenir », a souligné M. Spindler, soulignant que l’agence onusienne suit de près la situation et est en liaison avec toutes les parties pour veiller à ce que les principaux besoins des personnes déplacées soient satisfaits et que toute éviction future soit évitée.

Composée d’environ 40.000 personnes, la minorité ethnique de Tawergha a été contrainte de fuir en 2011. La majorité d'entre elles ont cherché refuge dans des sites informels autour de Tripoli ou de Benghazi. Déplacées à l'intérieur de leur pays depuis sept ans, elles attendent de rentrer chez elles après qu’un accord récent entre les parties concernées a été conclu.

 « Tout ce que je peux dire, c'est qu'elles ont fait l'objet de poursuites et de discrimination et qu'elles ont été empêchées jusqu'à présent de retourner dans leur ville d'origine », a ajouté M. Spindler. « Bien que maintenant il y ait des mouvements qui semblent ouvrir la voie à un retour, nous espérons que cela sera bientôt le cas ».

L’expulsion de Triq al matar intervient dans un contexte de luttes entre factions en Libye, une instabilité généralisée et une crise humanitaire et économique, malgré les efforts de la communauté internationale pour fournir une plate-forme aux accords de réconciliation entre les parties belligérantes.

« Le problème, comme vous le savez en Libye, est qu'il y a un grand nombre d'autorités concurrentes et de milices ayant des allégeances différentes », a déclaré M. Spindler. « Cela complique donc le problème et rend très difficile la protection des déplacés et d’autres personnes ».

En Libye, environ 192.000 personnes déplacées vivent dans des conditions difficiles depuis plusieurs années, selon le HCR. L'agence onusienne appelle à des solutions urgentes pour mettre fin aux souffrances de ces déplacés et leur permettre de rentrer chez eux de manière volontaire, sûre et digne.