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A Gaza, la détérioration de la situation humanitaire compromet l’éducation des enfants (OCHA)

Le 20 avril 2016, à Gaza, une élève dans une salle de classe détruite pendant les hostilités de 2014.
Photo UNICEF/UN032401/El Baba
Le 20 avril 2016, à Gaza, une élève dans une salle de classe détruite pendant les hostilités de 2014.

A Gaza, la détérioration de la situation humanitaire compromet l’éducation des enfants (OCHA)

Culture et éducation

Dans la bande de Gaza, les onze années de blocus, les conflits récurrents et l’absence concrète de réconciliation inter-palestinienne affectent le bien-être psychosocial des enfants et de leurs enseignants, a alerté jeudi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Dans ce territoire palestinien, les dommages et les destructions causés aux infrastructures éducatives par les conflits ont eu un impact négatif sur le système éducatif. Par ailleurs, les coupures permanentes d'électricité et son rationnement, de mauvaises conditions de logement et de vie, et des privations économiques sont autant de facteurs qui handicapent les élèves dans leur épanouissement et réussite scolaires.

Plus de 450.000 élèves et enseignants sont identifiés comme « personnes dans le besoin » dans le Plan d'intervention humanitaire de 2018 de l’ONU pour Gaza.

« Environ 50% des élèves (âgés de 5 à 17 ans) n'atteignent pas leur plein potentiel éducatif, ce qui signifie que l'impact psychologique des hostilités a entraîné une détérioration des résultats d'apprentissage et des difficultés de lecture et d'écriture », a précisé OCHA dans un communiqué de presse.

A Gaza, les écoles sont chroniquement débordées : 70% des écoles de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient) et 63% des écoles gérées par le ministère de l'éducation fonctionnent selon un système de double vacation. Une situation qui a entraîné une réduction des heures d'enseignement pour les matières fondamentales et l'apprentissage de base ainsi que des difficultés pour les étudiants qui ont du mal à se concentrer sur leurs études et sont aussi confrontés à des niveaux intenses de violences.

Le travail des enseignants affecté par les divisions internes palestiniennes

Riyad Lubbad est le directeur de l'école secondaire pour garçons Al-Karmil – un établissement scolaire où étudient 950 élèves et qui emploie environ 50 personnes. « Nous souffrons tous de la situation économique et du manque d'électricité, ce qui a un impact négatif sur la réussite scolaire des élèves », a dit M. Lubbad qui dirige son école depuis 2006. « Certains élèves manquent l'école pour travailler tandis que d'autres travaillent après l'école la nuit pour soutenir leurs familles ».

La semaine dernière, 45 élèves de l'école Al-Karmil ont remporté les premières places dans un certain nombre de concours scolaires. « Mais malheureusement nous ne pouvions pas nous permettre de les récompenser, nous pouvions seulement leur imprimer des certificats », a déploré M. Lubbad dont l’établissement continue de fonctionner grâce à la contribution des parents et des enseignants.

Après la prise de Gaza par le Hamas en 2007, des milliers de fonctionnaires payés par l'Autorité palestinienne à Ramallah ont été forcés par elle d'arrêter de travailler ou ont été remplacés par des fonctionnaires recrutés par les autorités de Gaza.

Des centaines de projets gouvernementaux à Gaza ont été arrêtés et le budget de l'Autorité palestinienne pour les branches des ministères de Gaza, y compris celui de l’éducation a été réduit. Les enseignants n’ont pas été épargnés.

Dans le cadre du processus de réconciliation inter-palestinien signé en octobre 2017, 1.200 employés du ministère de l’éducation sont retournés au travail, dont 800 enseignants, mais le ministère a indiqué qu'il était impératif de recruter 231 nouveaux enseignants pour l'année scolaire 2017/18 afin de combler les pénuries de personnel.

Don de 1,5 million de dollars de la Suisse au PAM

De son côté, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a annoncé jeudi que le gouvernement suisse lui a accordé une contribution d’environ 1,5 million de dollars pour ses activités en Palestine.

Versé par l'intermédiaire de la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC), le financement permettra au PAM de répondre aux besoins alimentaires et de soutenir les moyens de subsistance de 65.000 Palestiniens pendant un mois et demi.

La majorité des bénéficiaires palestiniens seront des femmes et des enfants de Gaza qui luttent pour joindre les deux bouts en raison de la grave crise humanitaire qui les frappent.

Face aux financements limités, la capacité du PAM à fournir une assistance continue à toutes les personnes gravement touchées par l'insécurité alimentaire et confrontées à une grande pauvreté est remise en question. À Gaza en particulier, l'aide alimentaire représente un important filet de sécurité pour ceux dont les conditions socio-économiques continuent de s'aggraver.