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Bassin du lac Tchad : il faut profiter de la reconquête de territoires sur Boko Haram pour développer la région (ONU)

Une famille ayant fui le nord-est du Nigéria à cause de l'insurrection de Boko Haram pour trouver refuge au Niger.
Photo OCHA/Franck Kuwonu
Une famille ayant fui le nord-est du Nigéria à cause de l'insurrection de Boko Haram pour trouver refuge au Niger.

Bassin du lac Tchad : il faut profiter de la reconquête de territoires sur Boko Haram pour développer la région (ONU)

Paix et sécurité

La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina J. Mohammed, a estimé jeudi devant le Conseil de sécurité qu’il fallait profiter de la reconquête de territoires sur le groupe terroriste Boko Haram dans la région du Bassin du lac Tchad pour travailler au développement durable de cette région.

Mme Mohammed, qui s’exprimait par visioconférence depuis Monrovia, où elle assistait aux cérémonies de clôture de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), a fait état de « progrès considérables » dans la lutte contre Boko Haram et s’est en particulier félicitée que 105 des jeunes filles enlevées le 19 février dernier aient été rendues récemment à leur famille.

Selon elle, les violations des droits humains restent une source de préoccupation dans la région. Elle a insisté sur la lutte contre le terrorisme mais aussi sur l’importance de la participation des femmes au processus de paix dans la région.

Trop de filles et de femmes continuent de faire l’objet de violences sexuelles et sexistes et d’autres violations de leurs droits, a poursuivi Mme Mohammed, qui a rappelé que Boko Haram avait enlevé plus de 4.000 jeunes filles ces dernières années et que celles qui étaient rendues à leur famille faisaient souvent l’objet de discriminations. Elle a également rappelé que les jeunes filles avaient souvent été utilisées par le groupe terroriste pour commettre des attentats.

Une situation humanitaire toujours catastrophique

La situation humanitaire dans la région du Bassin du lac Tchad reste catastrophique, a déclaré la Vice-Secrétaire générale. On compte notamment 1,6 million de personnes déplacées dans le nord-est du Nigéria, ainsi que 236.000 personnes déplacées dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, où se trouvent aussi 89.000 réfugiés nigérians.

L’assistance humanitaire s’est beaucoup améliorée et la mobilisation internationale a permis d’éviter une famine dans la région. Mme Mohammed a fait état de 3,9 millions de personnes en état d’insécurité alimentaire, contre 5,1 millions l’an dernier, tout en avertissant que le chiffre risquait de monter jusqu’à 5,9 millions au mois de juin prochain.

La Vice-Secrétaire générale a appelé les États membres à contribuer activement au plan d’action humanitaire pour le nord-est du Nigéria lancé le 8 février par l’ONU, qui vise à recueillir 1,05 milliard de dollars pour venir en aide à 6,1 millions de personnes.

Les Nations Unies continuent en outre d’apporter leur soutien aux gouvernements de la région pour renforcer la résilience et lutter contre les causes profondes de la crise, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale. Pour Mme Mohammed, la reconstitution de l’écosystème du lac Tchad est ainsi essentielle et la conférence d’Abuja du mois dernier en ce sens a été un succès.

Les opérations militaires ont des limites, a affirmé la Vice-Secrétaire générale, qui a conclu en rappelant l’importance d’assurer le développement durable de toute la région du Bassin du lac Tchad.