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Des réfugiés soudanais font la queue pour recevoir de la nourriture à Adre, près de la frontière du Tchad avec le Soudan.

Tchad : le HCR demande un soutien urgent face à l’afflux des réfugiés soudanais

© HCR/Nicolo Filippo Rosso
Des réfugiés soudanais font la queue pour recevoir de la nourriture à Adre, près de la frontière du Tchad avec le Soudan.

Tchad : le HCR demande un soutien urgent face à l’afflux des réfugiés soudanais

Paix et sécurité

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) appelle à un soutien international urgent pour les réfugiés soudanais alors que la crise humanitaire dans l’est du Tchad atteint un point « critique ».

Depuis avril 2023, le conflit au Soudan a forcé plus de 600.000 réfugiés et 180.000 rapatriés tchadiens, dont une grande majorité de femmes et d’enfants, à fuir vers le Tchad, avec plus de 115.000 arrivées depuis le début de l’année 2024.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), cet afflux ne montre aucun signe de ralentissement, avec une moyenne de 630 personnes traversant la frontière d’Adré chaque jour au cours du mois dernier. Ces personnes fuient pour sauver leur vie d'une guerre dévastatrice qui provoque des conditions proches de la famine au Soudan.

« Avec un nombre croissant de réfugiés soudanais dans les zones frontalières, des problèmes de santé de plus en plus importants, une escalade des incidents de sécurité et l’imminence de la saison des pluies, une action immédiate est nécessaire », a déclaré depuis la capitale tchadienne, N'Djamena, la Représentante du HCR au Tchad, Laura Lo Castro, lors d’un point de presse régulier de l’ONU  Genève.

Nouvel afflux de réfugiés avec l’intensification des combats au Darfour

Cette alerte du HCR intervient alors que la situation d’urgence complexe au Tchad est aggravée par l’intensification des combats dans la région du Darfour au Soudan. Malgré les efforts inlassables des agences des Nations Unies et de leurs partenaires pour soutenir la réponse d’urgence du gouvernement, la situation se détériore rapidement.

Le risque de nouveaux déplacements reste élevé car les combats se poursuivent dans la ville d’El Fasher et dans les localités rurales qui l’entourent dans le nord du Darfour. 

« Des rapports font également état de pillages généralisés et d’incendies de villages, ainsi que d’une famine imminente au Soudan qui devrait pousser encore plus de réfugiés vers le Tchad », a ajouté Mme Lo Castro.

Une récente mission de surveillance conjointe d’un partenaire gouvernemental et du HCR au point d’entrée frontalier de Tine à Wadi Fira a confirmé 300 nouvelles arrivées au cours des dernières semaines, avec des réfugiés rapportant des voyages éprouvants allant jusqu’à 15 jours pour échapper aux milices au Soudan.

Des réfugiés soudanais arrivent dans un site inondé à Adré, au Tchad.
© UNHCR/Jutta Seidel
Des réfugiés soudanais arrivent dans un site inondé à Adré, au Tchad.

Nouveau site et relocalisation des réfugiés de la frontière

Dans ce contexte, le gouvernement tchadien a demandé d’urgence au HCR et à ses partenaires d’accélérer la réinstallation des nouveaux arrivants loin des zones frontalières, en particulier à Adré. Le HCR a répondu en ouvrant un nouveau site pour accueillir jusqu’à 50.000 personnes, mais il en faut davantage.

Face à l’afflux des réfugiés, l’agence onusienne et ses partenaires ont agrandi les installations de réfugiés existantes et en ont créé six nouvelles, tout en construisant deux villages pour les rapatriés tchadiens.

Toutefois, ces efforts ne suffisent pas à répondre aux besoins énormes. Aujourd’hui, un tiers des nouveaux arrivants vivent dans des conditions désastreuses dans des sites spontanés le long de la frontière. La ville d’Adré, qui comptait à l’origine 40.000 habitants, a du mal à accueillir une population six fois plus nombreuse.

Les conditions de surpeuplement et d’insalubrité à Adré ont entraîné une grave crise sanitaire, avec plus de 1.200 cas d’hépatite E signalés, dont trois mortels. L’imminence de la saison des pluies, prévue entre juin et septembre, menace d’exacerber cette crise, en entraînant potentiellement des épidémies de maladies d’origine hydrique telles que le choléra et en entravant l’accès de l’aide humanitaire.

Le HCR a besoin de 80 millions de dollars

Selon le HCR, la sécurité est également une préoccupation croissante, avec des incidents de plus en plus fréquents de pillage, de vandalisme des structures humanitaires et de trafic de drogues et d’alcool. Tragiquement, une jeune réfugiée a récemment été tuée par une balle perdue. Une série d’incendies allumés par des membres mécontents de la communauté d’accueil a détruit 235 abris familiaux dans des sites accueillant des migrants tchadiens de retour, déplaçant 1.500 familles vers Adré.

Mais ces besoins croissants interviennent alors que les humanitaires font face à un déficit de leur financement. L’appel 2024 du HCR pour la réponse dans l’est du Tchad est sous-financé avec seulement 10 % des 214,8 millions de dollars demandés reçus à ce jour.

Pour couvrir les besoins immédiats, le HCR a besoin d’urgence de 80 millions de dollars pour construire trois sites supplémentaires avec des services et des infrastructures essentiels pour relocaliser 150.000 nouveaux arrivants supplémentaires attendus dans ce pays d’Afrique centrale et frontalier du Darfour.