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Des enfants recueillent de l'eau dans la bande de Gaza.

Le conflit et l'anarchie entravent l'acheminement de l'aide alimentaire à Gaza (PAM)

© UNRWA
Des enfants recueillent de l'eau dans la bande de Gaza.

Le conflit et l'anarchie entravent l'acheminement de l'aide alimentaire à Gaza (PAM)

Paix et sécurité

L'escalade des combats dans le sud et le centre de Gaza rend presque impossible de livraison par les humanitaires de l'aide alimentaire dont ils ont désespérément besoin, a déclaré vendredi le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau, à l'issue d'une mission de deux jours dans l'enclave. 

« En traversant la ville de Gaza jusqu'à Jabalia, la destruction est incroyable.  Dans le nord de Gaza, je n'ai pas vu un seul bâtiment intact et il y avait des bombardements constants avec des drones qui bourdonnaient au-dessus de nos têtes », a-t-il déclaré. 

« Les gens sont traumatisés et épuisés. Une femme qui avait perdu son mari m'a dit que cette guerre durait depuis 250 jours, mais qu'elle avait l'impression que cela faisait 250 ans ». 

Pillage, violence et insécurité 

L'anarchie née du désespoir à l'intérieur de Gaza entrave désormais les livraisons à partir du point de passage de Kerem Shalom, et le conflit actif se propage dans les régions du sud et du centre. Le personnel du PAM estime qu'il est presque impossible de fournir une aide suffisante pour répondre aux besoins croissants. 

« Il est de plus en plus difficile de faire notre travail », a déclaré M. Skau. 

« Le personnel passe cinq à huit heures à attendre aux points de contrôle chaque jour. Des missiles frappent nos locaux, bien qu'ils soient déconflictionnés. L'effondrement de l'ordre public signifie que nous sommes également confrontés au pillage et à la violence dans un contexte de vide sécuritaire important ».

Un patient de sept ans souffrant de malnutrition aiguë sévère et de déshydratation a été transféré dans un hôpital de campagne dans le sud de la bande de Gaza en avril, alors que la famine menaçait dans le nord.
© OMS
Un patient de sept ans souffrant de malnutrition aiguë sévère et de déshydratation a été transféré dans un hôpital de campagne dans le sud de la bande de Gaza en avril, alors que la famine menaçait dans le nord.

Peur d'une famine catastrophique 

Le PAM craint que le sud de Gaza ne connaisse bientôt les mêmes niveaux catastrophiques de faim que ceux enregistrés précédemment dans le nord. 

M. Skau a mis en garde contre la détérioration rapide de la situation. 

« Un million de personnes ont été chassées de Rafah et sont piégées dans une zone très encombrée le long de la plage, dans la chaleur brûlante de l'été. Nous avons traversé des rivières d'eaux usées », a-t-il déclaré. 

Le PAM a fait état d'une amélioration de l'aide dans le nord de la bande de Gaza, où les partenaires ont acheminé des fournitures par le point de passage d'Erez Ouest. 

L'agence des Nations Unies a toutefois prévenu que cette aide devait être maintenue et augmentée. L'accès à l'eau potable, aux soins de santé, au carburant pour les boulangeries et aux fournitures médicales est également essentiel. 

M. Skau a souligné que « plus que tout, les gens veulent que cette guerre prenne fin, et nous aussi ». 

Soutenir les marchés locaux 

Il a indiqué que le PAM allait maintenant étudier les moyens de soutenir le fonctionnement des marchés et de distribuer de l'argent aux populations afin qu'elles puissent commencer à reprendre leur vie en main. 

« L'aide d'urgence reste essentielle, mais nous devons aussi commencer à donner de l'espoir - en soutenant les boulangeries et les marchés - et aller au-delà de la satisfaction des besoins alimentaires de survie pour soutenir l'assainissement de l'eau et les besoins en soins de santé de base », a-t-il poursuivi. 

« Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons contribuer à rétablir une forme d'assistance plus digne, qui aille au-delà de la satisfaction des besoins alimentaires de base. Lors de ma précédente visite en novembre, les personnes que j'ai rencontrées étaient en colère. Aujourd'hui, ils sont épuisés et souhaitent simplement que cette guerre prenne fin ». 

M. Skau a passé trois jours au total dans la région.  Il s'est également rendu en Cisjordanie et à Jérusalem, ainsi qu'à Gaza, où il a rencontré des membres du personnel, des partenaires et des Palestiniens. 

En mai, le PAM a aidé plus d'un million de personnes en Cisjordanie et à Gaza, bien que les rations aient été réduites en raison des difficultés d'accès et de la diminution des stocks alimentaires. 

L'agence des Nations Unies continue d'appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à un accès sûr et durable pour acheminer l'aide vitale.