L'actualité mondiale Un regard humain
En juin 2024, après huit mois de bombardements israéliens, une grande partie de la bande de Gaza est en ruines.

Plus de la moitié des terres cultivables de Gaza sont endommagées (ONU)

© UNOCHA/Ismael Abu Dayyah
En juin 2024, après huit mois de bombardements israéliens, une grande partie de la bande de Gaza est en ruines.

Plus de la moitié des terres cultivables de Gaza sont endommagées (ONU)

Paix et sécurité

Alors que plus de 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza sont au bord d’une famine généralisée, plus de la moitié des terres agricoles de Gaza, cruciales pour nourrir la population affamée du territoire ravagé par la guerre, ont été dégradées par le conflit, montrent des images satellites analysées par les Nations Unies.

À partir d’images prises entre mai 2017 et 2024, le Centre satellitaire des Nations Unies (ONUSAT) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont constaté que 57 % des champs de cultures permanentes et des terres arables de Gaza, essentiels à la sécurité alimentaire, avaient connu une baisse significative de leur densité et de leur état de santé.

« Cette détérioration est attribuée aux activités liées au conflit, notamment les rasages, les déplacements de véhicules lourds, les bombardements et les tirs d’obus », a déclaré l’UNOSAT, ajoutant que ce déclin marquait une augmentation de 30 % des terres agricoles endommagées depuis la publication de sa dernière analyse en avril.

L’analyse comprend l’évaluation des dommages causés aux vergers et autres arbres, aux cultures de plein champ et aux légumes. 

« Le déclin de la santé et de la densité des cultures peut être observé en raison de l’impact d’activités telles que les rasages, l’activité des véhicules lourds, les bombardements, les tirs d’obus et d’autres dynamiques liées au conflit », ont également précisé les agences onusiennes.

Des enfants dans la bande de Gaza attendent de recevoir de la nourriture.
© UNRWA
Des enfants dans la bande de Gaza attendent de recevoir de la nourriture.

Une hausse mensuelle de 30 % des terres agricoles endommagées

L’analyse d’ONUSAT-FAO montre que l’étendue des terres cultivées dans la bande de Gaza est estimée à 151 km², ce qui représente environ 41 % de la superficie totale de la bande de Gaza, à la suite d’une analyse approfondie de la couverture terrestre.

Une évaluation complète a révélé une augmentation de 30 % de la proportion de terres cultivées endommagées depuis l’analyse précédente réalisée en avril 2024. 

En outre, les données montrent une « hausse notable » de la destruction des vergers et autres arbres, des cultures de plein champ et des légumes dans le gouvernorat de Gaza, avec une augmentation de 20 % par rapport à l’analyse précédente d’avril 2024. 

En outre, il y a eu une escalade significative dans la destruction des terres cultivées dans le gouvernorat de Gaza Nord, le pourcentage passant de 46% en avril 2024 à 68% en mai 2024. 

« Il s’agit d’une analyse préliminaire qui n’a pas encore été validée sur le terrain », a toutefois précisé l’ONUSAT.

Plus de 8.000 enfants de moins de 5 ans traités pour malnutrition aiguë 

Il y a déjà eu 32 décès attribués à la malnutrition, dont 28 parmi les enfants de moins de 5 ans

Cette étude intervient au lendemain d’une annonce l’agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) indiquant que plus de 8.000 enfants âgés de moins de 5 ans ont été reçus pour malnutrition aiguë dans l’enclave palestinienne.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), parmi ces enfants moins de 5 ans diagnostiqués et traités pour malnutrition aiguë, 1.600 enfants souffraient de malnutrition aiguë sévère. 

« Il y a déjà eu 32 décès attribués à la malnutrition, dont 28 parmi les enfants de moins de 5 ans », a affirmé le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’un point presse mercredi à Genève.

Alors que les frappes israéliennes se poursuivent sur le sud de la bande de Gaza et la communauté internationale cherche à arracher un accord de cessez-le-feu, une proportion importante de la population de ce territoire palestinien est confrontée à un niveau catastrophique de manque de nourriture et à des conditions proches de la famine, a expliqué le Dr. Tedros.

Une mère s'occupe de sa fille à l'hôpital Nasser de Khan Younis, au sud de Gaza.
© UNICEF/Abed Zaqout
Une mère s'occupe de sa fille à l'hôpital Nasser de Khan Younis, au sud de Gaza.

Deux centres fonctionnels à Gaza

« Malgré les informations faisant état d’une augmentation des livraisons de nourriture, rien ne prouve actuellement que ceux qui en ont le plus besoin reçoivent des aliments en quantité et en qualité suffisantes », a souligné le chef de l’OMS.

Face à cette situation, l’OMS et ses partenaires ont tenté de renforcer les services de nutrition dans la bande de Gaza, a expliqué M. Tedros. 

Cependant, en raison de l’insécurité et du manque d’accès, seuls deux centres de stabilisation pour patients gravement sous-alimentés peuvent actuellement fonctionner, a expliqué le patron de l’OMS.

« Notre incapacité à fournir des services de santé en toute sécurité, combinée au manque d’eau potable et d’assainissement, augmente considérablement le risque de malnutrition des enfants », a-t-il déclaré.

Flambée des prix des denrées alimentaires 

Faisant écho à cette alerte de l’OMS, le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) s’inquiète de la situation dans le sud de l’enclave palestinienne. 

« Le PAM ne peut pas faire grand-chose pour les personnes qui se trouvent encore à Rafah. Notre principal entrepôt à Rafah, qui se trouve actuellement dans une zone de guerre, a été vidé », a détaillé l’Agence onusienne, ajoutant que la plupart des partenaires et des autres agences humanitaires ont été déplacés.

Plus largement et malgré les améliorations constatées en mai dans le nord de Gaza grâce à un meilleur accès, il n’y a pas de légumes frais sur les marchés, et s’ils sont disponibles, leur qualité est très médiocre. 

Dans l’ensemble, les prix des denrées alimentaires sont exorbitants. À Deir al Balah et Khan Younis, bien que les disponibilités alimentaires aient augmenté, elles restent trop chères pour que le citoyen moyen puisse se les offrir.

Face à cette situation, le PAM a augmenté ses livraisons dans le nord de la bande de Gaza, ce qui a permis d’améliorer légèrement la situation dans le nord. 

Un homme porte un colis de biscuits à haute teneur énergétique, une aide acheminée par le couloir humanitaire maritime.
© WFP/Jaber Badwan
Un homme porte un colis de biscuits à haute teneur énergétique, une aide acheminée par le couloir humanitaire maritime.

Le PAM contraint de réduire les rations alimentaires

Cependant, depuis l’incursion de Rafah, les livraisons dans le sud et le centre ont chuté, en raison du flux limité de l’aide humanitaire et de l’escalade du conflit. « Nous ne parvenons pas à répondre aux besoins croissants », a précisé le PAM dans son dernier rapport de situation. 

Bien que le point de passage Karam Abu Salem/Kerem Shalom soit ouvert, le PAM continue de se heurter à des « obstacles importants » pour acheminer des denrées alimentaires en toute sécurité à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza, en raison des infrastructures endommagées, de l’insécurité et des restrictions d’accès. 

Dans le même temps, le point de passage d’Erez Ouest est opérationnel, tandis que celui d’Erez ne l’est pas, en raison de l’escalade des combats dans la région. Rafah reste fermé.

Depuis le début de la crise et jusqu’au 7 juin, le PAM a livré à Gaza plus de 6.000 camions transportant plus de 192.000 tonnes de nourriture.

Malgré ces obstacles, le PAM a pu atteindre environ 1 million de personnes dans la bande de Gaza en mai, mais a été contraint de réduire les rations en raison des contraintes d’accès et de la disponibilité limitée des stocks. L’Agence onusienne est obligé de faire plus avec moins pour s’assurer que 1,1 million de personnes ciblées reçoivent chaque mois des rations qui couvrent leurs besoins alimentaires pendant au moins 10 jours.