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Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à l'ouverture d'une réunion ministérielle de la CNUCED à la Barbade.

António Guterres salue les 60 ans d’action de l’ONU en matière de commerce et de développement

ONU Barbade et Caraïbes orientales/Bajanpro
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à l'ouverture d'une réunion ministérielle de la CNUCED à la Barbade.

António Guterres salue les 60 ans d’action de l’ONU en matière de commerce et de développement

Développement économique

Le droit au développement est inextricablement lié au commerce que les pays en développement ont tout à fait le droit de poursuivre dans des conditions beaucoup plus équitables, a indiqué mercredi à Genève, le chef de l’ONU António Guterres, relevant le rôle des Nations Unies pour un système commercial mondial plus inclusif, en tant que puissant moteur de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de progrès social.

Dans un discours marquant les 60 ans de l’Organisation des Nations Unies pour le commerce et le développement (anciennement CNUCED), le Secrétaire général de l’ONU a souligné les multiples défis qui se dressent sur la voie d’une économie mondiale plus durable et plus inclusive pour tous.

« Les conflits nouveaux et prolongés ont un effet d’entraînement sur l’économie mondiale. La dette mondiale a grimpé en flèche alors que les principaux indicateurs de développement, y compris la pauvreté et la faim, ont régressé », a déclaré M. Guterres lors du Forum mondial des leaders sur le commerce et le développement de l’ONU.

Un système commercial international « au bord de la fragmentation »

« L’élimination de la pauvreté reste l’objectif premier du développement durable. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que l’augmentation des restrictions au commerce international pourrait réduire la production économique mondiale de plus de 7.000 milliards de dollars à long terme, soit trois fois la production annuelle de l’Afrique subsaharienne ».

Depuis Genève, M. Guterres a réitéré ses précédents avertissements selon lesquels l’architecture financière internationale « s’est révélée dépassée, dysfonctionnelle et injuste ».

Le système monétaire mondial actuel « n’a pas réussi à fournir un filet de sécurité aux pays en développement criblés de dettes », a insisté le chef de l’ONU, tout en émettant l’avis inquiétant que le système commercial international subit des pressions « de toutes parts », à tel point qu’il est maintenant « au bord de la fragmentation ».

Dans ces conditions, il devient évident d’avoir « une nouvelle architecture de la finance internationale, de la fiscalité et de la gouvernance numérique ». Une nouvelle vision qui devrait permettre de promouvoir « le commerce sud-sud et de garantir la stabilité dans un monde multipolaire ».

Des conteneurs dans un port de la République démocratique de São Tomé et Príncipe.
CNUCED /Jan Hoffmann
Des conteneurs dans un port de la République démocratique de São Tomé et Príncipe.

L’ONU ne peut pas être neutre sur les problèmes de développement

Dans ce contexte très préoccupant, et face à l’escalade des tensions géopolitiques, une crise climatique frappe durement de nombreux pays en développement, à l’augmentation des inégalités et à la montée en flèche de la dette mondiale, M. Guterres a insisté sur le fait que le rôle de l’agence des Nations Unies pour le commerce et le développement, basée à Genève, était «essentielle et plus pertinent que jamais » pour œuvrer en faveur d’une économie mondiale plus durable et plus inclusive, par le biais du commerce et de l’investissement.

Une façon de rappeler « la clarté et l’engagement des Nations Unies pour le commerce et le développement sont plus que jamais d’actualité. 

Dans ce combat, l’agence des Nations Unies ne peut pas être neutre sur les problèmes de développement - « tout comme l’Organisation mondiale de la santé ne pouvait pas être neutre sur le paludisme » -, a déclaré le chef de l’ONU, faisant référence aux célèbres mots de Raul Prebisch, le premier secrétaire général de la CNUCED. 

Le commerce est devenu une arme à double tranchant

Par-dessus tout, c’est essentiel alors que la coopération multilatérale s’affaiblit et que les forces de la fragmentation se renforcent. 

« Le commerce est devenu une arme à double tranchant : une source de prospérité et d’inégalité, d’interconnexion et de dépendance, d’innovation économique et de dégradation de l’environnement », a fait valoir M. Guterres, qui a appelé à un plus grand dialogue entre les nations face au quasi-triplement des barrières commerciales depuis 2019, « souvent motivées par des rivalités géopolitiques, sans se préoccuper de leur impact sur les pays en développement ».

« Le monde ne peut pas se permettre de se diviser en blocs rivaux. Pour mettre en œuvre les ODD et garantir la paix et la sécurité, nous avons besoin d’un marché mondial et d’une économie mondiale, dans lesquels la pauvreté et la faim n’ont pas leur place », a insisté le chef de l’ONU.

Dans ce contexte, il a salué les réformes de la CNUCED initiées par la Secrétaire générale Rebeca Grynspan.  « Votre rôle reste essentiel : identifier et travailler pour combler les lacunes et les divergences du système, et proposer des solutions pragmatiques et fondées sur des preuves ».

Rebeca Grynspan, Secrétaire générale d'ONU Commerce et développement.
© Nicholas Hopkins-Hall
Rebeca Grynspan, Secrétaire générale d'ONU Commerce et développement.

Le forum se penchera sur les besoins des pays en développement

Cette agence onusienne a passé « une grande partie des six dernières décennies à défendre les intérêts des pays en développement et à plaider pour un système commercial mondial plus équitable et inclusif – en tant que puissant moteur de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de progrès social ».

A noter que le 60e anniversaire d’ONU commerce et développement (CNUCED) s’articulera autour du Forum des dirigeants mondiaux avec pour thème « Tracer une nouvelle voie pour le développement dans un monde en mutation » (12-14 juin, Genève). Un anniversaire qui intervient à un moment de crises en cascade, où les perturbations du commerce mondial, la montée en flèche de la dette et le changement climatique ont de graves répercussions sur les pays en développement. 

Il représente « une occasion de réfléchir aux leçons apprises au cours des six dernières décennies et de forger une nouvelle voie, avec une vision commune pour l’avenir », a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire générale d’ONU commerce et développement.

Durant trois jours, le forum se penchera sur les besoins des pays en développement, avec un accent particulier sur les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral.