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Des personnes déplacées ont été tuées lorsqu'une frappe aérienne israélienne a touché une école gérée par l'UNRWA à Nuseirat, au centre de la bande de Gaza.

L’ONU « profondément choquée » par le nombre de civils tués lors de l’opération à Nuseirat

Nuseirat,
Des personnes déplacées ont été tuées lorsqu'une frappe aérienne israélienne a touché une école gérée par l'UNRWA à Nuseirat, au centre de la bande de Gaza.

L’ONU « profondément choquée » par le nombre de civils tués lors de l’opération à Nuseirat

Paix et sécurité

Alors que la communauté internationale poursuit ses efforts diplomatiques pour un accord de cessez-le-feu à Gaza, de possibles « crimes de guerre » auraient été commis lors de la libération de quatre otages à Gaza, a indiqué mardi le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, qui s’est dit à la fois « profondément choqué » par l’impact sur les civils de l’opération et « profondément affligé » par le fait que les groupes palestiniens continuent à détenir des otages.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), cette opération israélienne dans le camp de réfugiés de Nuseirat et la détention des otages par des groupes armés palestiniens dans des zones densément peuplées pourraient être assimilées à des crimes de guerre.

« Nous sommes profondément choqués par l’impact de l’opération des forces israéliennes sur les civils. Des centaines de Palestiniens, dont de nombreux civils, auraient été tués ou blessés », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Jeremy Laurence, porte-parole du HCDH.

Les groupes armés palestiniens exposent la vie des civils 

La manière dont le raid a été mené dans une zone aussi densément peuplée remet sérieusement en question le fait que les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution - tels qu’énoncés dans les lois de la guerre - aient été respectés par les forces israéliennes. 

Les services du Haut-Commissaire Volker Türk se sont dits également profondément affligés par le fait que les groupes armés palestiniens continuent de détenir de nombreux otages, dont la plupart sont des civils, ce qui est interdit par le droit international humanitaire

« En retenant des otages dans des zones aussi densément peuplées, les groupes armés exposent la vie des civils palestiniens, ainsi que celle des otages eux-mêmes, à un risque accru du fait des hostilités », a ajouté M. Laurence, relevant que « tous ces actes, commis par les deux parties, peuvent être assimilés à des crimes de guerre ».

Vue du Conseil de sécurité de l'ONU alors que les membres votent en faveur du projet de résolution sur la situation à Gaza.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Vue du Conseil de sécurité de l'ONU alors que les membres votent en faveur du projet de résolution sur la situation à Gaza.

Le Conseil de sécurité de l’ONU apporte son soutien au plan de trêve 

Cette sortie des services du Haut-Commissaire Volker Türk interviennent au lendemain d’un vote d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi un projet de résolution américain soutenant le plan de cessez-le-feu à Gaza. Le texte, qui « salue » la proposition de trêve annoncée le 31 mai par le président américain, Joe Biden, et appelle Israël et le Hamas « à appliquer pleinement ses termes sans délai et sans conditions », a recueilli 14 voix pour, la Russie s’étant abstenue.

Tous les déplacés de Gaza ont quitté Rafah

Ces derniers développements interviennent dans un contexte sécuritaire toujours marqué par la poursuite des hostilités sur le terrain. 

D’une manière générale, les opérations militaires israéliennes en cours à Rafah ont « un impact direct » sur la capacité des agences d’aide à acheminer des fournitures humanitaires essentielles dans la bande de Gaza.

En outre, près de 1,7 million de personnes, soit plus de sept personnes sur dix dans la bande de Gaza) sont actuellement déplacées. Depuis le 9 juin, presque toutes les personnes déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza ont quitté Rafah, et moins de 100.000 personnes sont restées dans la région. Tous les abris de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Rafah ont été forcés de quitter les lieux.

Un Palestinien se tient à côté d'un véhicule des Nations Unies détruit.
Fadi Thabet/UNRWA
Un Palestinien se tient à côté d'un véhicule des Nations Unies détruit.

Plus de 330.000 tonnes de déchets solides se sont accumulées à Gaza

Sur le plan humanitaire, la crise à Gaza a pris une autre tournure avec l’augmentation des déchets solides qui menace d’aggraver une situation déjà désastreuse, ont averti lundi les agences humanitaires, relevant que plus de de 330.000 tonnes de déchets solides se sont accumulées dans la bande de Gaza.

« Plus de 330.000 tonnes de déchets solides se sont accumulées dans les zones habitées de la bande de Gaza ou à proximité », a dit le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), relayant des informations du groupe sectoriel des agences humanitaires chargées de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. 

Selon les agences humanitaires, l’accumulation de « montagnes de déchets et de gravats » dans l’enclave palestinienne pose d’ailleurs « des risques sanitaires et environnementaux importants » dans l’enclave palestinienne.

Deux décharges d’ordures inaccessibles

Avant l’intensification des hostilités le 7 octobre 2023, la quasi-totalité des déchets collectés a été transférée dans deux décharges principales : Juhr Al Dik, qui dessert la ville de Gaza et le nord de la bande de Gaza, et Al Fukhari, qui dessert les zones centrales et méridionales. 

Cependant, l’inaccessibilité des deux décharges, associée à la pénurie de carburant, aux dommages causés aux infrastructures et à la destruction d’une centaine de véhicules et de machines de collecte des déchets, a gravement « compromis le système de gestion des déchets », a souligné l’Agence onusienne. 

« Ce qui fait que les déchets sont brûlés, entassés ou éliminés dans des décharges aléatoires », a précisé l’OCHA dans son dernier rapport de situation sur Gaza. 

Pour faire face à cette crise, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a récemment contribué à la collecte de 47.000 tonnes de déchets à Deir al Balah, Khan Younis et Rafah et à leur transfert vers des décharges temporaires. 

Pénurie d’eau

Sur le terrain, les pénuries de carburant continuent de perturber gravement l’accès des populations à l’eau et le fonctionnement des installations sanitaires vitales dans la bande de Gaza, aggravant l’impact des coupures d’électricité prolongées et des dommages subis par les infrastructures. 

Selon le groupe Eau, assainissement et hygiène (WASH), entre le 26 mai et le 2 juin, seuls 20 % du carburant nécessaire par semaine pour assurer le fonctionnement des installations vitales d’eau et d’assainissement ont été reçus (94.000 litres sur les 490.000 nécessaires). 

Dans ces conditions, le manque de carburant limite la distribution de l’eau à travers les réseaux fonctionnels, ce qui, ajouté au manque de générateurs et de pièces détachées, continue d’avoir un impact sur la disponibilité de l’eau potable. La production quotidienne d’eau dans la bande de Gaza s’élevait à environ 95.000 mètres cubes par jour, soit seulement 26 % de l’eau produite avant octobre 2023, selon un décompte effectué le 2 juin dernier. 

Une grande partie de Gaza est en ruine.
© UNRWA
Une grande partie de Gaza est en ruine.

Le sort des patients à l’hôpital Al Aqsa

Sur le front humanitaires, quatre agences onusiennes dont l’OCHA et l’agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) ont pu se rendre à l’hôpital Al Aqsa le samedi 8 juin pour évaluer la capacité de réponse de l’hôpital. L’hôpital Al Aqsa dessert une population estimée à plus d’un million de personnes actuellement. Yaffa et Al Awda Nusiert sont les deux autres hôpitaux fonctionnels de Dir el Balah.

Avant la guerre, l’hôpital Al Aqsa accueillait environ 150 patients par jour. Au cours de la visite, l’hôpital a indiqué qu’il fournissait des soins à environ 700 patients. De 15 à 20 % de ces patients ne peuvent pas sortir de l’hôpital car ils n’ont pas d’abri et ne sont pas en sécurité. 

En raison de l’insécurité, l’hôpital fournit également des services de dialyse, pour environ 700 patients, à une capacité réduite. Au lieu de minimum, trois séances de 3 à 4 heures par semaine, les patients bénéficient 2 séances hebdomadaires de 2 heures.

L’hôpital compte 270 agents de santé. Au moment de la visite sur le terrain, vers 15 heures, l’équipe a dénombré plus de 82 patients sur le sol de la zone réservée aux patients ne marchant pas dans le service des urgences de l’hôpital.