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À Gaza, personne ne peut se permettre une autre guerre, avertit l’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient

Une fille palestinienne dans la maison partiellement détruite de sa famille, regarde à l'extérieur le quartier détruit de Shejaiya dans la ville de Gaza.
UNICEF
Une fille palestinienne dans la maison partiellement détruite de sa famille, regarde à l'extérieur le quartier détruit de Shejaiya dans la ville de Gaza.

À Gaza, personne ne peut se permettre une autre guerre, avertit l’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient

Paix et sécurité

L’Envoyé de l’ONU au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a alerté mercredi le Conseil de sécurité sur « la plus sérieuse escalade depuis le conflit de 2014 entre le Hamas et Israël » et lancé « un avertissement à tous sur le fait que nous sommes au bord de la guerre tous les jours ». 

Entre le 28 et le 30 mai, a-t-il témoigné par visioconférence depuis Jérusalem, les Forces de défense israéliennes indiquent que 216 projectiles, roquettes et tirs de mortiers ont été effectués depuis la bande de Gaza vers Israël. Selon l’armée israélienne, 77 de ces tirs ont touché des cibles dans les régions d’Eshkol, de Sha’ar Hanegev et Sdot Negev.  Même si la plupart de ces projectiles ont été interceptés par le système « du dôme de fer », l’un d’eux a touché la cour d’un jardin d'enfants dans un kibboutz près de la frontière de Gaza, et un autre au moins a endommagé une habitation.  Il n’y a ni morts ni blessés, a noté le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient.

En réponse à ces tirs, l’aviation israélienne a mené des frappes sur 65 cibles du Hamas et du Jihad islamique et a détruit un tunnel de deux kilomètres près du point de passage de Kerem Shalom. Aucune victime ni de blessé grave n’ont été notés à Gaza après ces frappes aériennes.  Le 29 mai, les Brigades Ezzeddine el-Qassam du Hamas et le Jihad islamique Saraya al-Quds ont revendiqué, dans un communiqué conjoint, la responsabilité de ces tirs de roquettes et de mortiers vers Israël. Leur communiqué conjoint accuse Israël d’avoir ciblé leurs combattants et des positions militaires au cours des précédentes 48 heures, et les deux groupes ont mis en garde contre toute tentative de dicter de nouvelles équations sur le statu quo, tout en prévenant qu’ils allaient « répondre aux bombardements par des bombardements et au sang par le sang ».

Le Premier Ministre d’Israël, M. Benyamin Netanyahu, a juré de son côté qu’Israël allait répondre « avec une grande force » aux attaques de roquettes.  M. Mladenov a rappelé que cette escalade dangereuse intervient après une série d’avertissements des Nations Unies et dans le contexte de récentes actions sur le terrain. Il a notamment parlé des deux mois de protestations à la frontière de Gaza et qui ont conduit à la mort de 110 Palestiniens et fait de nombreux blessés.  Il a aussi souligné que certains militants palestiniens ont placé des engins explosifs sur la barrière frontalière avec Israël et certains ont même pu la traverser, provoquant une réponse de l’armée israélienne dans Gaza.  C’est ainsi qu’en réaction à un engin explosif placé à la barrière, les forces armées israéliennes ont tué trois membres du Jihad islamique.  Ce dernier a promis de se venger.  Il a décrit le déroulement de la dernière escalade, notant que depuis ce matin, la situation est restée calme, et il a salué les efforts de l’Égypte pour assurer le calme.

Chacune des parties a la responsabilité d’agir

Selon M. Mladenov, personne à Gaza ne peut se permettre une autre guerre, ajoutant que « personne n’a le droit de jouer avec la vie de deux millions de personnes qui vivent l’enfer depuis déjà dix ans ».  De même, personne ne doit vivre sous la menace constante des tirs de roquettes.  Pour le Coordonnateur spécial, chacune des parties a la responsabilité d’agir pour la désescalade et de faire preuve de retenue pour le bien de son propre peuple et l’avenir de ses enfants.  Il a dit qu’alors que les manifestations vont se poursuivre à Gaza au cours du mois de juin, il est à craindre de voir davantage de violence et d’autres risques d’escalade.

Personne n’a le droit de jouer avec la vie de deux millions de personnes qui vivent l’enfer depuis déjà dix ans.  De même, personne ne doit vivre sous la menace constante des tirs de roquettes. 

Le Coordonnateur spécial a indiqué que les tirs depuis Gaza ont causé des dégâts sur les installations électriques israéliennes, ce qui a conduit à la réduction de 30% de l’approvisionnement électrique de Gaza; la situation ne sera rétablie que dans quelques jours. Aujourd’hui, la bande de Gaza reçoit à peine trois heures d’électricité par jour. Il a dit que si le Conseil n’agit pas rapidement, cela va aggraver la crise humanitaire et augmenter les risques de confrontation. 

Ne pas permettre que « Gaza soit un pion dans les mains de quelqu’un d’autre »

Les propositions que j’ai faites au Conseil de sécurité il y a une semaine restent d’actualité, a noté M. Mladenov en plaidant pour que les projets déjà approuvés soient mis en place et que le gouvernement palestinien soit soutenu pour prendre ses responsabilités, appliquer le cessez-le-feu de 2014 et freiner les activités des militants. Il a expliqué que le plan qu’il a proposé pour Gaza est le seul moyen durable pour s’assurer que l’on ne retourne pas vers un autre conflit dévastateur, et pour ne pas permettre que « Gaza soit un pion dans les mains de quelqu’un d’autre » et « une autre tragédie sur une carte du Moyen-Orient déjà encombrée de conflits ». 

M. Mladenov a assuré aux Palestiniens de Gaza que l’ONU va veiller à ce qu’ils aient « un autre avenir au-delà de la simple survie », un avenir dans un État palestinien vivant au côté d’Israël. Enfin, il a invité les deux parties à prendre des mesures concrètes pour parvenir à une paix durable. Ces mesures passent aussi par l’unification de Gaza et de la Cisjordanie sous une seule autorité palestinienne démocratique, la fin de l’occupation et la possibilité de la solution des deux États, en accord avec les accords passés et les résolutions pertinentes des Nations Unies.