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Un hélicoptère de l'ONU livre de l'aide au camp de déplacés de Rhoe, dans la province de l'Ituri, en République démocratique du Congo.

Cinq outils pratiques pour maintenir la paix

© UNICEF/Diana Zeyneb Alhindawi
Un hélicoptère de l'ONU livre de l'aide au camp de déplacés de Rhoe, dans la province de l'Ituri, en République démocratique du Congo.

Cinq outils pratiques pour maintenir la paix

Paix et sécurité

En 1948, les Nations Unies ont franchi une étape cruciale en déployant des soldats de maintien de la paix pour soutenir les pays dans leur cheminement vers la paix. Depuis lors, plus de deux millions de personnes – militaires, policiers et civils – ont servi dans plus de 70 missions de maintien de la paix à travers le monde, offrant leur assistance lors de conflits en cours ou après ceux-ci.

Leurs efforts inlassables vont de la surveillance des accords de cessez-le-feu à la protection des civils, en passant par la reconstruction des infrastructures clés et la facilitation des élections pour aider les pays et les communautés à passer de la guerre à la paix. Les soldats de la paix peuvent être des soldats, des policiers, des ingénieurs, des médecins, des vétérinaires, des défenseurs des droits de l'homme, des agents de justice et des services pénitentiaires, des producteurs de radio, des scientifiques de l'environnement et des experts en surveillance.

Lorsque nous pensons au maintien de la paix, nous pensons souvent à la médiation, aux traités et aux lois internationales. Cependant, les soldats de la paix utilisent une gamme plus large d'outils pratiques pour maintenir et entretenir la paix dans certains des endroits les plus fragiles du monde. Alors que nous célébrons la Journée internationale des soldats de la paix des Nations Unies, le 29 mai, nous examinons cinq outils non traditionnels que les soldats de la paix utilisent pour protéger les communautés qu'ils servent.

Une Sénégalaise travaille sur un hélicoptère déployé dans le cadre de la MINUSCA, la mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine.
MINUSCA/Hervé Serefio
Une Sénégalaise travaille sur un hélicoptère déployé dans le cadre de la MINUSCA, la mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine.

1. Hélicoptères

En Afrique, aux Amériques, au Moyen-Orient, en Europe et en Asie, les soldats de la paix ont utilisé des hélicoptères pour surmonter les barrières géographiques et étendre leur soutien aux communautés.

Les hélicoptères sont des moyens aériens essentiels dans les missions de maintien de la paix pour diverses raisons. Ils aident les Casques bleus à atteindre des villages éloignés inaccessibles par la route ou l'eau, permettent une réponse et une évacuation rapides en cas d'urgence, fournissent des fournitures et une aide essentielles aux communautés dans le besoin et assurent une surveillance aérienne et une reconnaissance pour surveiller et recueillir des renseignements. Dans certains cas, les hélicoptères armés peuvent avoir un effet dissuasif sur les groupes armés.

Les hélicoptères jouent également un rôle indispensable dans la livraison du matériel électoral afin de garantir que les habitants des zones reculées puissent participer aux processus démocratiques de leur pays. Parfois, dans les endroits les plus reculés, les soldats de la paix s’appuient sur des hélicoptères, suivis par des individus à pieds ou des charrettes, pour s’assurer que le matériel parvienne aux populations à temps.

Leur polyvalence reste essentielle pour apporter le soutien et la protection dont les personnes ont besoin. Il y a actuellement 81 hélicoptères opérationnels dans les missions de maintien de la paix. La marque des Nations Unies est visible à l’extérieur des hélicoptères, y compris sur le ventre, pour indiquer qu’il s’agit d’un convoi de maintien de la paix ou humanitaire.

Malgré cela, les hélicoptères de l’ONU ont été attaqués, ce qui montre à quel point la situation sécuritaire peut être instable dans de nombreuses missions et à quel point les Casques bleus risquent leur vie chaque jour. Plus tôt cette année, un hélicoptère effectuant une évacuation médicale a été attaqué par des groupes armés dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Lors d'une cérémonie de remise des médailles au Soudan du Sud, les soldats de la paix ont fait preuve de créativité avec du matériel de construction qui a servi de toile de fond pour le défilé.
UNMISS/Isaac Billy
Lors d'une cérémonie de remise des médailles au Soudan du Sud, les soldats de la paix ont fait preuve de créativité avec du matériel de construction qui a servi de toile de fond pour le défilé.

2. Outils d'ingénierie

Pour véritablement construire la paix, le maintien de la paix se concentre sur les personnes et leurs besoins. Dans les pays touchés par un conflit, la perte et le manque d’infrastructures clés telles que les écoles, les installations médicales, les routes et les ponts entravent tout effort visant à aider les communautés à construire une paix durable. C’est pourquoi les ingénieurs des opérations de maintien de la paix jouent un rôle déterminant en aidant les populations à se relever et à se reconstruire après les destructions causées par la guerre et les catastrophes naturelles.

« Nous sauvons les gens non pas des balles mais des inondations », a expliqué le capitaine Taimoor Ahmed, ingénieur travaillant pour la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). À l'aide d'excavatrices et d'autres équipements de construction, son équipe a construit des digues pour aider des centaines de personnes bloquées à cause des inondations dévastatrices à Bentiu. Ils ont également construit des routes le long des digues pour garantir que les fournitures humanitaires essentielles parviennent aux personnes déplacées par la catastrophe.

Juste à l’extérieur de Juba, la capitale du Soudan du Sud, les soldats de la paix ont construit de nouvelles salles de classe, un terrain de football et une aire de jeux pour une petite école destinée à une communauté qui dépend principalement de l’agriculture de subsistance et a un accès limité à l’éducation. En RDC, les soldats de la paix ont construit un centre de traitement d'Ebola dans le Nord-Kivu et ont réhabilité et élargi la route menant à l'établissement au plus fort de l'épidémie dans le pays.

3. Imagerie satellite

Au cours des deux dernières décennies, l’imagerie satellitaire a été utilisée dans les missions de maintien de la paix pour fournir une bonne vue d’ensemble des zones de conflit, améliorant ainsi considérablement la connaissance de la situation. Les Casques bleus, qui sont des experts en surveillance et en géospatiale, utilisent l'imagerie satellite pour surveiller les mouvements de troupes, les tendances et les flux de déplacement, les menaces potentielles et les mouvements des groupes armés ainsi que l'impact des catastrophes naturelles imminentes.

Grâce à ces informations cruciales, ils peuvent prendre des décisions éclairées, planifier efficacement les patrouilles et coordonner les interventions. L’imagerie satellitaire, l’un des outils les plus innovants dont disposent les opérations de maintien de la paix, contribue à améliorer la conscience opérationnelle dans de nombreuses missions, en particulier celles situées dans des pays dotés de terrains vastes, éloignés et difficiles. L’imagerie en temps réel des régions inaccessibles permet également aux soldats de la paix d’évaluer rapidement l’étendue des dégâts ou des besoins et de prioriser leurs interventions en conséquence.

Au Mali, où la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation a été déployée d’avril 2013 à décembre 2023, les images satellite ont permis d’identifier les itinéraires empruntés par les trafiquants dans le nord du pays. En RDC, l’imagerie est utilisée pour suivre les mouvements des groupes armés, surveiller les activités minières illégales et évaluer l’impact du conflit sur les civils.

Au Soudan du Sud, les données satellitaires sont utilisées à diverses fins, allant de la surveillance de la préparation, de la réponse et du rétablissement aux catastrophes naturelles au suivi des schémas de déplacement et des mouvements transfrontaliers. La Force de maintien de la paix des Nations Unies à Chypre, créée pour surveiller l’accord de cessez-le-feu entre les communautés chypriotes grecque et turque de l’île, utilise les données pour surveiller les activités le long de la zone tampon.

Des soldats cambodgiens de la FINUL effectuent une opération de déminage mécanique le long de la Ligne bleue à Ras Naqoura, au sud du Liban.
UN/Pasqual Gorriz
Des soldats cambodgiens de la FINUL effectuent une opération de déminage mécanique le long de la Ligne bleue à Ras Naqoura, au sud du Liban.

4. Détecteurs de mines

Les détecteurs de mines jouent un rôle crucial en sauvant d’innombrables vies dans le monde. De l’Angola au Cambodge, les mines terrestres restent un héritage terrifiant des guerres, tuant ou mutilant principalement des civils. Aujourd’hui, près de 70 pays et territoires possèdent des mines terrestres. Le Service de lutte antimines des Nations Unies déploie des démineurs dans près de 20 pays et territoires, notamment dans le cadre de missions de maintien de la paix, pour détecter et détruire les mines.

Le déminage évite non seulement la perte de vies humaines et de membres, mais rend également les terres à nouveau sûres et productives, permettant aux communautés locales de cultiver ou de construire des écoles ou des hôpitaux, reconstruisant ainsi leurs vies et leurs moyens de subsistance. Malheureusement, le coût du déminage pourrait nuire à la vie des démineurs. Ces dernières années, des victimes parmi les démineurs ont eu lieu dans plusieurs endroits, notamment en Afghanistan, au Soudan du Sud et en Syrie.

Comment les démineurs se protègent-ils ? Ils portent des équipements de protection individuelle comme des combinaisons anti-souffle, des casques, des gants et des bottes. Ils utilisent des détecteurs de métaux, des aiguillons et des véhicules de déminage pour détecter et détruire les mines. Les détecteurs, qui utilisent des ondes électromagnétiques pour identifier les métaux, jouent un rôle déterminant dans la localisation des mines terrestres enfouies.

Les détecteurs présentent des limites, mais ils se sont généralement révélés très efficaces pour atténuer les risques. Depuis la fin des années 1990, plus de 55 millions de mines terrestres ont été détruites, plus de 30 pays sont devenus exempts de mines et le nombre de victimes a été considérablement réduit.

A l’occasion de la Journée mondiale de la radio 2024, la cheffe de Radio Okapi, Joyce Fernandes de Piña y Theresa Kankou chargée des liaisons Radio Okapi-radio communautaires, discutent du pouvoir et des bienfaits de la radio.
Radio Okapi
A l’occasion de la Journée mondiale de la radio 2024, la cheffe de Radio Okapi, Joyce Fernandes de Piña y Theresa Kankou chargée des liaisons Radio Okapi-radio communautaires, discutent du pouvoir et des bienfaits de la radio.

5. Radio

La radio n’est peut-être pas la première chose à laquelle nous pensons lorsque nous recherchons des informations aujourd’hui, mais elle reste un outil de communication puissant dans de nombreuses régions du monde, y compris dans les pays où existent des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

La radio a joué un rôle essentiel dans de nombreuses missions depuis la fin des années 1980. Aujourd'hui, trois missions de maintien de la paix disposent de leurs propres stations de radio : Radio Miraya au Soudan du Sud, Radio Okapi en République démocratique du Congo (RDC) et Guira FM en République centrafricaine. Les soldats de la paix, qui sont des producteurs de radio et des personnels de communication, utilisent la radio pour diffuser des informations vitales, des alertes précoces sur les menaces potentielles, des discussions sur des questions pertinentes et des programmes éducatifs, permettant ainsi aux communautés de prendre des décisions éclairées. De plus, ils constituent une plateforme inestimable pour les voix et perspectives locales, contribuant ainsi à favoriser la réconciliation entre les communautés divisées.

Pourquoi la radio fonctionne-t-elle mieux que les journaux, la télévision ou Internet ? Les récepteurs et fréquences radio sont relativement peu coûteux et largement disponibles, même dans les régions les plus reculées. Dans les endroits où le taux d’alphabétisation est faible, les programmes radiophoniques peuvent toucher un public plus large, favorisant ainsi un partage d’informations plus inclusif. La radio peut également fournir des informations en langues locales en temps réel.

Compte tenu de sa portée, la radio est un outil fiable pour contrer la désinformation et dissiper les rumeurs qui peuvent nuire à la sécurité et à la santé des personnes. Pendant la pandémie de COVID-19, Radio Miraya, qui couvre les deux tiers du Soudan du Sud, a diffusé des programmes pour aider à contrer la résistance de la population locale à l’éloignement physique. En RDC, Radio Okapi a travaillé avec le gouvernement congolais pour fournir une éducation en direct à environ 22 millions d'enfants qui ne pouvaient pas quitter leur domicile, en transmettant des cours essentiels de français, de mathématiques et de lecture.