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L'ONU s'inquiète des allégations de mauvais traitements infligés à des détenus palestiniens par Israël.

L'ONU s'inquiète des détentions « massives et inhumaines » de Gazaouis

© UNICEF/Josh Estey
L'ONU s'inquiète des allégations de mauvais traitements infligés à des détenus palestiniens par Israël.

L'ONU s'inquiète des détentions « massives et inhumaines » de Gazaouis

Droits de l'homme

Les Nations Unies et des organisations partenaires ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la détention « inhumaine » de combattants palestiniens présumés de la bande de Gaza par les autorités israéliennes, alléguant un traitement si difficile que certains ont dû être amputés d’un membre « en raison d’un enchaînement prolongé ».

Plus de huit mois d’hostilités à Gaza ont ainsi entraîné « une destruction et une perte de vies civiles d’une ampleur sans précédent », a rapporté le groupe Protection dans un rapport publié lundi par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Selon ce document intitulé La destruction systématique du tissu de la vie, les auteurs citent des témoignages « de médecins et de lanceurs d'alerte » selon lesquels des détenus blessés ont été gardés dans un hôpital de campagne avec « les mains et les pieds enchaînés et les yeux bandés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à leur lit ».

Camp du désert

Les témoignages indiquent que les prisonniers sont « nourris à la paille et que plusieurs d’entre eux ont été amputés d’un membre en raison d’un enchaînement prolongé », selon la mise à jour du groupe Protection, qui rassemble des agences des Nations Unies et d’autres organisations internationales et non gouvernementales.

Cette mise à jour fait écho aux préoccupations exprimées précédemment par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme et des experts indépendants en matière de droits humains, au sujet des allégations de mauvais traitements infligés aux détenus. L’armée israélienne a précédemment nié ces allégations.

Au moins 27 détenus de Gaza seraient morts pendant leur détention dans une base militaire israélienne, notamment à Sde Teiman, dans le désert du Néguev, tandis qu’«au moins quatre » autres personnes de l’enclave seraient décédées dans les locaux de l’administration pénitentiaire israélienne (IPS), soit parce qu’elles auraient été battues, soit parce qu’elles n’auraient pas bénéficié d’une assistance médicale.

Les yeux bandés et les mains menottées

« Qu’ils soient détenus dans les locaux de l’IPS ou de l’armée, les détenus seraient confrontés à des conditions de détention extrêmement dures, y compris le surpeuplement et certains détenus dans des installations ressemblant à des cages, le fait d’avoir constamment les yeux bandés et d’être menottés, l’absence d’accès aux toilettes, l’exposition aux éléments, la fourniture de nourriture et d’eau en quantités à peine suffisantes pour survivre », note le document.

Des femmes et des enfants font partie des personnes détenues lors des « détentions massives » effectuées par les forces de défense israéliennes, selon le rapport, qui ajoute que de nombreuses familles « n’ont aucune information sur leurs proches », tandis qu’Israël « ne fournit pas ou refuse de fournir des informations sur le lieu de détention ou le sort de nombreuses personnes détenues ».

« Les garçons de plus de 14 ans sont généralement détenus avec des hommes adultes. Les enfants plus jeunes sont détenus avec des femmes et des membres âgés de leur famille, généralement pour une durée plus courte ».

Au 30 avril, l’administration pénitentiaire israélienne a indiqué qu’au moins 20 enfants de Gaza étaient détenus en tant que combattants illégaux, et 4 enfants pour des motifs liés à la sécurité.

Arrestations massives

L’armée israélienne a récemment affirmé avoir arrêté 2.300 Palestiniens de Gaza au cours d’opérations terrestres dans la bande de Gaza, ont déclaré les auteurs du rapport, ajoutant que le nombre réel était probablement beaucoup plus élevé.

À la fin du mois d’avril, « quelque 865 personnes étaient détenues en tant que « combattants illégaux, une catégorie inconnue du droit international ». De « nombreux » témoignages troublants indiquent que les détenus sont soumis à « la nudité forcée, au harcèlement sexuel, à des menaces de viol, ainsi qu’à la torture par des coups violents, des attaques de chiens, des fouilles à nu, la simulation de noyade (waterboarding) et le refus de nourriture, de sommeil et d’accès à la salle de bain, entre autres pratiques cruelles ».

Selon les témoignages de détenus libérés et de médecins ayant accès aux personnes détenues, le but de ce traitement est d’obtenir des aveux forcés et de rechercher des membres présumés de groupes armés palestiniens.

« Le manque d’informations ainsi que la manière ad hoc et non coordonnée dont Israël [libère] les détenus, y compris les enfants, rend extrêmement difficile la coordination des réponses pour ce groupe très vulnérable et contribue à la séparation des familles et au fait que les enfants deviennent non accompagnés ou séparés de leurs familles ».

Des otages israéliens dans les pires conditions

Sur un autre plan, 128 des 253 personnes capturées lors des attaques terroristes menées par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre se trouvaient toujours à Gaza à la date du 19 mai, indiquent les auteurs du rapport. Plus de 35 des otages ont été déclarés morts et ceux qui sont encore en vie sont « vraisemblablement dans les pires conditions», les témoignages des personnes libérées faisant état de « multiples rapports d’abus sexuels en captivité ».

Le rapport souligne que la prise d’otages est une « grave violation des Conventions de Genève et un crime de guerre ».

Dans ses recommandations, les auteurs du rapport plaident que la Comité international de la Croix Rouge (CICR) et des avocats aient accès à tous les détenus afin de les protéger contre la torture et les mauvais traitements, notamment les enfants, qui « doivent être traités avec humanité ».

À la communauté humanitaire, ils les exhortent à fournir aux détenus libérés des services axés sur les victimes et sur la réadaptation, y compris des services de lutte contre la violence liée au sexe et des services de santé maternelle et infantile axés sur les survivants.