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A Gaza, il n'y a « aucune protection » pour les civils, explique un responsable de l'ONU au Conseil de sécurité

Un garçon porte un grand bol sur la tête à l'école Al-Qastal, dans la bande de Gaza.
© WFP/Arete/Abood al Sayd
Un garçon porte un grand bol sur la tête à l'école Al-Qastal, dans la bande de Gaza.

A Gaza, il n'y a « aucune protection » pour les civils, explique un responsable de l'ONU au Conseil de sécurité

Paix et sécurité

Des responsables de l'aide humanitaire ont appelé vendredi le Conseil de sécurité à intervenir pour mettre fin au carnage à Gaza alors que la guerre dure depuis six mois, sur fond de famine, de bombardements constants d'Israël, d'assassinats ciblés de travailleurs humanitaires et de civils palestiniens et d'impunité pour les auteurs.

Informant le Conseil de la situation actuelle sur le terrain, Ramesh Rajasingham, Directeur de la coordination du Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies, OCHA, et Janti Soeripto, de l'organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children, ont décrit les ravages causés par la campagne militaire israélienne à Gaza en représailles aux attaques sanglantes du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre, qui ont fait plus de 1.200 morts et plus de 240 personnes prises en otages.

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M. Rajasingham a souligné que plus de 32.000 Palestiniens ont été tués, 75.000 autres blessés et 1,7 million de personnes – les deux tiers de la population de l’enclave – « déplacées de force » vers Rafah, dans le sud.

Des travailleurs humanitaires tués

Les bombardements israéliens intenses se poursuivent, Israël étant apparemment toujours déterminé à lancer une opération militaire à Rafah pour éliminer les combattants du Hamas.

Dans le même temps, le siège israélien a laissé l’hôpital Al-Shifa « presque entièrement détruit », et le manque de protection des travailleurs humanitaires est tragiquement évident, a déclaré le haut responsable de l'ONU, soulignant l’attaque meurtrière israélienne qui a tué sept employés de l'ONG World Central Kitchen lundi.

« Malheureusement, nous ne pouvons pas dire que cette attaque tragique était un incident isolé dans ce conflit », a-t-il dit, présentant ses condoléances aux personnes tuées. « Elles rejoignent plus de 220 de nos collègues humanitaires qui ont été tués, dont 179 membres du personnel de l’ONU ».

Ce type de comportement remet sérieusement en question le respect par les parties du droit international humanitaire, a affirmé M. Rajasingham, soulignant que les allégations de violations graves doivent faire l’objet d’une enquête et que les suspects doivent être poursuivis.

Pas de protection

« Le manque indéniable de protection des missions humanitaires a contraint World Central Kitchen et au moins une autre organisation humanitaire – l’ONG Anera – à suspendre leurs opérations », a-t-il déclaré, ajoutant que les deux organisations fournissent de la nourriture à des centaines de milliers de personnes à Gaza chaque semaine. « On ne sait pas quand leur travail reprendra ».

En outre, « il est clair qu’il n’y a aucune protection des civils à Gaza », a-t-il ajouté.

« S'ils n'ont aucune protection contre les dangers du conflit armé, ils doivent être autorisés à la trouver ailleurs », a-t-il déclaré, soulignant qu'il est essentiel de rappeler que toute personne déplacée de Gaza doit se voir garantir le droit de rentrer volontairement, comme l'exige le droit international.

Dans le nord de Gaza, un enfant sur six souffre de malnutrition sévère et plus de 30 personnes sont mortes de faim, ce qui nécessite une action immédiate, a-t-il affirmé, ajoutant que le principal obstacle est la distribution de l'aide. Un « sérieux facteur limitant » est que l’agence des Nations Unies pour les Palestiniens, l’UNRWA, qui est « l’épine dorsale de la réponse humanitaire », n’a pas été autorisée à opérer dans le nord de Gaza.

« Si nous voulons éviter la famine et remédier à la situation humanitaire catastrophique et inadmissible à Gaza, l’UNRWA – et bien sûr toutes les organisations humanitaires impartiales – doivent avoir un accès sûr, rapide et sans entrave à tous les civils dans le besoin. Rien ne peut remplacer les services fournis par l’UNRWA », a-t-il souligné.

« Cette tragédie ne peut pas continuer »

Cette situation humanitaire catastrophique persiste malgré l'ordonnance provisoire de la Cour internationale de Justice (CIJ) exigeant qu'Israël prenne toutes les mesures nécessaires et efficaces pour assurer, sans délai, la fourniture sans entrave, à grande échelle, des services de base et de l'aide humanitaire dont il y a un besoin urgent, et les résolutions du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu et une augmentation des livraisons d’aide.

« Cette tragédie ne peut pas continuer », a déclaré le haut responsable de l'ONU.

De son côté, la cheffe de l'ONG Save The Children US, Janti Soeripto, a rendu hommage aux plus de 200 travailleurs humanitaires tués à Gaza, dont presque tous étaient des Palestiniens.

Elle a déclaré au Conseil que plus d'enfants ont été tués dans le conflit de Gaza que dans tous les conflits armés mondiaux au cours des quatre dernières années.

« Dans ce conflit, 14.000 enfants ont été tués inutilement et violemment, et des milliers d’autres sont portés disparus, présumés ensevelis sous les décombres. Si je devais m’asseoir ici et lire le nom et l’âge de chaque enfant israélien et palestinien décédé depuis le 7 octobre, cela me prendrait plus de 18 heures », a-t-elle dit.

Famine causée par l'homme

À Gaza, près de 350.000 enfants de moins de cinq ans risquent de mourir de faim, a-t-elle dit, avertissant que le monde est face à la menace « d’une famine provoquée par l’homme ». La faim dans le nord de l'enclave est particulièrement préoccupante.

« Si le monde continue sur cette voie – avec toutes les parties au conflit violant de manière flagrante les règles de la guerre et le droit international humanitaire, en toute impunité, avec des nations puissantes refusant d’utiliser les leviers d’influence à leur disposition – alors la prochaine série de morts massives d'enfants à Gaza ne proviendra pas des balles et des bombes, mais de la famine et de la malnutrition », a-t-elle affirmé.

Mme Soeripti s'exprimait au moment où la ville de New York était secouée par un séisme de magnitude 4,8, qui a également été ressenti dans la salle du Conseil de sécurité. « Vous faites trembler le sol », a commenté l’Observateur permanent de l’État de Palestine, Riyad Mansour, assis à ses côtés.

Poursuivant, elle a appelé à un accès sûr et à un cessez-le-feu à Gaza afin que les humanitaires puissent sauver des vies, ainsi qu'à davantage d'aide et à la reprise du commerce et des marchés. Un plan visant à financer et à reconstruire les infrastructures essentielles telles que les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’approvisionnement en eau et les habitations est également nécessaire.