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Six mois de conflit à Gaza : le chef de l’ONU appelle à faire taire les armes et à autoriser davantage d'aide

Un garçon court dans les rues détruites de Gaza.
© UNRWA/Ashraf Amra
Un garçon court dans les rues détruites de Gaza.

Six mois de conflit à Gaza : le chef de l’ONU appelle à faire taire les armes et à autoriser davantage d'aide

Paix et sécurité

Alors que dimanche 7 avril marque le sixième mois depuis les attaques sanglantes du Hamas dans le sud d’Israël, suivies par l’opération israélienne de représailles à Gaza, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé vendredi à faire taire les armes et demandé à Israël d'autoriser une hausse substantielle de l'aide humanitaire distribuée à Gaza.

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« Six mois plus tard, nous sommes au bord d’une famine massive, d’une conflagration régionale, d’une perte totale de confiance dans les normes et standards mondiaux », a affirmé le chef de l’ONU lors d’un point de presse au siège de l’ONU à New York.

« Il est temps de sortir de ce gouffre, de faire taire les armes, d’atténuer les horribles souffrances, et de mettre fin à une famine potentielle avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il ajouté, réitérant ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages, à la protection des civils et à l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé « ses attaques terroristes odieuses en Israël », a rappelé le Secrétaire général. « Le 7 octobre est un jour de douleur pour Israël et le monde ». Près de 1.200 personnes ont été tuées et 250 personnes prises en otage.

Le chef de l’ONU a condamné une nouvelle fois le recours à la violence sexuelle, la torture, les blessures et les enlèvements de civils, les tirs de roquettes vers des cibles civiles et l’utilisation de boucliers humains. Il a appelé à la libération inconditionnelle de tous les otages encore détenus par le Hamas et d'autres groupes armés. « En attendant, ils doivent être traités humainement, avec les visites et l'assistance du Comité international de la Croix-Rouge », a-t-il ajouté, précisant qu’il a rencontré de nombreux membres de familles des personnes retenues en captivité et d'anciens otages eux-mêmes.

Plus de 32.000 morts

Au cours des six derniers mois, le Secrétaire général a noté que la campagne militaire israélienne a causé des morts et des destructions de grande ampleur à Gaza, avec plus de 32.000 personnes tuées et plus de 75.000 blessées – dont une grande majorité de femmes et d’enfants.

« Des vies sont brisées. Le respect du droit international humanitaire est en lambeaux », a-t-il dénoncé.

Le chef de l’ONU a souligné que plus de la moitié de la population, soit plus d’un million de personnes, est confrontée à une faim catastrophique. « Aujourd’hui, à Gaza, des enfants meurent faute de nourriture et d’eau », a-t-il dit. « C’est incompréhensible et tout à fait évitable. Rien ne peut justifier la punition collective du peuple palestinien ».

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, informe les médias de la situation à Gaza.
ONU Photo
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, informe les médias de la situation à Gaza.

Utilisation de l'intelligence artificielle

Il s’est dit également « profondément troublé » par les informations selon lesquelles la campagne de bombardement de l’armée israélienne utilise l’intelligence artificielle comme outil d’identification des cibles, en particulier dans les zones résidentielles densément peuplées, ce qui entraîne un nombre élevé de victimes civiles.

« Aucune partie des décisions de vie ou de mort qui affectent des familles entières ne devrait être déléguée au calcul froid des algorithmes », a déclaré M. Guterres, qui a rappelé qu’il met en garde depuis de nombreuses années contre les dangers de la militarisation de l’intelligence artificielle (IA). « L’IA doit être utilisée comme une force bénéfique au profit du monde ; ne pas contribuer à faire la guerre au niveau industriel, brouillant ainsi la responsabilité ».

Il a également dénoncé « une guerre de l’information » venue aggraver le traumatisme « en obscurcissant les faits et en rejetant les responsabilités ». Selon lui, « refuser aux journalistes internationaux l’entrée à Gaza permet à la désinformation et aux faux récits de prospérer ».

Alors que quelque 196 travailleurs humanitaires – dont plus de 175 membres du personnel de l’ONU – ont été tués, le Secrétaire général a noté que « par sa rapidité, son ampleur et sa férocité inhumaine, la guerre à Gaza est le conflit le plus meurtrier – pour les civils, pour les travailleurs humanitaires, pour les journalistes, pour les agents de santé et pour nos propres collègues ».

Suite au meurtre de sept travailleurs humanitaires de l’ONG World Central Kitchen, cette semaine, le Secrétaire général a noté que le gouvernement israélien a reconnu ses erreurs et annoncé des mesures disciplinaires. « Mais le problème essentiel n’est pas de savoir qui a commis les erreurs, mais plutôt la stratégie militaire et les procédures en place qui permettent à ces erreurs de se multiplier encore et encore », a-t-il dit, estimant que « remédier à ces échecs nécessite des enquêtes indépendantes et des changements significatifs et mesurables sur le terrain ».

Au lendemain de cette tragédie, les Nations Unies ont été informées par le gouvernement israélien de son intention d'autoriser une augmentation substantielle de l'aide humanitaire distribuée à Gaza. Le chef de l’ONU a espéré « sincèrement que ces intentions se concrétiseront efficacement et rapidement car la situation à Gaza est absolument désespérée », alors que « les conditions humanitaires dramatiques nécessitent un bond en avant dans la fourniture de l’aide vitale ».