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L’UNESCO désigne 18 nouveaux géoparcs nationaux, dont deux en France

Le géoparc d'Uberaba, au Brésil.
© José Enrique Martins
Le géoparc d'Uberaba, au Brésil.

L’UNESCO désigne 18 nouveaux géoparcs nationaux, dont deux en France

Climat et environnement

Le Conseil exécutif de l’UNESCO a désigné cette semaine 18 nouveaux géoparcs mondiaux, dont deux en France. Cette décision porte à 213 le nombre total de sites du Réseau mondial des géoparcs UNESCO. Ils sont répartis dans 48 pays.

Créée en 2015, la désignation Géoparc mondial UNESCO reconnaît le patrimoine géologique dont la portée est internationale. Les géoparcs sont au service des communautés locales, et allient la conservation de leur patrimoine géologique unique à la sensibilisation du public et à une approche durable du développement.

L’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) promeut ce concept dans les régions où les géoparcs sont moins nombreux, notamment en Afrique, dans les États arabes et dans les petits États insulaires en développement. Pour ce faire, elle organise des missions d’experts, des séances de formation sur mesure et des consultations à l’échelle nationale et locale, afin d’accompagner la préparation des candidatures au statut de Géoparc mondial UNESCO.

Les 18 nouveaux géoparcs sont situés au Brésil, en Chine, en Croatie, au Danemark, en Espagne, en Finlande, en France, en Grèce, en Hongrie, en Pologne et au Portugal. Un nouveau géoparc transnational est institué en Belgique et au Royaume des Pays-Bas.

Le géoparc d'Oeste au Portugal.
© Oeste UNESCO Global Geopark
Le géoparc d'Oeste au Portugal.

L’histoire géologique et l’histoire humaine s’entremêlent

Ce premier géoparc transnational Belgique-Pays Bas du Schelde Delta est situé entre le bassin de la mer du Nord et le massif du Brabant. Le géoparc incarne un récit à multiples facettes, où l’histoire géologique et l’histoire humaine s’entremêlent pour sensibiliser à l’extrême vulnérabilité de la région face aux changements climatiques. Le projet de conservation qui a été lancé, vise à faire ressurgir la ville médiévale disparue de Reimerswaal, engloutie en 1530 en conséquence des activités d’extraction de tourbe. Cette initiative combine la construction de défenses côtières, la préservation de la qualité de l’eau et l’enrichissement écologique de l’Escaut oriental, soulignant ainsi l’engagement du géoparc en faveur d’une préservation globale de l’environnement.

Au Brésil, l’UNESCO a désigné le géoparc mondial d’Uberaba. IL est situé au sein du deuxième plus grand biome d’Amérique du Sud, dans le sud-est du Brésil. Parmi ses impressionnants sites préhistoriques, figurent les formations de la Serra da Galga et de la Serra Geral. Celles-ci révèlent des coulées basaltiques qui recouvrent les roches sédimentaires de la formation de Botucatu. Cette dernière abrite l’une des plus grandes réserves d’eau douce au monde. L’aquifère éponyme tire son nom du tupi ancien « y-berab », qui signifie « eaux cristallines ». 

Le développement social, culturel et économique de la région est principalement attribué à l’esprit pionnier des agriculteurs locaux, qui ont introduit le zébu à la fin du XIXème siècle. Cette idée a non seulement révolutionné le marché brésilien du bétail, mais elle fait aujourd’hui office de référence internationale en matière d’élevage bovin à moindres émissions de CO2.

La Chine s’est vue désignée 4 nouveaux géoparcs UNESCO. Les géoparcs de Longyan, du mont Changbaishan, de Wugongshan et de Xingyi. Le géoparc mondial UNESCO de Longyan révèle les traces géologiques de l’évolution tectonique du sud-est de la Chine sur près de 300 millions d’années. Parsemé de forêts naturelles qui comptent parmi les plus denses de l’ouest du Fujian, le géoparc recèle une biodiversité très riche et abrite des espèces animales et végétales endémiques, parmi lesquelles le tigre de Chine méridionale et le très rare if de Chine.

Longyan est également le berceau de la culture Hakka. De nombreuses traditions uniques y ont perduré, telles que la danse du dragon « You Da Long », le carnaval « Zou Gu Shi », au cours duquel les participants arborent des tenues traditionnelles, ou encore l’art de l’impression sur bois. Enfin, l’architecture Hakka y est également mise en valeur par les maisons rondes de Peitian, réparties en rangs compacts le long de rues pavées.

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Sites archéologiques

La Croatie a aussi son nouveau géoparc mondial UNESCO avec la désignation des lacs de Biokovo-Imotski. Il est situé en Dalmatie centrale. Il bénéficie d’un emplacement exceptionnel, à la croisée des paysages et des cultures de Méditerranée et d’Europe centrale. Au coeur du géoparc, le massif du Biokovo abrite le mont Saint-Georges, troisième plus haut sommet de Croatie, qui s’élève à 1 762 mètres au-dessus du niveau de la mer. Surnommée la « source de subsistance » par les habitants, la rivière Vrljika s’écoule à travers la région fertile d’Imotski, offrant de l’eau potable ainsi que d’excellentes conditions pour l’agriculture.

Riche d’un patrimoine culturel important, le géoparc abrite plusieurs centaines de sites archéologiques allant de l’Antiquité au Moyen Âge, où l’on trouve notamment des stećci, des stèles funéraires médiévales. Le géoparc s’efforce actuellement de dépolluer les masses d’eau situées au cœur des montagnes karstiques de Croatie et protéger ainsi des écosystèmes essentiels pour les générations futures. 

Au Danemark, l’UNESCO a désigné le géoparc mondial UNESCO de l’archipel de la Fionie du Sud. Il est localisé dans la partie centrale et méridionale du Danemark et englobe des zones terrestres et marines qui relatent environ 800 000 ans d’histoire géologique. La région est réputée pour ses magnifiques paysages vallonnés, ses champs luxuriants et ses eaux de navigation qui comptent parmi les meilleures au monde.

L’archipel de la Fionie du Sud comprend 55 îles et îlots mais chaque île est unique et possède ses propres traditions et sa culture. Elles sont liées par l’histoire maritime commune de la région. L’île de Fionie est surnommée « le jardin du Danemark ». La région compte aujourd’hui de nombreuses petites exploitations agricoles et une multitude de producteurs, et le géoparc a créé un réseau pour les entrepreneurs locaux.

En Espagne, l’UNESCO a désigné le géoparc mondial des volcans de Calatrava à Ciudad Real. Il est situé dans le sud-ouest de la communauté autonome de Castille-La Manche, dans le centre de l’Espagne. Les environs d’Almadén abritent le gisement de minerai de mercure le plus prolifique de la planète, dont l’exploitation remonte à plus de 2 500 ans. Il s’agit donc de la seule mine mercurifère au monde qui opère depuis l’époque romaine. L’être humain a tissé une relation directe avec l’environnement volcanique igné et en est devenu dépendant : les ressources socioéconomiques de base étaient subordonnées à la fertilité de ses sols volcaniques, aux qualités constructives de ses roches volcaniques et à la richesse minière de son sous-sol. Le géoparc englobe également des paysages mentionnés dans Don Quichotte, le roman de Cervantès.

Deux géoparcs en France

La Finlande s’est vue désigné le géoparc mondial UNESCO du lac de cratère d’impact – Lappajärvi. Il est situé dans le sud de l’Ostrobotnie, dans l’ouest du pays. L’élément central du parc est une curiosité géologique : le lac de cratère d’impact Lappajärvi qui s’est formé à la suite de la chute d’une météorite il y a 78 millions d’années. Les visiteurs sont invités à découvrir cette histoire fascinante à travers des expositions interactives, que ce soit en touchant les véritables roches issues de l’impact de la météorite, notamment les diamants qui se sont formés sous l’effet de la pression extrêmement élevée au moment de l’impact, ou en embarquant pour un voyage en réalité virtuelle dans la ceinture d’astéroïdes afin d’assister à la collision. Le lac fournit des produits naturels et du poisson qui sont utilisés dans les repas scolaires, et la coopération avec les écoles apporte une valeur ajoutée à l’écosystème du géoparc.

Pour la France, l’UNESCO a désigné deux géoparcs : celui d’Armorique et celui de Normandie-Maine. Le géoparc mondial UNESCO d’Armorique offre un voyage à travers plus de 500 millions d’années d’histoire géologique. Il met en valeur la remarquable géodiversité de la région, qui comprend un ensemble varié de formations lithologiques, structurales et paléontologiques, dont la plus grande baie d’Europe, la rade de Brest, d’une largeur de 180 kilomètres, et un impressionnant chaos granitique dans la forêt de Huelgoat. Le géoparc organise des balades éducatives et produit des ressources pédagogiques telles que le projet « Écoutons parler les pierres, quels secrets nous révèlent-elles ? », élaborées en français, en anglais et en breton à l’intention des écoliers de la région. Les habitants du géoparc sont fiers de développer et de maintenir une forte identité maritime, péninsulaire et montagnarde.

La Grèce s’est vue dotée du géoparc mondial UNESCO des Météores et de Pyli. Niché dans la région pittoresque de la Thessalie, au cœur de la Grèce continentale, ce géoparc est célèbre pour les imposantes colonnes de grès des Météores, qui atteignent jusqu’à 300 mètres de hauteur. Perchés au sommet de ces « colonnes du ciel », les emblématiques monastères byzantins ont été construits entre le XIIIème et le XVIème siècle. Ils sont ornés de fresques du XVIe siècle, qui marquent une étape fondamentale dans l’histoire de la peinture post-byzantine et offrent un aperçu de la richesse de l’histoire religieuse et du patrimoine artistique de la région.

Dans la partie occidentale du géoparc, les montagnes du Pinde constituent un refuge pour la biodiversité et les amateurs d’activités en plein air, avec ses sommets escarpés, ses prairies alpines, ses forêts luxuriantes et ses rivières sinueuses. En parcourant le terrain unique de la région, les visiteurs peuvent rencontrer des espèces végétales rares, telles que le lis de Chalcédoine et la chasmophyte endémique qui poussent sous les microclimats marqués de la région.

En Hongrie, l’UNESCO a désigné le géoparc mondial de la région de Bükk, dans le nord du pays. Il se trouve dans l’un des environnements géologiques les plus complexes de la Hongrie et comprend une séquence sédimentaire quasi continue couvrant plus de 300 millions d’années, ponctuée par des périodes d’activité volcanique. Le géoparc abrite diverses formations karstiques, comme l’illustrent les près de 1.150 grottes, soit plus du quart de toutes les grottes de Hongrie, dont la grotte Szeleta qui a été habitée pendant 130.000 ans. Elle a donné son nom à la culture szélétienne.

La riche biodiversité de la région comprend des insectes, des espèces de chauves-souris cavernicoles et de nombreuses espèces rares telles que le circaète Jean-le-Blanc, l’aigle impérial, la cigogne noire et le cincle plongeur.

Programme « passeport d’exploration »

En Pologne, on inaugure le nouveau géoparc mondial UNESCO du Pays des volcans éteints, situé dans les paysages pittoresques du sud-ouest de la Pologne. Il présente des vestiges caractéristiques de volcans et de coulées de lave du Paléozoïque et du Cénozoïque, datant 35 à 15 millions d’années. Le mont Ostrzyca, avec son neck basaltique conique, dessine la silhouette la plus emblématique de la région. L’histoire du territoire est étroitement liée à ses ressources minérales et atteste d’une longue tradition de prospection aurifère et cuprifère. L’ancienne carrière de basalte de Wilcza Góra témoigne des récentes initiatives de conservation et d’innovation menées à l’échelle locale, puisqu’elle a été reconvertie à des fins scientifiques et pédagogiques. Le géoparc propose un programme de « passeport d’exploration » : les visiteurs peuvent collecter des tampons et des autocollants auprès des établissements locaux participants et avoir la possibilité de remporter une médaille fabriquée par un artisan local.

Le Portugal peut aussi étrenner son nouveau géoparc mondial UNESCO d’Oeste. Ill est situé le long de la côte centre-ouest du Portugal et englobe plus de 72 kilomètres de littoral atlantique, dont plus de 15 kilomètres de plages de sable. La bande côtière dévoile des couches géologiques qui s’étendent de la fin du Trias, période à laquelle s’est produite l’ouverture de l’océan Atlantique Nord, il y a environ 230 millions d’années à l’Holocène, il y a 11.700 ans. 

Aujourd’hui jalonnée de plusieurs petits ports de pêche, elle joue un rôle crucial dans l’économie locale. L’artisanat de la dentelle au fuseau de Peniche, unique en son genre, était traditionnellement l’apanage des femmes de pêcheurs. Le géoparc mondial UNESCO d’Oeste possède plus de 180 sites fossilifères où l’on a mis au jour les restes de 12 espèces distinctes de dinosaures. Il abrite deux sites de nids d’œufs de dinosaures fossilisés contenant des embryons, dont il n’en existe que 12 au monde.

La désignation « Géoparc mondial UNESCO » a été créée en 2015. Les géoparcs mondiaux UNESCO sont des unités géographiques uniques, où les sites et les paysages de portée géologique internationale sont gérés selon un concept intégré de protection, d’éducation et de développement durable. En sensibilisant les populations à l’importance du patrimoine géologique de leur région dans l’histoire et à la société d’aujourd’hui, les géoparcs mondiaux UNESCO leur confèrent un sentiment de fierté envers leur région et renforcent leur attachement au territoire. Les nouvelles sources de revenus générées par le géotourisme stimulent la création d’entreprises locales innovantes, de nouveaux emplois et de formations de haute qualité.

Les Géoparcs mondiaux UNESCO se voient attribuer cette désignation pour une période de quatre ans, au terme de laquelle le fonctionnement et la qualité de chaque Géoparc mondial UNESCO sont réexaminés en profondeur dans le cadre d’un processus de revalidation.