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Il est urgent de protéger les enfants d’Haïti, plaide une experte de l’ONU

L'escalade de la violence dans la capitale haïtienne Port-au-Prince a forcé davantage de personnes à fuir leur domicile.
© UNICEF/Herold Joseph
L'escalade de la violence dans la capitale haïtienne Port-au-Prince a forcé davantage de personnes à fuir leur domicile.

Il est urgent de protéger les enfants d’Haïti, plaide une experte de l’ONU

Paix et sécurité

L'escalade rapide de la situation en Haïti a des effets dévastateurs sur les enfants, remettant en question leur droit à la sécurité, à la santé, au bien-être et à une enfance paisible, a déclaré vendredi la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants les conflits armés, Virginia Gamba.

La montée sans précédent de la violence des gangs armés contraint en outre des milliers de familles, y compris des enfants, à fuir leur foyer en quête de protection et de secours vitaux. On estime que la moitié de la population (5,5 millions) a besoin d’une aide humanitaire d’urgence et les enfants, qui représentent plus de 30 % de la population, sont particulièrement vulnérables car le tissu social et les services de base, y compris l’éducation, sont considérablement perturbés.

Violations graves signalées

Haïti a été inclus comme situation préoccupante dans le cadre de l'agenda des enfants et des conflits armés, selon le dernier rapport du Secrétaire général, compte tenu de la gravité et du nombre de violations graves signalées et vérifiées.

Les six violations graves identifiées par le Conseil de sécurité des Nations Unies sont : le recrutement et l'utilisation, le meurtre et la mutilation, le viol et autres formes de violence sexuelle, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les enlèvements et le refus d'accès humanitaire.

La surveillance et le signalement des violations graves contre les enfants se poursuivent depuis juin 2023 et les informations recueillies montrent un nombre croissant de violations des droits de l’enfant.

À la lumière de l'augmentation des troubles, des violations des droits de l'homme, des abus et des menaces d'une nouvelle escalade imminente de la situation, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés réitère que les enfants, c'est-à-dire toute personne de moins de 18 ans , ont droit à des droits et à une protection spéciaux en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant et de son Protocole facultatif concernant l’implication des enfants dans les conflits armés.

Virginia Gamba exhorte en outre ceux qui peuvent influencer à tout faire pour prévenir de graves violations contre les enfants et exhorte les gangs à libérer immédiatement tous les enfants de leurs rangs et à les remettre aux acteurs civils de la protection de l'enfance.

La Représentante spéciale appelle à la fourniture urgente d'un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave pour permettre la fourniture de services vitaux et essentiels, notamment les services de santé et d'éducation, et exprime sa préoccupation quant à l'impact humanitaire des développements actuels.

La Représentante spéciale fait écho aux appels au financement et au déploiement rapide de la mission multinationale de soutien à la sécurité pour répondre aux besoins de sécurité du peuple haïtien, y compris la protection des enfants et d'autres groupes vulnérables.

Situation tendue et instable

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires a déclaré vendredi que la situation sécuritaire dans la capitale haïtienne Port-au-Prince reste tendue et instable.

Dans une nouvelle enquête, le Programme alimentaire mondial a constaté que les événements récents ont encore davantage dégradé la sécurité alimentaire. Les personnes ayant les niveaux de consommation alimentaire les plus faibles sont passées de 32% à 41%, selon l'enquête. Plus de deux ménages sur trois ont vu leurs revenus baisser, et sept départements sur dix en Haïti ont signalé une augmentation du prix des denrées alimentaires.

Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) affirme que la faim et la malnutrition potentiellement mortelle atteignent des niveaux records dans tout le pays et sont concentrées dans la capitale, Port-au-Prince, les quartiers les plus pauvres, les plus précaires et les plus encombrés. De plus en plus de parents ne peuvent plus fournir des soins et une alimentation appropriés à leurs enfants. Ils ne peuvent pas non plus emmener leurs enfants dans les centres de santé en raison de la violence ambiante. En Haïti, près d'un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique.

Le nombre de personnes nouvellement déplacées s'élève à 15.000 à Port-au-Prince, mais il convient de répéter que ces familles avaient déjà été déplacées auparavant, parfois à plusieurs reprises.

« Nos collègues humanitaires nous disent que les gens sont épuisés et en détresse », a dit le porte-parole du Secrétaire général.

« Nous et nos partenaires nationaux continuons de travailler 24 heures sur 24, malgré les risques pour atteindre les personnes dans le besoin. Hier, le Programme alimentaire mondial a distribué quelque 14.000 repas chauds aux personnes déplacées à Port-au-Prince. Ils ont également distribué des rations alimentaires à 3.500 personnes à Cité Soleil », a-t-il précisé.