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Syrie : il faut une solution politique pour mettre fin à la violence après 13 ans de conflit

Quelque 6,8 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la Syrie.
© UNOCHA Syria
Quelque 6,8 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la Syrie.

Syrie : il faut une solution politique pour mettre fin à la violence après 13 ans de conflit

Paix et sécurité

Le conflit en Syrie qui entre dans sa 14ème année évolue de manière préoccupante sans qu'une solution politique ne soit en vue, s’est alarmé l’Envoyé spécial pour la Syrie, ce vendredi.

« Tous les Syriens sans exception endurent une violence et une dévastation indescriptibles », a estimé Geir O. Pedersen dans une déclaration.

La crise humanitaire continue de s'intensifier. Quelque 16,7 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire. Plus de cinq millions de réfugiés syriens vivent dans les pays voisins et plus de sept millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays. L’économie syrienne s'est effondrée.

« Seule la recherche d'une solution politique pour mettre fin à ce conflit peut redonner espoir au peuple syrien », a insisté l’Envoyé spécial appelant à mettre fin à la violence. 

Un réfugié syrien, père de six enfants, tient sa fille de cinq ans dans ses bras. Lui et sa famille vivent dans le camp d'Azraq en Jordanie depuis 2016.
© UNHCR/Claire Thomas
Un réfugié syrien, père de six enfants, tient sa fille de cinq ans dans ses bras. Lui et sa famille vivent dans le camp d'Azraq en Jordanie depuis 2016.

Se mettre d’accord sur un cessez-le-feu 

« Les parties au conflit doivent cesser immédiatement toute violence, respecter le droit international humanitaire, protéger les civils et les infrastructures civiles, se mettre d’accord sur un cessez-le-feu à l'échelle nationale et œuvrer en faveur d'une approche coopérative et stratégique de lutte contre le terrorisme », a exhorté M. Pedersen.

Il a aussi demandé la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes détenues arbitrairement, ajoutant qu’il « est essentiel de régler le sort des détenus, des personnes enlevées et des personnes disparues de manière globale ».

L’Envoyé spécial a regretté que les réfugiés et les déplacés ne disposent toujours pas des conditions nécessaires à un retour sûr, digne et volontaire. « La question de leur protection et leurs moyens de subsistance n’est toujours pas résolues », a-t-il dit.

Il a encouragé les parties à prendre des mesures pour résoudre toutes les questions en suspens sans plus tarder.

Faire pression en faveur d’un processus politique 

L’Envoyé spécial a demandé à la communauté internationale de faire pression en faveur d'un processus politique conforme à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et jugé nécessaire des mesures de confiance et la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle. 

« La paix demeure la priorité à la paix. Sans elle, les tendances à la baisse de presque tous les indicateurs en Syrie ne feront que descendre au cours de l'année à venir », a prévenu M. Pedersen pour qui « le peuple syrien mérite mieux ». 

Pour sa part, dans une déclaration, publiée le 11 mars dernier, à l'occasion du treizième anniversaire du conflit, le Secrétaire général de l'ONU a souligné l'urgence d'une solution politique négociée en Syrie, en insistant sur la protection des civils et la situation humanitaire désastreuse.

Répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien 

António Guterres a exhorté toutes les parties prenantes à « faire tout ce qui est nécessaire pour parvenir à une solution politique authentique et crédible ». Une solution qui doit répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien, et rétablir la souveraineté, l'unité, l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays. 

« Elle doit aussi créer les conditions nécessaires au retour volontaire des réfugiés dans la sécurité et la dignité », a-t-il déclaré. « Il faut mettre fin à l’impunité de tous les responsables des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles et sexistes, de la torture et d'autres violations en Syrie ».

Une jeune fille diagnostiquée comme souffrant de malnutrition reçoit de sa mère un supplément nutritionnel.
© UNICEF Syria
Une jeune fille diagnostiquée comme souffrant de malnutrition reçoit de sa mère un supplément nutritionnel.

La malnutrition s’aggrave

De son côté, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a prévenu que la malnutrition s’aggrave en Syrie, avec plus de 650.000 enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition chronique. Il s’agit d’une augmentation d’environ 150.000 en quatre ans depuis 2019.

« La malnutrition chronique, ou retard de croissance, cause des dommages irréversibles au développement physique et cognitif des enfants, ce qui a un impact sur leur capacité d’apprentissage, leur productivité et leurs revenus plus tard à l’âge adulte », a rappelé dans un communiqué l’agence onusienne.

Le conflit continue de dévaster l’avenir des enfants et leur vie. « Treize ans après le début du conflit en Syrie, les enfants paient un prix insupportable. Ils ont besoin d’une chance. Même si leur situation ne fait plus la Une des médias, il faut continuer à les soutenir pour qu’aucun enfant syrien ne soit laissé pour compte », a déclaré la Directrice régionale de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Adele Khodr.

Au total, près de 7,5 millions d’enfants dans le pays ont besoin d’une aide humanitaire - plus qu’à n’importe quel autre moment du conflit.

Selon l’UNICEF, des cycles répétés de violence et de déplacement, une crise économique dévastatrice et des privations extrêmes, des épidémies et les tremblements de terre dévastateurs de l’année dernière ont laissé des centaines de milliers d’enfants exposés à des conséquences physiques et psychosociales à long terme.