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Ce n'est que dans des circonstances exceptionnelles et avec des preuves incontestables de meurtre intentionnel que le droit international autorise la peine de mort.

Etats-Unis : l’ONU regrette l’exécution par inhalation d’azote de Kenneth Eugene Smith

© UNICEF/Josh Estey
Ce n'est que dans des circonstances exceptionnelles et avec des preuves incontestables de meurtre intentionnel que le droit international autorise la peine de mort.

Etats-Unis : l’ONU regrette l’exécution par inhalation d’azote de Kenneth Eugene Smith

Droit et prévention du crime

L'Etat américain de l’Alabama a exécuté jeudi Kenneth Eugene Smith, condamné à la peine capitale pour meurtre, par inhalation d’azote, une première mondiale, qui pourrait s’apparenter à de la torture, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH). 

« Je regrette profondément cette exécution en Alabama, alors que l'on craint sérieusement que cette méthode nouvelle et non testée d'asphyxie par l'azote gazeux ne s'apparente à de la torture ou à un traitement cruel, inhumain ou dégradant », a indiqué dans un communiqué le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

« Un anachronisme qui n’a pas sa place au 21e siècle »

« Malgré notre appel, l'exécution a eu lieu », a déploré ce vendredi lors d’un point presse à Genève la porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani. 

Elle a précisé que le Haut-Commissariat avait suivi les rapports indiquant qu’il semblerait que l’exécution ait pris jusqu'à 25 minutes et que Kenneth Eugene Smith « se tordait et souffrait manifestement ». 

L'hypoxie à l'azote pourrait s'apparenter à de la torture, à un traitement inhumain et dégradant

« Ce que nous avons dit, c'est qu'au lieu de chercher de nouvelles méthodes non testées pour exécuter les gens, nous devrions simplement mettre fin à la peine de mort. C'est un anachronisme qui n'a pas sa place au 21e siècle », a déclaré Mme Shamdasani.

Violation des traités des droits humains signés par les Etats-Unis

Les autorités de l’Alabama ont publié un communiqué disant que cette méthode d’exécution avait fonctionné et qu’elle était donc satisfaisante, a déploré la porte-parole du HCDH. « Ce n'est pas le cas. Cela pourrait s'apparenter à de la torture, à un traitement inhumain et dégradant, en violation des traités des droits de l'homme que les États-Unis ont signés ».

« Ce qui nous préoccupe et ce qui explique que nous soyons si virulents à ce sujet, c'est que nous craignons que cette méthode d'exécution ne soit désormais acceptée. Nous avons déjà vu d'autres États américains – le Mississipi et l’Oklahoma - approuver son utilisation. Nous les exhortons à ne pas utiliser l'azote gazeux pour exécuter des personnes et à œuvrer en faveur d'un moratoire », a insisté Mme Shamdasani. 

Elle a expliqué que le Haut-Commissariat et le Haut-Commissaire utilisaient tous les outils dont ils disposent pour tenter d'influencer la situation et d'empêcher les autres Etats d’utiliser les mêmes méthodes. 

Une militante tient des pancartes contre la peine de mort devant le bâtiment de la Cour suprême des États-Unis à Washington.
© Unsplash/Maria Oswalt
Une militante tient des pancartes contre la peine de mort devant le bâtiment de la Cour suprême des États-Unis à Washington.

La peine de mort ne dissuade pas la criminalité

Mme Shamdasani a rappelé qu’il n'est pas prouvé que la peine de mort dissuade la criminalité, mais qu’au contraire, il existe de nombreuses preuves d'erreurs judiciaires, de discrimination dans l'application de la peine de mort, qui est appliquée de manière disproportionnée aux minorités et aux personnes issues de milieux défavorisés. 

« Il est donc temps d'y mettre un terme », a-t-elle insisté. 

« La peine de mort est incompatible avec le droit fondamental à la vie. Je demande instamment à tous les États de mettre en place un moratoire sur son application, dans le cadre d'une étape vers l'abolition universelle », a pour sa part conclu Volker Türk dans son communiqué.