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 Les jeunes délégués internationaux pour le climat (IYCD) posent pour une photo de groupe lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, COP28, à Expo City à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

« Nos voix et nos besoins doivent être prioritaires dans les négociations sur le climat », affirment les jeunes à la COP28

COP28/Anthony Fleyhan
Les jeunes délégués internationaux pour le climat (IYCD) posent pour une photo de groupe lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, COP28, à Expo City à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

« Nos voix et nos besoins doivent être prioritaires dans les négociations sur le climat », affirment les jeunes à la COP28

Climat et environnement

Les jeunes défenseurs du climat présents à la COP28 à Dubaï vendredi ont déclaré qu'ils ne resteraient pas les bras croisés alors que le changement climatique menace leur avenir. Estimant que leurs voix et leurs idées peuvent contribuer à sauver la planète, ils ont demandé aux décideurs politiques de donner la priorité aux besoins des quelque 2 milliards d'enfants dans le monde.

Alors que les négociations sur la lutte contre le réchauffement climatique et l'avenir des combustibles fossiles font couler beaucoup d'encre lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat qui doit s'achever mardi prochain, les jeunes et les enfants se sont retrouvés sous les feux de la rampe vendredi.

Avant la conférence, les Nations Unies ont publié une série de rapports catastrophiques confirmant que notre planète se trouve à un point de basculement. La dernière étude de l'agence météorologique des Nations Unies, l'OMM, indique que les gaz à effet de serre ont « accéléré de façon spectaculaire la fonte des glaces et l'élévation du niveau de la mer ».

Le monde compte 1,8 milliard de jeunes âgés de 10 à 24 ans, soit la plus grande génération de jeunes de l'histoire. Ils sont de plus en plus nombreux à s'exprimer et à prendre conscience des risques posés par la crise climatique, et ils ont occupé le devant de la scène vendredi au théâtre Al-Waha de l'Expo City de Dubaï.

Rivan, 13 ans, jeune activiste libyenne pour le climat, a voyagé avec l'UNICEF pour participer à la COP28 à Dubaï.
ONU Info
Rivan, 13 ans, jeune activiste libyenne pour le climat, a voyagé avec l'UNICEF pour participer à la COP28 à Dubaï.

Un mouvement pour le changement

Lors d'un événement consacré au dialogue avec les jeunes, Ameila Turk de YOUNGO - un réseau mondial d'enfants et de jeunes militants - a présenté la déclaration mondiale des jeunes remise aux délégués lors de la COP28, un document politique préparé à partir de plus de 750.000 contributions reçues de plus de 150 pays.

Selon elle la déclaration fait partie du mouvement pour le climat.

« Même si nous n'avons pas nécessairement la possibilité d'amener tout le monde à la COP, la déclaration mondiale est un excellent exemple de la façon dont nous pouvons montrer ce qui nous tient vraiment à cœur et pourquoi nous sommes ici », a dit Ameila Turk.

Mashkur Isa, de YOUNGO, a demandé aux participants de moins de 35 ans de lever la main et la plupart des mains se sont levées dans l'auditorium bondé.

Il a fait remarquer qu'il était regrettable qu'un tel niveau de représentation des jeunes soit le plus souvent absent des travaux quotidiens de la COP28, ainsi que des précédentes conférences des Nations Unies sur le climat.

« Malgré nos appels continus à une action climatique ambitieuse, nos enfants et nos jeunes sont absents des discussions sur le climat, des engagements et de l'élaboration des politiques. Les parties doivent protéger nos intérêts en plaçant immédiatement les voix des enfants et des jeunes au centre de tous les niveaux de prise de décision sur le changement climatique », a-t-il déclaré.

Action pour l'autonomisation climatique 

Bhumi Sharma, membre de YOUNGO et modérateur du dialogue des jeunes sur le climat, a déclaré qu'il était crucial d'assurer le financement de l'Action pour l'autonomisation climatique (ACE).

L'ACE, qui fait écho à l'un des objectifs de l'article 6 de l'Accord de Paris, vise à donner à tous les membres de la société les moyens de s'engager dans l'action climatique par le biais de l'éducation et de la sensibilisation du public, de la formation, de la participation du public, de l'accès du public à l'information et de la coopération internationale.

« Il y a eu une absence chronique de fonds et, malgré les efforts, les pays développés ne veulent pas en parler », a-t-elle ajouté.

S'adressant à ONU Info, elle a souligné que le militantisme en faveur de l'action climatique vient de l'intérieur, « et bien que nous ne puissions forcer personne à se soucier de quelque chose qu'il ne fait pas », elle espère que les gens prendront la crise climatique au sérieux.

Yasmine Sherif, directrice exécutive d'Education Cannot Wait, le fonds mondial des Nations Unies pour l'éducation dans les situations d'urgence et les crises prolongées, lors de la COP28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
ONU Info/Sachin Gaur
Yasmine Sherif, directrice exécutive d'Education Cannot Wait, le fonds mondial des Nations Unies pour l'éducation dans les situations d'urgence et les crises prolongées, lors de la COP28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

La crise climatique est une crise de l'éducation

Selon une analyse de l'UNICEF publiée au début de l'année, les catastrophes météorologiques ont provoqué le déplacement de 43,1 millions d'enfants dans 44 pays sur une période de six ans, soit environ 20.000 enfants déplacés par jour.

ONU Info s'est entretenu avec Yasmine Sherif, la Directrice exécutive d'Education Cannot Wait (L'éducation ne peut pas attendre), le fonds mondial de l'ONU pour l'éducation dans les situations d'urgence, qui a récemment lancé un appel de 150 millions de dollars pour intensifier les efforts en réponse à la crise climatique.

« Le changement climatique s'est avéré être l'une des principales causes de déplacement après un conflit », a-t-elle déclaré, ajoutant que le déplacement affecte l'éducation des enfants et des jeunes, et finalement leur avenir.

Une nouvelle étude d'Education ne peut pas attendre montre que l'éducation de 62 millions d'enfants et d'adolescents a été perturbée en conséquence immédiate et directe du changement climatique.

En effet, près de 29.000 écoles ont été endommagées ou détruites à la suite d'inondations au Pakistan, et la sécheresse a un impact sur la vie des jeunes en Somalie et dans la Corne de l'Afrique.

« Il est important de ne pas séparer le changement climatique de l'impact qu'il a sur certains services de base. Il ne s'agit pas de deux programmes différents », a expliqué Mme Sherif. « La crise climatique est une crise de l'éducation ».

Plus de financement

Lors de la COP28, Education Cannot Wait fait pression pour que de nouveaux progrès soient réalisés et pour que l'éducation soit au cœur de l'agenda de l'action climatique. 

« Si nous n'investissons pas dans l'éducation, tous les milliards que nous investissons sont de l'argent perdu », a déclaré Mme Sherif.

Elle a ajouté que même un petit investissement dans l'éducation peut faire beaucoup pour que la nouvelle génération continue d'aller à l'école et devienne les ingénieurs, les scientifiques et les enseignants qui continueront à sauver notre mère la Terre.

« Ne me dites pas qu'il n'y a pas de ressources. Si nous prenions 5% des dépenses militaires pour les consacrer à l'éducation et à la lutte contre la crise climatique... Nous disposerions de 100 milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique. Le message est donc qu'il faut commencer à redéfinir les priorités », a-t-elle souligné.

Il y a longtemps que cela aurait dû être fait

Pour sa part, Carmen Burbano, du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré qu'il était « grand temps » que le lien entre l'éducation, la jeunesse et l'action climatique fasse l'objet d'un thème spécifique lors d'une journée de conférence sur le climat.

La Directrice de l'unité d'alimentation scolaire du PAM s'est entretenue avec ONU Info en marge d'un événement consacré à la réimagination des repas scolaires pour la santé de la planète et des enfants.

En tant que « plus grand programme d'assistance sociale au monde, nous modifions l'alimentation d'un tiers de la population dans de nombreux pays, ce qui a un impact direct sur les objectifs climatiques », a-t-elle déclaré.

Elle a souligné que le passage à des sources d'énergie plus propres pour la cuisson de ces repas peut également avoir un impact sur la prévention de la déforestation et même inciter les communautés autour des écoles à utiliser davantage d'énergies renouvelables.

Mme Burbano a déclaré que l'éducation, les systèmes alimentaires et l'action en faveur du climat « doivent vraiment être réunis dans des ensembles de solutions » et a espéré que cela resterait une caractéristique des futures conférences sur le climat. Elle a également salué l'inclusion des repas scolaires dans la déclaration sur les systèmes alimentaires faite lors de la COP28 comme l'une des solutions.

Pour en savoir plus, retrouvez toute notre couverture de la COP28 dans notre page spéciale.