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Craignant des crimes de guerre à Gaza, l’ONU réclame la fin des violences et la libération des otages

Le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, s'adressant aux médias au point de passage de Rafah vers Gaza.
© OHCHR
Le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, s'adressant aux médias au point de passage de Rafah vers Gaza.

Craignant des crimes de guerre à Gaza, l’ONU réclame la fin des violences et la libération des otages

Droit et prévention du crime

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a réitéré ce vendredi depuis la Jordanie ses appels à un cessez-le-feu humanitaire pour apporter une aide humanitaire à Gaza. 

Il a aussi appelé à la libération de tous les otages israéliens ainsi qu’à une fin « durable » de la situation « cauchemardesque » que vivent les personnes prises au piège dans l'enclave.

« L'eau est rare et la peur omniprésente » à Gaza, a déclaré M. Türk aux journalistes à Amman, relatant une conversation qu'il avait eue quelques minutes plus tôt avec un collègue à Gaza qui avait dû fuir les bombardements israéliens avec sa famille. « Ses enfants de 9 et 7 ans lui posent des questions auxquelles il ne sait pas répondre : « Pourquoi cela nous arrive-t-il ? Qu'a-t-on fait ? » ».

Plus de cent morts dans les rangs de l'UNRWA

La conférence de presse de M. Türk a au lieu ce vendredi matin, alors que des informations concomitantes indiquaient que l’enceinte de l'hôpital Al Shifa de la ville de Gaza, où des milliers de déplacés Palestiniens ont trouvé refuge, avait été frappée. 

Plus tard dans la journée, l'agence pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) confirmait que le nombre de morts parmi son personnel avait dépassé la centaine depuis que les représailles israéliennes ont débuté. 

Il faut « mettre fin à la violence, garantir la sécurité des travailleurs humanitaires, fournir un accès sûr pour que l'aide soit acheminée à tous ceux qui en ont besoin, veiller à ce que les gens aient suffisamment à manger, d’eau, de soins médicaux, ainsi qu’un abri. Il faut libérer les otages et traduire en justice les auteurs de graves violations, conformément au droit international humanitaire », a insisté le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU.

Justice pour les victimes des attaques du Hamas

S'exprimant sur les massacres perpétrés par le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre, M. Türk a déclaré que ces attaques « devraient indigner chacun d'entre nous. Il faut que justice soit faite, et que les victimes de ces crimes atroces obtiennent justice et réparation », a-t-il insisté. 

Les 240 otages du Hamas doivent être rapatriés et les « tirs de roquettes aveugles sur Israël » par les groupes armés palestiniens doivent aussi cesser, a poursuivi M. Türk. 

S'exprimant également sur les frappes « particulièrement intenses » contre les hôpitaux et à proximité des hôpitaux de la ville de Gaza, M. Türk a souligné que le droit international humanitaire accorde une protection spéciale aux travailleurs médicaux. 

Respecter les lois de la guerre

« Toute utilisation par des groupes armés palestiniens de civils et de biens de caractère civil pour se protéger d'une attaque est contraire aux lois de la guerre. Mais un tel comportement de la part des groupes armés palestiniens n'exonère pas Israël de son obligation de veiller à ce que les civils soient épargnés – que les principes de distinction, de précautions dans les attaques et de proportionnalité soient respectés », a-t-il insisté.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a également déclaré qu'il était « extrêmement affligeant » de voir ce qui arrive au personnel de l'ONU à Gaza – « le fait que nous ayons perdu 99 membres du personnel de l’UNRWA [l'agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient] est sans précédent ». 

Qualifiant d'« inacceptable » que plus de 600 personnes déplacées à la recherche d'un abri aient été tuées alors qu'ils se trouvaient dans les écoles gérées par l'UNRWA, M. Türk a aussi rappelé sur le « principe d'inviolabilité des locaux de l'ONU ».

Mettre fin au « calvaire » des civils 

« Le siège complet de Gaza qui dure depuis plus d’un mois a transformé en calvaire la quotidiens des habitants » a ajouté M. Türk, parlant de « survie » à leur égard et insistant sur le fait que toutes les formes de punition collective devaient cesser. 

À ce jour, un total de 821 camions d'aide humanitaire a été autorisé à entrer dans Gaza depuis l'Égypte par le point de passage de Rafah depuis la reprise des livraisons, le 21 octobre. Avant la crise, une moyenne de 500 camions entrait quotidiennement dans l'enclave. 

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Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a déclaré ce vendredi qu'il n'avait pas accès au nord de Gaza pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes s’y trouvant. La situation fait écho aux commentaires de M. Türk, selon qui « le bombardement intensif israélien de Gaza, y compris l'utilisation d'armes explosives à fort impact dans des zones densément peuplées », avait rasé « des dizaines de milliers de bâtiments ». 

« Israël doit immédiatement mettre fin à l'utilisation de ces méthodes et moyens de guerre, et les attaques doivent faire l'objet d'une enquête », a-t-il par ailleurs déclaré. 

« Aucun lieu sûr »

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a rappelé que les civils devaient être protégés par le droit international « où qu'ils se trouvent », alors qu’à l'heure actuelle, « aucun coin de Gaza n'est sûr » et que les zones de sécurité dictées par les Forces de défense israéliennes posaient question.

Le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric. Photo : ONU / Evan Schneider (archive)
ONU Photo/Evan Schneider
Le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric. Photo : ONU / Evan Schneider (archive)

Réagissant à une annonce des États-Unis annonçant qu'Israël avait accepté de faire une pause humanitaire quotidienne de quatre heures dans les opérations militaires dans le nord de Gaza, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré ce jeudi en conférence de presse que tout plan de pause humanitaire à court terme devrait être mis en œuvre en coordination avec l'ONU et après accord de toutes les parties. « Pour que cela puisse se faire en toute sécurité à des fins humanitaires, il faudrait évidemment que cela soit convenu avec toutes les parties au conflit pour être vraiment efficace », a-t-il déclaré, « en particulier sur la question du moment et du lieu ». 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme achève une visite de cinq jours au Moyen-Orient et a témoigné de sa visite à l'hôpital El Arish de Rafah, en Égypte, où il a vu de jeunes enfants de Gaza grièvement blessés. 

« Ces enfants font partie des chanceux. Ils ont terriblement souffert mais sont toujours en vie et reçoivent un traitement médical approprié », a-t-il souligné, en citant les chiffres des autorités sanitaires de l'enclave, selon lesquels quelque 4 400 autres enfants ont été tués à Gaza au cours du mois dernier et plus de 26 000 blessés, tandis que des personnes handicapées, sont bloquées sans soins sous les bombes.

En Cisjordanie, « mettre fin au cycle de la violence »

M. Türk s’est aussi exprimé sur la  situation en Cisjordanie. Il a notamment appelé les autorités israéliennes à assurer la protection des Palestiniens confrontés quotidiennement à « la violence des forces israéliennes et des colons, aux mauvais traitements, aux arrestations, aux expulsions, à l'intimidation et à l'humiliation ». 

Citant des chiffres selon lesquels cette année, environ 200 Palestiniens ont déjà été tués en Cisjordanie avant le 7 octobre  - et 176 depuis, M. Türk a évoqué « la violence des colons » dans un contexte d'impunité persistante. 

Le Haut-Commissaire Türk, qui n'a pas encore été autorisé à se rendre en Israël et dans le territoire palestinien occupé dans le cadre de sa visite dans la région, a déclaré qu'il s'était entretenu par téléphone avec des défenseurs des droits de l'homme des deux côtés. 

« Les États membres influents doivent redoubler d'efforts pour amener les parties à un cessez-le-feu, sans plus tarder », a-t-il estimé.