L'actualité mondiale Un regard humain
L'aide humanitaire est bloquée près du poste frontière de Rafah, en Égypte, depuis le 14 octobre 2023.

Gaza : l'ONU salue l'entrée d’un 1er convoi d'aide, mais il en faut beaucoup plus

Photo ONU/Eskinder Debebe
L'aide humanitaire est bloquée près du poste frontière de Rafah, en Égypte, depuis le 14 octobre 2023.

Gaza : l'ONU salue l'entrée d’un 1er convoi d'aide, mais il en faut beaucoup plus

Aide humanitaire

Le Coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, a salué l'entrée samedi d'un convoi d'aide à Gaza, le premier depuis le début des hostilités à la suite des attaques meurtrières du Hamas contre Israël, il y a deux semaines.

Tweet URL

Le convoi de 20 camions qui a franchi le poste frontière de Rafah avec l'Égypte comprend des fournitures vitales fournies par le Croissant-Rouge égyptien et les Nations Unies.

Les articles ont été autorisés à traverser et à être reçus par le Croissant-Rouge palestinien, avec le soutien de l'ONU.

« Je suis convaincu que cette livraison marquera le début d'un effort durable pour fournir des produits essentiels - notamment de la nourriture, de l'eau, des médicaments et du carburant - à la population de Gaza, de manière sûre, fiable, inconditionnelle et sans entrave », a déclaré M. Griffiths dans un communiqué publié sur son compte officiel sur X.

Une situation humanitaire « catastrophique »

Cette livraison fait suite à des jours de négociations approfondies et intenses avec toutes les parties concernées afin de garantir que l'opération d'aide à Gaza reprenne le plus rapidement possible et dans de bonnes conditions, a ajouté M. Griffiths.

Le poste frontière de Rafah est le seul ouvert avec Gaza. Des centaines de camions y attendent afin d’acheminer de la nourriture, de l'eau, des médicaments et d'autres produits de première nécessité dans l'enclave palestinienne, où les réserves s'épuisent.

M. Griffiths a affirmé que la situation humanitaire déjà précaire à Gaza a atteint des niveaux « catastrophiques » depuis le début des hostilités, et qu'il est essentiel que l'aide parvienne aux personnes dans le besoin, où qu'elles se trouvent dans la bande de Gaza, et à la juste échelle. 

« La population de Gaza endure des décennies de souffrance. La communauté internationale ne peut pas continuer à les laisser tomber », a-t-il déclaré.

« Planche de salut » dans un contexte de pénurie

Le Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également annoncé que des fournitures médicales de l'agence avaient franchi la frontière « mais les besoins sont bien plus importants ».

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné, dans un message sur X, la nécessité d'assurer le passage en toute sécurité des convois supplémentaires, la protection de tous les travailleurs humanitaires et l'accès durable à l'aide sanitaire.

Par ailleurs, dans un communiqué, l'OMS a indiqué que les hôpitaux de Gaza ont déjà atteint le point de rupture en raison de la pénurie et l'épuisement des médicaments et des fournitures médicales, qui constituent une « planche de salut » pour les personnes blessées et celles aussi qui luttent contre des maladies chroniques.

Des familles fuient leur quartier dévasté pour chercher refuge dans le sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Des familles fuient leur quartier dévasté pour chercher refuge dans le sud de la bande de Gaza.

Venir en aide à 1,1 million de personnes

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué que trois camions transportant 60 tonnes de nourriture d'urgence -dont du thon en conserve, de la farine de blé, des pâtes, des haricots en conserve et du concentré de tomates en conserve- étaient parmi le premier convoi. 

« Cette nourriture est désespérément nécessaire car les conditions à l'intérieur de Gaza sont vraiment catastrophiques », a déclaré samedi la Directrice exécutive du PAM. 

Soulignant la nécessité d'un accès continu et sûr, Cindy McCain a estimé que les 20 camions du convoi constituaient « un premier pas important, mais ce convoi doit être le premier d'une longue série ».

Le PAM dispose de 930 tonnes supplémentaires de produits alimentaires d'urgence à la frontière de Rafah ou à proximité, qui sont prêtes à être acheminées dès que l'accès sera à nouveau autorisé. 

Ces stocks sont nécessaires pour ravitailler les réserves de l'agence qui s'épuisent rapidement à l'intérieur de la bande de Gaza.

Depuis le début de la crise, le PAM a fourni une assistance à quelques 520.000 personnes. Le Programme compte élargir ses opérations pour venir en aide à 1,1 million de personnes au cours des deux prochains mois. Cette assistance comprend la livraison quotidienne de pain frais aux personnes regroupées dans les abris de l'ONU dans les zones où l'accès est autorisé. 

Le PAM fournit de la farine aux boulangeries sous contrat, qui produisent le pain à distribuer. Le manque d'électricité et de carburant a toutefois contraint de nombreuses boulangeries à cesser leur activité. L'une d'entre elles a même été touchée par une frappe mercredi.

Des camions transportant de l'aide humanitaire attendent de pouvoir entrer dans Gaza depuis l'Égypte par Rafah.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Des camions transportant de l'aide humanitaire attendent de pouvoir entrer dans Gaza depuis l'Égypte par Rafah.

Une question de vie ou de mort.

Le convoi transportait également plus de 44.000 bouteilles d'eau potable, ce qui ne suffit que pour 22.000 personnes pour une seule journée, a déclaré le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

L'approvisionnement en eau est une question de vie ou de mort. Chaque minute compte

« Alors qu'un million d'enfants de Gaza sont actuellement confrontés à une crise humanitaire et de protection critique, l'approvisionnement en eau est une question de vie ou de mort. Chaque minute compte », a fait valoir Catherine Russell, la Directrice générale du Fonds.

La cargaison ne représente qu'une goutte d'eau dans les immenses besoins de Gaza, où une grande partie des infrastructures essentielles, y compris les systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement, ont été réduites en décombres.

L’UNICEF a indiqué que la capacité en eau est à 5% des niveaux normaux et que les quelque 2,3 millions d'habitants de Gaza survivent maintenant avec trois litres d'eau par personne et par jour, au lieu des 15 litres recommandés.

Protéger chaque enfant

Environ un million de personnes ont été déplacées. Près de la moitié sont des enfants, dont beaucoup se trouvent maintenant dans des abris surpeuplés où l'accès limité à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène met les jeunes en danger de contracter des maladies.

Mme Russell a insisté sur la nécessité de protéger les enfants et de veiller à ce que les humanitaires puissent accéder à eux et à leurs familles en toute sécurité.

« Avant tout, toutes les parties doivent inconditionnellement protéger chaque enfant contre les dangers et lui accorder la protection spéciale à laquelle il a droit, conformément aux obligations du droit humanitaire international », a-t-elle déclaré.

L'UNICEF a prépositionné des fournitures d'urgence supplémentaires pour 250.000 personnes au point de passage de Rafah, qui peuvent être acheminées à Gaza en quelques heures. D'autres secours sont en cours d'acheminement.

Des quartiers de Gaza ont été détruits par des frappes aériennes.
© UNICEF/Mohammad Ajjour
Des quartiers de Gaza ont été détruits par des frappes aériennes.

Le monde doit faire plus pour Gaza 

Selon cinq agences des Nations Unies, l'aide qui est entrée à Gaza samedi « n'est qu'un petit début et est loin d'être suffisante ».

Plus de 1,6 million de personnes à Gaza ont un besoin urgent d'aide humanitaire, ont indiqué le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dans un communiqué conjoint.

Les hôpitaux de Gaza sont « submergés de blessés » ; la population est confrontée à des difficultés croissantes pour accéder aux denrées alimentaires essentielles ; et les établissements de santé fonctionnent avec de petites quantités de carburant qui devraient s'épuiser d'ici un jour ou deux, ont fait valoir les agences onusiennes. 

Les enfants, qui représentent près de la moitié de la population, sont parmi les plus vulnérables, de même que les femmes enceintes et les personnes âgées, ont-elles signalé.

Les cinq agences de l’ONU ont appelé à un cessez-le-feu humanitaire, ainsi qu'à un accès humanitaire immédiat et sans restriction dans toute la bande de Gaza, afin de permettre aux travailleurs humanitaires d'atteindre les civils dans le besoin, de sauver des vies et d'éviter de nouvelles souffrances humaines. 

Elles ont également lancé un appel pour un accès sûr et durable à l'eau, à la nourriture, à la santé - y compris la santé sexuelle et reproductive - ainsi qu'au carburant, et pour la protection des civils et des infrastructures civiles, y compris les établissements de santé.

« La situation humanitaire à Gaza était désespérée avant les dernières hostilités. Elle est aujourd'hui catastrophique. Le monde doit faire plus », ont-elles déclaré.