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Une rue de Gaza après un bombardement

Conflit israélo-palestinien : des experts de l’ONU déplorent les attaques contre les civils et appellent à une trêve

ONU Info/Ziad Taleb
Une rue de Gaza après un bombardement

Conflit israélo-palestinien : des experts de l’ONU déplorent les attaques contre les civils et appellent à une trêve

Paix et sécurité

Des experts indépendants des Nations Unies ont déploré, jeudi, les attaques contre les civils en Israël et à Gaza et exhorté la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de la violence, condamnant à la fois les violences commises contre les civils en Israël et la prise d’otages par le Hamas. 

Ces experts ont estimé que les frappes de représailles israéliennes contre Gaza s’apparentent à une « punition collective ». Tout en condamnant les « crimes horribles commis par le Hamas », ils ont déclaré qu’Israël avait eu recours à des « attaques militaires aveugles contre la population palestinienne de Gaza déjà épuisée ».

Rien ne justifie la violence qui vise aveuglément des civils innocents, qu’elle soit le fait du Hamas ou des forces israéliennes

« Les populations palestiniennes vivent sous un blocus illégal depuis 16 ans et ont déjà traversé cinq guerres brutales majeures, qui ne sont toujours pas comptabilisées », ont affirmé dans un communiqué, les experts, relevant que « cela équivaut à une punition collective ».

Un langage « qui déshumanise le peuple palestinien »

« Rien ne justifie la violence qui vise aveuglément des civils innocents, qu’elle soit le fait du Hamas ou des forces israéliennes. Cela est absolument interdit par le droit international et constitue un crime de guerre », ont-ils affirmé.

Selon les experts, le fait de tuer des civils sans discrimination dans le contexte des hostilités, sans tenir compte des principes de distinction, de précaution et de proportionnalité, est « un crime de guerre ».  Ils ont également souligné que les tirs de roquettes aveugles, le bombardement d’infrastructures civiles et le pilonnage de zones densément peuplées constituent de graves violations du droit international humanitaire, qu’ils soient commis par des groupes armés palestiniens ou par les forces de défense israéliennes.

Par ailleurs, les experts se sont préoccupés d’un « langage effroyable qui déshumanise le peuple palestinien ». 

Ils rappellent que le 9 octobre, le ministre israélien de la Défense a annoncé que les autorités allaient couper complètement les approvisionnements essentiels à Gaza, déclarant qu’elles combattaient des « animaux humains ».

Pour une désescalade immédiate des tensions

« Nous condamnons la rétention des fournitures essentielles telles que la nourriture, l’eau, l’électricité et les médicaments », ont insisté les experts, ajoutant que « de telles actions vont précipiter une grave crise humanitaire à Gaza, où la population est désormais exposée à un risque inéluctable de famine ». 

« La famine intentionnelle est un crime contre l’humanité », ont-t-ils déclaré.

Ils ont rappelé à la communauté internationale qu’il lui incombait de s’attaquer aux causes profondes du conflit actuel, notamment l’occupation vieille de 56 ans. Ils ont exhorté la communauté internationale à identifier des voies viables pour éviter de nouvelles violations du droit international, des souffrances humaines et des effusions de sang. 

« Alors que le nombre de victimes civiles de la violence augmente, nous appelons à une désescalade immédiate des tensions dans la région et à une réponse efficace de la communauté internationale fondée sur le droit international et la protection de l’égalité des droits et de la dignité de tous », ont-ils fait valoir.

Pour un cessez-le-feu sous la surveillance d’un organisme international indépendant

À court terme, les experts ont insisté sur l’arrêt immédiat des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, en particulier du droit à la vie. À cet effet, ils indiquent soutenir l’enquête lancée par la Commission d’enquête sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël, sur toutes les violations signalées depuis le 7 octobre, y compris les morts illégales et les disparitions forcées, ainsi que l’enquête menée par la Cour pénale internationale.

Outre la libération des otages pris par le Hamas et des Palestiniens détenus arbitrairement par Israël, ils plaident pour un accord de cessez-le-feu, sous la surveillance d’un organisme international indépendant. Cela passe aussi par l’établissement d’une présence internationale de protection dans le territoire palestinien occupé. Ce qui permettra la fourniture de toute l’aide financière et humanitaire nécessaire et la création de couloirs humanitaires permettant aux personnes de quitter Gaza et d’y revenir dès la fin des hostilités.

Outre les membres du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes, du Groupe de travail sur les disparitions forcées, du Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires et du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, ce communiqué a été endossé par une trentaine d’autres experts indépendants onusiens dont Francesca Albanese, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés.

NOTE

Les experts indépendants et Rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.