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Un bâtiment écroulé dans une rue à Gaza.

Attaque du Hamas contre Israël : plus de 120.000 personnes déplacées à Gaza, l'ONU se mobilise

© UNRWA/Mohammed Hinnawi
Un bâtiment écroulé dans une rue à Gaza.

Attaque du Hamas contre Israël : plus de 120.000 personnes déplacées à Gaza, l'ONU se mobilise

Paix et sécurité

Alors que les combats se poursuivaient lundi entre des militants du Hamas et les forces israéliennes, après l'attaque du Hamas contre Israël samedi, plus de 120.000 personnes ont été déplacées à Gaza, dont une grande partie s'est réfugiée dans des écoles d’une agence onusienne. 

Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), le nombre de Gazaouis déplacés séjournant dans des écoles transformées en abris a bondi par dizaines de milliers, pour atteindre quelque 123.000. Le nombre de personnes forcées de fuir leurs maisons pour se mettre à l’abri a considérablement augmenté au cours de la nuit. 

Près de 74.000 personnes déplacées se trouvent actuellement dans 64 écoles de l’UNRWA, et leur nombre risque d’augmenter à mesure que les bombardements et les frappes aériennes se poursuivent, y compris sur les zones civiles. D’autres déplacés sont hébergés dans des familles d’accueil.

Un groupe d'hommes grimpe sur un bâtiment détruit à Gaza.
© UNRWA/Mohammed Hinnawi
Un groupe d'hommes grimpe sur un bâtiment détruit à Gaza.

Des écoles de l’UNRWA transformées en abris d’urgence

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza, « principalement en raison de la peur, des problèmes de protection et de la destruction de leurs maisons ». « Les abris d’urgence désignés par l’UNRWA dans la bande de Gaza ont été activés pour accueillir les personnes déplacées et leur fournir une assistance urgente », a ajouté OCHA.

Au moins 14 installations de l’UNRWA ont été endommagées ces derniers jours. Une école de l’UNRWA abritant des familles déplacées dans la bande de Gaza a été directement touchée aujourd’hui. « L’école, qui abrite plus de 225 personnes, a été gravement endommagée. Aucune victime n’a été enregistrée parmi les personnes déplacées », a détaillé l’agence onusienne dans son dernier rapport de situation humanitaire. 

L’UNRWA rappelle que les civils doivent être protégés à tout moment, y compris pendant les combats. « Les écoles et autres infrastructures civiles, y compris celles qui abritent les familles déplacées, ne doivent jamais être attaquées », a fait valoir l’UNRWA, qui soutient les appels à un cessez-le-feu immédiat et à un arrêt de la violence partout.

L’UNRWA fournit abris et eau potable

Selon l’agence onusienne, les autorités israéliennes ont continué à imposer de multiples restrictions de mouvement, y compris la fermeture de plusieurs points de contrôle et d’entrées de villes en Cisjordanie. Cela inclut le camp de réfugiés de Shu’fat et la ville de Beit Iksa, tous deux à Jérusalem, qui restent fermés pour le deuxième jour consécutif, ce qui empêche plus de 27.000 Palestiniens d’accéder aux services essentiels, y compris les soins de santé.

Sur le terrain, les équipes de l’UNRWA fournissent aux familles des abris et de l’eau potable. Des fournitures sont préparées pour être livrées aux familles, notamment de la nourriture, des kits d’hygiène et des produits de nettoyage.

De son côté, OCHA note que les besoins humanitaires dans l’ensemble des Territoires palestiniens occupés continuent d’augmenter, et la réponse à ces besoins est entravée par « le manque d’accès ». 

Or les besoins augmentent et par exemple, les dommages causés aux installations par les frappes aériennes israéliennes ont compromis la fourniture de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène à plus de 400.000 personnes.

Plus de 1,4 million d’enfants affectés par la fermeture des écoles

Parmi les besoins prioritaires, il y a l’éducation des enfants. Selon les Nations Unies, tous les établissements scolaires de Cisjordanie et de Gaza sont fermés, ce qui affecte plus de 1,4 million d’enfants. Toutes les écoles de l’UNRWA dans la bande de Gaza, y compris le centre de réhabilitation pour les malvoyants et les deux centres professionnels de Gaza et de Khan Younis, sont fermées. Plus de 300.000 élèves sont concernés.

Sur le plan sanitaire, les coupures d’électricité affectent les hôpitaux qui dépendent désormais de générateurs de secours. Certains hôpitaux ont suffisamment de carburant pour tenir 4 jours seulement, a ajouté l’UNRWA. « Avec le nombre élevé de victimes, il y a un besoin urgent de soins de traumatologie et d’urgence ».

En attendant, les partenaires du secteur de la santé opérant à Gaza regroupent les fournitures et les ressources humaines pour soutenir la gestion des cas dans les hôpitaux de Shifa et d’Al Awda. Ils ont ainsi débloqué des fournitures prépositionnées d’une valeur de 800.000 dollars pour les hôpitaux de Gaza et reprogrammé un million de dollars pour l’achat de fournitures nécessaires d’urgence.

Le PAM s’inquiète de l’accès de la nourriture

Dans un communiqué, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est dit dimanche « profondément inquiet de la situation se détériorant rapidement en Israël et dans l’Etat de Palestine et l’impact de ce conflit sur les populations affectées ». « Alors que le conflit s’intensifie, les civils, y compris les enfants et les familles vulnérables, font face à des difficultés croissantes pour accéder aux produits alimentaires de base. Les réseaux de distribution sont perturbés et la production alimentaire gravement affectée par les hostilités » a souligné l’agence onusienne. 

Le PAM affirme disposer de stocks de nourriture prêts à être distribués aux personnes déplacées ou se trouvant dans des refuges. Il craint également les ruptures de stock dans les magasins d’alimentation de la bande de Gaza ainsi que les dysfonctionnements causés par les coupures d’électricité.

Par ailleurs, le PAM est « profondément inquiet » des difficultés d’accès aux produits alimentaires de base dans les zones affectées par le conflit entre Israël et le Hamas, notamment la bande de Gaza.

La salle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.
Photo ONU/Violaine Martin
La salle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.

Minute de silence au Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a observé, lundi matin, une minute de silence en l’honneur «des victimes innocentes» en Israël et à Gaza, à la demande de la Représentante des États-Unis.

« En ce moment solennel, je demande respectueusement une minute de silence à cet estimé Conseil et à tous ceux qui sont présents ici aujourd’hui pour honorer et se souvenir des victimes de ces effroyables attaques terroristes (...). Les vies innocentes perdues en Israël et à Gaza, résultant des attaques du Hamas », a déclaré l’ambassadrice Michèle Taylor à l’ouverture de la séance, qui a également rendu hommage aux victimes du séisme en Afghanistan.

« Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles touchées et exprimons notre solidarité avec le peuple et le gouvernement d’Israël en ces temps difficiles », a-t-elle ajouté.

Lors d’une réunion de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Genève, l’envoyée américaine a également demandé une minute de silence en hommage aux victimes du conflit en Israël et du tremblement de terre en Afghanistan. 

Davantage de souffrances aux civils

Cette tragique situation au Moyen-Orient a aussi interpellé le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés, qui a parlé d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient, dont l’escalade causera inévitablement davantage de souffrances aux civils, tant israéliens que palestiniens. 

« Les images choquantes des attaques effroyables menées par le Hamas contre des civils israéliens ont envahi nos écrans au cours des dernières 48 heures », a dit Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à l’ouverture de la 74ème session du Comité exécutif du HCR.

Le chef du HCR redoute que ce nouveau conflit entraîne « une grave instabilité dans une région (Moyen-Orient) déjà en proie à des tensions. « Le conflit constitue une nouvelle pièce très dangereuse dans une mosaïque croissante de crises qui, si elles ne sont pas abordées avec courage, sont synonymes d’échec pour la paix mondiale », a-t-il fait valoir.

Le HCR n’est pas mandaté pour traiter les conséquences humanitaires immédiates - et d’ailleurs tragiques - du conflit israélo-palestinien, mais il est présent et actif dans la région. Et il est présent et actif partout où la guerre force les gens à fuir, a-t-il dit.