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Une vue de Téhéran, la capitale de l'Iran.

Iran : des experts de l’ONU dénoncent la répression de la commémoration de la mort de Mahsa Amini

Unsplash/Hosein Charbaghi
Une vue de Téhéran, la capitale de l'Iran.

Iran : des experts de l’ONU dénoncent la répression de la commémoration de la mort de Mahsa Amini

Droit et prévention du crime

L’Iran a intensifié sa répression de la dissidence pour empêcher la commémoration publique de la mort de Jina Mahsa Amini en garde à vue l’année dernière, ont regretté mardi une vingtaine d’experts indépendants de l’ONU, après que les autorités ont brièvement détenu son père et renforcé la sécurité dans tout le pays pour empêcher les manifestations prévues pour marquer l’anniversaire de sa mort.

Selon les experts onusiens, après des mois de répression brutale des manifestations au cours de l’année écoulée, les autorités ont imposé des restrictions et menacé de représailles les commémorations publiques prévues pour marquer l’anniversaire écoulée depuis la mort tragique de Jina Mahsa Amini. 

Pour rappel, Jina Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, a été retrouvée morte en garde à vue le 16 septembre 2022, après avoir été arrêtée pour ne pas avoir respecté les lois iraniennes sur le port obligatoire du voile ou du hijab. 

À l’approche de la date de sa mort, les experts de l’ONU avaient reçu des informations selon lesquelles les autorités avaient arrêté le père de la jeune femme et l’avaient mis en garde contre le fait de marquer le premier anniversaire de la mort de sa fille avant de le relâcher. 

Le 16 septembre, les forces de sécurité ont encerclé la maison familiale de Jina Mahsa Amini, empêchant la famille de quitter les lieux pour se recueillir sur la tombe.

Plus de 260 personnes arrêtées au cours du week-end

Le déploiement massif des forces de sécurité à Téhéran et dans plusieurs villes kurdes semble avoir dissuadé les manifestations publiques de grande ampleur organisées à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Jina Mahsa Amini. Toutefois, les experts ont reçu des informations selon lesquelles les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants dans la ville kurde de Mahabad, blessant au moins une personne. 

Un homme de 28 ans a été abattu par les forces de sécurité le 16 septembre près de la ville de Saqqez, dans la région kurde occidentale de l’Iran, à proximité du cimetière où Jina Mahsa Amini est enterrée. Son état reste critique.

« Les médias d’État iraniens ont également annoncé l’arrestation de plus de 260 personnes dans tout le pays au cours du week-end, en lien avec les manifestations », ont détaillé les experts.

De nouvelles lois et pratiques pour mieux réprimer les femmes et les jeunes filles

Plus largement, les autorités iraniennes ont mis en place de nouvelles lois et pratiques pour réprimer les femmes et les jeunes filles, un an après la mort de Jina Mahsa Amini. 

« Le gouvernement de la République islamique d’Iran aurait pu tirer d’importantes leçons de la mort tragique de Jina Mahsa Amini. Mais sa réponse aux manifestations qui ont entraîné la mort de centaines de manifestants depuis septembre 2022 montre que les autorités ont choisi de ne pas le faire », ont-ils fait valoir. 

Les experts sont alarmés par les politiques et les pratiques en cours en Iran qui équivalent à une impunité totale pour les crimes graves commis en vertu du droit international au cours de l’année qui a suivi la mort de Mahsa Amini. 

« Les autorités iraniennes doivent mettre fin à la répression contre ceux qui ont participé aux manifestations contre la mort de Jina Mahsa Amini et rendre justice et compte des graves violations commises lors des manifestations de 2022 », ont-ils fait observer. 

Outre les membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire et celui sur la discrimination à l’égard des femmes, cette déclaration a été endossée par une dizaine d’autres experts indépendants dont Javaid Rehman, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran.

NOTE

Les experts indépendants et Rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.