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L’ONU appelle à mettre fin au « crime atroce » des disparitions forcées

En Iraq, une femme montre une photo de son mari disparu il y a plus de 30 ans.
© ICRC/Mohammad Jawad Alhamzah
En Iraq, une femme montre une photo de son mari disparu il y a plus de 30 ans.

L’ONU appelle à mettre fin au « crime atroce » des disparitions forcées

Droits de l'homme

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a marqué mercredi la Journée internationale des victimes de disparitions forcées en condamnant ce « crime atroce » et en exhortant tous les États membres à demander des comptes à ceux qui les commettent.

Les disparitions forcées sont régulièrement utilisées comme outil pour susciter la peur et exercer un contrôle sur une population. Le sentiment d’insécurité que cela génère ne se limite pas aux proches des personnes disparues, mais également à leurs communautés et à la société dans son ensemble.

Dans un message publié sur la plateforme de médias sociaux X, le chef de l'ONU a déclaré que la disparition forcée était « une grave violation des droits de l'homme qui a fréquemment été utilisée pour répandre la terreur… J'appelle les pays à aider à mettre fin à ce crime atroce ».

Une manifestation au Mexique sur la disparition de 43 étudiants de l'école rurale d'Ayoitzinapa
CINU Mexico
Une manifestation au Mexique sur la disparition de 43 étudiants de l'école rurale d'Ayoitzinapa

Un crime au regard du droit international

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), la disparition forcée peut être définie comme l'arrestation, la détention ou l'enlèvement d'un individu par l'État ou un groupe agissant avec l'autorisation de l'État, suivi de la dissimulation du lieu où se trouve la personne disparue.

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C'est un crime au regard du droit international des droits de l'homme. Les victimes sont fréquemment soumises à la torture et vivent dans la peur perpétuelle pour leur vie. Leurs familles, ignorant le sort de leurs proches, se retrouvent dans l’incertitude et dans l’attente de nouvelles qui pourraient ne jamais arriver.

Selon l’ONU, des centaines de milliers de personnes ont disparu lors de conflits ou de périodes de répression dans au moins 85 pays à travers le monde.

« Pour les familles et les amis des personnes disparues, chaque jour est un combat pour connaître le sort et le lieu où se trouvent leurs proches. La vérité et la justice sont essentielles », a déclaré mercredi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, dans un message sur X.

« J'appelle les États à garantir la protection, la responsabilité, la transparence et la réparation pour toutes les victimes de disparitions forcées », a-t-il poursuivi.

Les disparitions forcées, autrefois largement le produit des dictatures militaires, sont devenues un problème mondial qui ne se limite pas à une région spécifique du monde. Cela a été fréquemment utilisé comme moyen de répression politique.

Au moment même où l'Assemblée générale des Nations Unies décidait d’établir cette Journée internationale en décembre 2010, la même résolution adoptait la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

Accompagnement pratique

Des responsables du HCDH et un grand groupe d'experts régionaux des droits de l'homme nommés par l'ONU ont exhorté les États à assurer un accès effectif à la justice aux victimes qui ont subi un préjudice résultant directement d'une disparition forcée, dans un communiqué publié mardi.

Ils ont averti qu’il était essentiel de garantir un accès adéquat à la justice et une reddition des comptes pour les auteurs de crimes à tous les niveaux.

« L'accès à la justice ne doit pas être simplement théorique mais garanti dans la pratique par des mesures concrètes qui promeuvent et valorisent pleinement la participation réelle et significative des victimes et de leurs représentants tout au long du processus », ont déclaré les experts.

Dans le contexte du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, les responsables du HCDH et le groupe d'experts des droits de l'homme nommés par l'ONU ont appelé conjointement tous les États membres à s'engager à promouvoir sans délai la justice pour toutes les victimes de disparitions forcées et à ratifier les instruments internationaux et régionaux sur les disparitions forcées.

Les experts régionaux des droits de l'homme nommés par l'ONU font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme, travaillent sur une base bénévole et non rémunérée, ne font pas partie du personnel de l'ONU et travaillent indépendamment de tout gouvernement ou organisation.