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Il faut aider les pays en développement à attirer des investissements dans les énergies propres (CNUCED)

Installation de panneaux solaires sur le toit d'une maison à Manille, aux Philippines.
IMF/Lisa Marie David
Installation de panneaux solaires sur le toit d'une maison à Manille, aux Philippines.

Il faut aider les pays en développement à attirer des investissements dans les énergies propres (CNUCED)

Climat et environnement

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) appelle à soutenir d'urgence les pays en développement afin de leur permettre d'attirer beaucoup plus d'investissements pour leur transition vers les énergies propres.

Le Rapport sur l'investissement dans le monde 2023 de la CNUCED publié mercredi montre qu'une grande partie de la croissance des investissements internationaux dans les énergies renouvelables, qui ont presque triplé depuis l'adoption de l'Accord de Paris sur le climat en 2015, s'est concentrée dans les pays développés. 

Les pays en développement ont besoin d'environ 1.700 milliards de dollars par an d'investissements dans les énergies renouvelables ; cependant, selon le rapport, ils n’ont attiré que 544 milliards de dollars d’investissements directs étrangers dans les énergies propres en 2022. 

Les besoins totaux de financement au titre de la transition énergétique dans les pays en développement sont beaucoup plus importants et comprennent des investissements dans les réseaux électriques, les lignes de transmission, le stockage et l'efficacité énergétique. 

« Une augmentation significative des investissements dans les systèmes énergétiques durables dans les pays en développement est cruciale pour que le monde atteigne les objectifs climatiques d'ici 2030 », a déclaré la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan. 

Un technicien travaille sur une éolienne aux Philippines.
© ADB/Al Benavente
Un technicien travaille sur une éolienne aux Philippines.

Pacte pour l'investissement dans les énergies durables 

Le rapport propose un pacte définissant des actions prioritaires allant des mécanismes de financement aux politiques d'investissement afin de permettre aux pays en développement d'attirer des investissements pour mettre en place des systèmes énergétiques durables. 

Pour ce qui est du financement, le rapport préconise de réduire les risques liés aux investissements dans la transition énergétique dans les pays en développement au moyen de prêts, de garanties, d'instruments d'assurance et de prises de participation du secteur public - par le biais de partenariats public-privé et de financements mixtes - et des banques multilatérales de développement. 

En outre, les partenariats entre les investisseurs internationaux, le secteur public et les institutions financières multilatérales peuvent réduire considérablement le coût du capital pour les investissements dans les énergies propres dans les pays en développement. 

La CNUCED souligne également la nécessité d'un allègement de la dette afin d'offrir aux pays en développement une marge de manœuvre budgétaire leur permettant de réaliser les investissements nécessaires à la transition vers les énergies propres et de les aider à attirer les investissements privés internationaux en abaissant la notation du risque pays. 

Ralentissement de la croissance des investissements dans les énergies renouvelables 

Le rapport montre que la croissance des investissements dans les énergies renouvelables s'est ralentie en 2022, en raison de la baisse des opérations de financement de projets internationaux. 

Bien que le total des investissements internationaux dans les énergies renouvelables ait presque triplé depuis 2015, dans les pays en développement leur taux de croissance n'a dépassé celui du PIB que de façon marginale. 

Le rapport constate également que les entreprises énergétiques parmi les 100 plus grandes multinationales se défont de leurs actifs liés aux combustibles fossiles à un rythme d'environ 15 milliards de dollars par an. 

Mais l'une des principales préoccupations est que les acheteurs privés (non cotés en bourse), qui comprennent principalement des fonds d'investissement privés, ont souvent des objectifs de réduction des émissions plus faibles, voire inexistants, et des normes d'information sur le climat moins rigoureuses.  Cette situation appelle un nouveau modèle de conclusion d'accords sur le climat, selon le rapport. 

Déficit d'investissement annuel de 4.000 milliards de dollars

Le rapport indique que le déficit d'investissement dans tous les secteurs des objectifs de développement durable (ODD) a augmenté pour atteindre plus de 4.000 milliards de dollars par an, contre 2.500 milliards de dollars en 2015. 

Les déficits les plus importants concernent l'énergie, l'eau et les infrastructures de transport. Cette augmentation résulte à la fois d'un sous-investissement et de besoins supplémentaires. 

Le déficit croissant d'investissement dans les ODD dans les pays en développement contraste avec les tendances positives en matière de durabilité sur les marchés de capitaux mondiaux. La valeur du marché de la finance durable a atteint 5.800 milliards de dollars en 2022.