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Les femmes autochtones du Guatemala ont été systématiquement violées et réduites en esclavage par l'armée dans un petit avant-poste près de la communauté Sepur Zarco pendant le conflit civil qui a duré 36 ans.

Les préjugés à l’encontre des femmes demeurent « bien enracinés », avertit l’ONU

ONU Femmes/Ryan Brown
Les femmes autochtones du Guatemala ont été systématiquement violées et réduites en esclavage par l'armée dans un petit avant-poste près de la communauté Sepur Zarco pendant le conflit civil qui a duré 36 ans.

Les préjugés à l’encontre des femmes demeurent « bien enracinés », avertit l’ONU

Femmes

Un nouveau rapport de l'ONU publié lundi ne révèle aucune amélioration du niveau des préjugés à l'égard des femmes au cours de la dernière décennie, près de neuf hommes et femmes sur dix dans le monde continuant d'entretenir des préjugés à leur encontre.

« La moitié des personnes dans le monde croient encore que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes, et plus de 40 % croient que les hommes font de meilleurs dirigeants d'entreprise que les femmes », selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans son dernier rapport sur l'Indice des normes sociales de genre (GSNI).

« Les normes sociales qui portent atteinte aux droits des femmes sont préjudiciables à la société dans son ensemble et freinent l'expansion du développement humain », a déclaré Pedro Conceição, chef du Bureau du Rapport mondial sur le développement humain du PNUD.

Plus les choses changent

Selon le rapport, qui reflète les dernières données de l'enquête sur les valeurs dans le monde, 25 % des personnes pensent qu'il est justifié qu'un homme batte sa femme.

Ces préjugés sont à l'origine des obstacles rencontrés par les femmes, qui se manifestent par un démantèlement des droits des femmes dans de nombreuses régions du monde, par des mouvements contre l'égalité des sexes qui gagnent du terrain et, dans certains pays, par une recrudescence des violations des droits de l'homme.

Les préjugés se traduisent également par une grave sous-représentation des femmes dans les instances dirigeantes. En moyenne, la proportion de femmes chefs d'État ou de gouvernement est restée aux alentours de 10 % depuis 1995 et, sur le marché du travail, les femmes occupent moins d'un tiers des postes de direction.

Des chaînons brisés dans le progrès

Le rapport met également en lumière la rupture du lien entre les progrès des femmes en matière d'éducation et l'émancipation économique. Les femmes sont plus qualifiées et plus instruites que jamais, mais même dans les 59 pays où les femmes sont désormais plus instruites que les hommes, l'écart de revenu moyen entre les sexes reste de 39 % en faveur des hommes.

« L'absence de progrès en matière de normes sociales liées au genre s'inscrit dans le contexte d'une crise du développement humain », a déclaré M. Conceição, notant que l'Indice mondial de développement humain (IDH) a baissé en 2020 pour la première fois, puis à nouveau l'année suivante.

« Tout le monde a à gagner de la liberté et de l'action des femmes », a-t-il ajouté.

Le rôle crucial des gouvernements

Le rapport du PNUD souligne que les gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans l'évolution des normes sociales liées au genre, qu'il s'agisse de l'adoption de politiques de congé parental, qui ont modifié la perception des responsabilités liées aux soins, ou des réformes du marché du travail, qui ont conduit à un changement des croyances concernant la présence des femmes sur le marché du travail.

« Il est important de commencer par reconnaître la valeur économique du travail de soins non rémunéré », a déclaré Raquel Lagunas, Directrice de l'équipe du PNUD chargée des questions d'égalité entre les sexes.

« Cela peut être un moyen très efficace de remettre en question les normes de genre concernant la façon dont le travail de soins est perçu. Dans les pays où les préjugés sexistes à l'égard des femmes sont les plus marqués, on estime que les femmes consacrent plus de six fois plus de temps que les hommes aux soins non rémunérés », souligne Mme Lagunas.

Objectif 5 : l'égalité entre les sexes
ONU

Le changement est possible

Le rapport souligne que malgré la persistance des préjugés à l'encontre des femmes, les données montrent qu'il est possible de changer les choses.

Une augmentation de la proportion de personnes n'ayant aucun préjugé, quel que soit l'indicateur, a été constatée dans 27 des 38 pays étudiés. Les auteurs du rapport ont déclaré que pour faire évoluer la situation vers une plus grande égalité entre les hommes et les femmes, il faut se concentrer sur l'expansion du développement humain par l'intermédiaire de l'investissement, de l'assurance et de l'innovation.

Il s'agit notamment d'investir dans des lois et des mesures politiques qui favorisent l'égalité des femmes en matière de participation politique, d'étendre les mécanismes d'assurance, tels que le renforcement de la protection sociale et des systèmes de soins, et d'encourager les interventions innovantes qui pourraient être particulièrement efficaces pour remettre en question les normes sociales néfastes, les attitudes patriarcales et les stéréotypes sexistes.

Par exemple, la lutte contre les discours de haine en ligne et la désinformation sur le genre peut contribuer à faire évoluer les normes de genre omniprésentes vers une plus grande acceptation et une plus grande égalité, selon le rapport.

Le rapport recommande de s'attaquer directement aux normes sociales par l'éducation afin de changer les opinions des gens, par des politiques et des changements juridiques qui reconnaissent les droits des femmes dans toutes les sphères de la vie, et par une plus grande représentation dans les processus de prise de décision et les processus politiques.