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La « pénalisation professionnelle de la maternité » a augmenté (OIT)

Le rapport de l'OIT sur les salaires montre que les femmes continuent d’être payées approximativement 20% de moins que les hommes.
© ILO/Marcel Crozet
Le rapport de l'OIT sur les salaires montre que les femmes continuent d’être payées approximativement 20% de moins que les hommes.

La « pénalisation professionnelle de la maternité » a augmenté (OIT)

Femmes

Les disparités professionnelles entre hommes et femmes n’ont pas connu de véritable diminution depuis 20 ans et se traduisent notamment par une « pénalisation professionnelle de la maternité », a alerté jeudi l’Organisation internationale du travail (OIT), tout en soulignant que les solutions pour y remédier existent.

Selon un nouveau rapport de l’agence onusienne basée à Genève, la « pénalisation professionnelle de la maternité » - la différence entre la proportion de femmes adultes ayant des enfants de moins de six ans qui travaillent par rapport aux femmes sans enfant - a nettement augmenté (de 38%) entre 2005 et 2015.
L’écart de rémunération entre hommes et femmes se stabilise à environ 20% à l’échelle mondiale. Les mères subissent une « pénalisation professionnelle de la maternité » qui les suit tout au long de leur vie professionnelle tandis que les pères jouissent d’une prime salariale.

« Plusieurs facteurs bloquent l’égalité dans l’emploi et celui qui pèse le plus est la garde d’enfants », a indiqué Manuela Tomei. La Directrice du département des Conditions de travail et de l’égalité de l’OIT. « Ces 20 dernières années, le temps consacré par les femmes à la garde d’enfants et aux travaux domestiques non rémunérés n’a pratiquement pas diminué et celui des hommes n’a augmenté que de huit minutes par jour. Au rythme où changent les choses, il faudra plus de 200 ans pour parvenir à l’égalité des temps consacrés aux activités de soin non rémunérées », a-t-elle ajouté.

Les femmes sous-représentées au sommet de la hiérarchie

Dans le monde du travail, les femmes sont sous-représentées au sommet de la hiérarchie, une situation qui a très peu évolué au cours des 30 dernières années. Même si elles ont tendance à être mieux éduquées que leurs homologues masculins, les femmes représentent moins d’un tiers des cadres.

Le rapport de l’OIT montre qu’en général, l’éducation n’est pas la principale raison des taux d’emploi et des niveaux de rémunération inférieurs des femmes, c’est plutôt que les femmes ne touchent pas les mêmes dividendes de l’éducation que les hommes.

L’agence onusienne attire également l’attention sur le phénomène de la « pénalisation de la maternité en termes de leadership » – seuls 25% des cadres ayant des enfants de moins six ans sont des femmes. La part des femmes atteint 31% chez les cadres sans enfants en bas âge.

« Quand les hommes participent davantage aux activités de soin non rémunérées, on trouve davantage de femmes aux postes de direction », a déclaré Mme Tomei, soulignant le rôle que peuvent jouer les hommes pour créer un monde du travail plus égalitaire.

Le respect des droits, fondement d’un monde du travail plus équitable 

Un avenir du travail dans lequel les femmes ne sont plus distancées par les hommes est à notre portée, estime l’OIT, mais souligne que cela nécessitera une avancée décisive « et pas seulement des mesures progressives timides ».

Dans son rapport, l’organisation présente les lois et les pratiques qui peuvent changer la situation et permettre un partage plus équitable des tâches au sein de la famille et entre la famille et les pouvoirs publics. 

Selon l’agence onusienne, la voie du respect des droits est le fondement d’un monde du travail plus équitable : droit à l’égalité des chances, droit d’être protégé contre toute discrimination, violence ou harcèlement, droit à une rémunération égale pour un travail de valeur égale. Le rapport de l’OIT plaide avec force pour un avenir du travail où chacun puisse accorder plus d’attention aux autres, avec du temps à y consacrer et la mise en place de politiques et de structures de soin inclusives.

Compte tenu des vastes transformations en cours à l’échelle mondiale – technologique, démographique et climatique – le rapport invite à redoubler d’efforts pour mobiliser et soutenir les femmes pendant les périodes de transition professionnelle.

Pour le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder, un avenir du travail synonyme de justice sociale passe par une accélération des actions visant à améliorer les progrès en matière d’égalité des genres au travail. « Et nous avons également besoin d'un changement d'attitude à l'égard des femmes qui rejoignent le marché du travail et de la place qu’elles y occupent », a-t-il dit.