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TÉMOIGNAGE – Protéger la nature tout en transformant sa communauté en Indonésie

Fadlun Arrayyan Bonde (Ega), garde forestier communautaire au parc national Bogani Nani Wartabone.
UNDP/Deepak Malik
Fadlun Arrayyan Bonde (Ega), garde forestier communautaire au parc national Bogani Nani Wartabone.

TÉMOIGNAGE – Protéger la nature tout en transformant sa communauté en Indonésie

Développement durable (ODD)

Les emplois dans la préservation de l’environnement sont rares dans le village verdoyant de Toraut, en Indonésie.

Lorsque Fadlun Arrayan Bonde, âgée de 27 ans, est revenue de l'université, elle a répondu à un appel demandant aux femmes d'aider à patrouiller dans le parc national voisin. Elle a fini par se forger une carrière dynamique dans le domaine de la protection de la nature tout en transformant sa communauté.

Fadlun Arrayan Bonde (Ega)
© Bogani Nani Wartabone National Park Authority/CIWT Project Indonesia
Fadlun Arrayan Bonde (Ega)

Se faisant appeler par son surnom Ega, elle a été l'une des 15 femmes sélectionnées pour participer à l'initiative Perempuan Inspiratif Mitra Polhut (Encourager les femmes à devenir gardes forestiers) soutenue par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui vise à protéger le parc national de Bogani Nani Wartabone et à offrir des opportunités aux communautés voisines.

« J'ai toujours été passionnée par la nature et la conservation. J'ai grandi dans un village entouré de forêts. Mes deux grands-pères m'ont inspiré en partageant leur sagesse locale et traditionnelle et m'ont encouragé à connaître la forêt et à planter des arbres. Ils m'ont parlé du pouvoir de la nature et m'ont expliqué que le langage de la nature est le plus ancien langage sur Terre, et que nous devons donc l'écouter.

C'est un peu mystique. Par exemple, selon les histoires, si vous voyez beaucoup de fourmis sortir du sol, cela signifie qu'il va pleuvoir très bientôt.

Le message de mes grands-pères est que l'énergie et le langage de la nature doivent être appréciés et respectés.

« Ma vie a changé »

Depuis le lycée, je suis active dans le mouvement environnemental et j'ai étudié les relations internationales à l'université pour garder mon esprit ouvert à ce qui se passe dans le monde. J'ai toujours voulu retourner dans mon village natal après avoir obtenu mon diplôme.

Ma vie a changé en novembre 2020 lorsque j'ai rejoint l'initiative, la première du genre en Indonésie.

Nous avons reçu une formation policière de base et une éducation sur les compétences en communication, en négociation et en entrepreneuriat.

Nous avons également appris comment donner aux villageois locaux les moyens de trouver des moyens de subsistance alternatifs durables et de travailler plus étroitement aux côtés de l'autorité du parc national.

J'ai appris ce que font les gardes forestiers et je suis devenue plus passionnée par le travail. Maintenant, je suis vraiment fière de servir la communauté.

Les gardes forestiers communautaires aident à protéger les espèces menacées. Il y a des mammifères, des reptiles et plus de 100 espèces d'oiseaux qui vivent dans le parc.

En collaboration avec les gardes forestiers des parcs nationaux, nous jouons également un rôle dans l'éradication de la criminalité et la lutte contre le marché illicite de la faune et de la flore et le commerce illégal d'espèces sauvages.

Je travaille au moins 10 jours par mois, mais en réalité, en raison de la nature du travail, il faut plus de temps pour investir en termes d'engagement ou d'« adhésion » de la communauté. Une partie consiste à établir des liens.

L'équipe de gardes forestiers communautaires au parc national Bogani Nani Wartabone.
© Bogani Nani Wartabone National Park Authority/CIWT Project Indonesia
L'équipe de gardes forestiers communautaires au parc national Bogani Nani Wartabone.

« Dame de la conservation »

Il est très satisfaisant de savoir que nos efforts peuvent améliorer la vie de quelqu'un. Comme lorsque nous pouvons aider des groupes communautaires à obtenir des certifications, leur permettant d'accéder à des marchés durables pour leurs produits. Je pense que je peux faire tellement plus pour la nature, mais aussi pour m'améliorer et améliorer ma communauté pour de meilleures opportunités.

Je me sens encouragée à parler de conservation et à m'engager davantage dans ma communauté. Je suis motivée pour parler aux gens. C'est drôle, mais les gens de mon village me considèrent maintenant non seulement comme Ega, mais comme « la dame de la conservation », ou la personne que vous devez contacter lorsque vous repérez des activités suspectes de commerce illégal d'espèces sauvages. J'en suis fière.

Partager des connaissances sur la faune avec la jeune génération me fait me sentir utile. La chose la plus importante et la plus significative de mon travail est de partager la sensibilisation à la conservation et à l'importance de la faune.

Si nous parlons d'arbre, nous ne parlons pas seulement de la feuille, mais aussi des racines. S'ils sont bien préparés dès leur plus jeune âge, ils garderont ces connaissances sur la conservation et la faune dans le futur.

« Se taire ne changera rien »

Notre Terre est vieillissante et surpeuplée. Crier fort n'aidera peut-être pas, mais rester silencieux ne changera rien non plus. Les femmes peuvent élever davantage nos voix et faire de la Terre un meilleur endroit.

J'ai un grand message pour toute jeune femme : sois courageuse. N'aies pas peur de commencer à travailler pour la conservation. Il faut se forcer à faire les premiers pas car le premier pas est très important. Ce n'est pas aussi effrayant qu'on peut le penser.

Les femmes gardes forestiers aident à éradiquer la criminalité liée aux espèces sauvages en Indonésie en travaillant avec les communautés locales.
© National Geographic Indonesia/Edy Susanto
Les femmes gardes forestiers aident à éradiquer la criminalité liée aux espèces sauvages en Indonésie en travaillant avec les communautés locales.

Autonomiser les femmes gardes forestiers

  • Bien que les femmes jouent un rôle vital dans la gestion des ressources naturelles et soient touchées de manière disproportionnée par la perte de biodiversité, elles sont souvent exclues des opportunités de prise de décision et de leadership, c'est pourquoi le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé une série de projets innovants dans la région Asie-Pacifique pour changer cela.
  • Les femmes gardes forestiers travaillent également pour protéger les terres et autonomiser leurs communautés en Chine, en Inde, au Viet Nam et dans d'autres pays.
  • Conformément au Programme de développement durable à l'horizon 2030, ces projets de conservation contribuent à lutter contre le changement climatique, à autonomiser les femmes et à transformer leurs communautés.