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Syrie : les avancées diplomatiques doivent se traduire sur le terrain, réclame l’envoyé de l’ONU

Deux enfants regardent les dégâts causés par les tremblements de terre de février 2023 dans le nord-ouest de la Syrie.
© UNICEF/Hasan Belal
Deux enfants regardent les dégâts causés par les tremblements de terre de février 2023 dans le nord-ouest de la Syrie.

Syrie : les avancées diplomatiques doivent se traduire sur le terrain, réclame l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

Les progrès de la diplomatie en vue de mettre fin à la guerre de 12 ans en Syrie doivent se traduire sur le terrain, où la violence continue de tuer des civils, a déclaré mardi l’envoyé de l'ONU dans le pays. 

« Il est essentiel que les récentes initiatives diplomatiques s'accompagnent d'une action réelle », a dit Geir Pedersen, l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Syrie, informant le Conseil de sécurité des récents développements politiques et humanitaires. 

Une série d'initiatives diplomatiques ont accéléré le rythme vers la recherche de solutions, notamment en poursuivant un dialogue direct avec le gouvernement syrien. 

Le mois dernier, Moscou a accueilli une réunion des ministres des Affaires étrangères d'Iran, de Russie, de Syrie et de Türkiye, et Amman a tenu une réunion avec leurs homologues d'Égypte, d'Iraq, de Jordanie, d'Arabie saoudite et de Syrie. 

La Ligue des États arabes a adopté des résolutions connexes au Caire et un Comité de liaison ministériel arabe a été créé pour poursuivre un dialogue direct avec le gouvernement syrien. Au cours de la même période, le Président syrien a participé au sommet de la Ligue des Etats arabes à Djeddah. 

Geir Pedersen (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU de la situation en Syrie.
UN Photo/Eskinder Debebe
Geir Pedersen (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU de la situation en Syrie.

Danger du statu quo 

« Une attention commune à ces thèmes et points [de discussions] pourrait présenter une réelle opportunité d'aller de l'avant », a estimé M. Pedersen, mettant toutefois en garde contre « les dangers du statu quo tant pour le peuple syrien que pour les acteurs régionaux et d’autres, qui veulent freiner l'instabilité ». 

Si les questions de fond commencent à être traitées, même progressivement, cette « nouvelle dynamique » pourrait créer « l'élan dont nous avons tant besoin », a-t-il dit. 

« Même des progrès minimes » dans la mise en œuvre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité « nécessiteront la confiance et les ressources de nombreux acteurs différents, et une action sérieuse », a-t-il déclaré. 

Dans ce contexte, il a rappelé que le peuple syrien continue de souffrir. Les réfugiés syriens avaient exprimé leur désir de retourner dans leur pays, mais en 2023, seule une petite fraction a indiqué son souhait de rentrer dans l'année à venir. Le manque d'opportunités de subsistance, une situation de sécurité fragile et les craintes de détention arbitraire sont parmi les principales raisons, a précisé l’envoyé de l’ONU. 

Selon lui, les mesures de confiance et le processus politique doivent être au centre des préoccupations, et « si le gouvernement syrien commence à répondre de manière plus systématique aux problèmes de protection des personnes déplacées en travaillant en étroite collaboration avec l'ONU, et si les donateurs aident l'ONU à faire davantage pour répondre aux préoccupations de tous les Syriens concernant leurs moyens de subsistance », la réalité sur le terrain pourrait changer pour tous les Syriens, créant un environnement plus sûr et plus calme dans tout le pays. 

Mettant en garde contre les récents rapports sur la nouvelle augmentation de la pauvreté, il a déclaré que les effets cumulatifs de la guerre, du trafic de drogue, de la guerre en Ukraine et d'autres facteurs sont de véritables préoccupations. 

Actuellement, la violence continue de faire des morts parmi les civils à un moment où les besoins humanitaires « n'ont jamais été aussi élevés », a-t-il dit, soulignant l'urgente nécessité d'établir un cessez-le-feu national. 

Ghada Eltahir Mudawi, Directrice adjointe de la division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), informe la réunion du Conseil de sécurité de la situation en Syrie.
UN Photo/Eskinder Debebe
Ghada Eltahir Mudawi, Directrice adjointe de la division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), informe la réunion du Conseil de sécurité de la situation en Syrie.

La Syrie doit rester une priorité mondiale 

Ghada Eltahir Mudawi, Directrice adjointe de la division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que les Syriens avaient besoin plus que jamais du soutien de la communauté internationale. 

« La crise humanitaire en Syrie doit rester une priorité mondiale », a-t-elle dit, décrivant le paysage actuel, où après une douzaine d'années de conflit, « la grande majorité de la population syrienne continue de faire face à des défis quotidiens pour répondre aux besoins alimentaires, sanitaires les plus élémentaires », ainsi que les besoins en abris. 

Un nombre impressionnant de 15,3 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire dans tout le pays, ce qui représente près de 70% de la population syrienne. Pour la première fois dans l'histoire de la crise, les habitants de tous les sous-districts de Syrie subissent un certain degré de stress humanitaire, a-t-elle dit, ajoutant que les tremblements de terre du début de l'année ont aggravé cette situation déjà sombre, avec plus de 330.000 personnes restant déplacées et des milliers d'autres n’ayant pas accès aux services de base et aux moyens de subsistance. 

Question de vie ou de mort 

Alors que l'ONU et ses partenaires poursuivent leurs efforts pour répondre aux besoins humanitaires les plus urgents, le soutien continu des donateurs et de ce Conseil sera crucial pour répondre aux besoins essentiels actuels, a-t-elle estimé, notant que l'évaluation préliminaire des besoins de relèvement après les tremblements de terre en Syrie est estimé à près de 9 milliards de dollars de dommages et de pertes et 14,8 milliards de dollars de besoins pour le rétablissement au cours des trois prochaines années. 

Une prolongation de 12 mois de l'autorisation du Conseil de sécurité du mécanisme transfrontalier est indispensable, a-t-elle souligné. 

« C'est une question de vie ou de mort pour des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie », a-t-elle averti. 

« La situation en Syrie est trop fragile, les besoins sont trop grands et trop de vies sont en jeu pour ne pas assurer un accès humanitaire durable par toutes les modalités possibles, y compris les missions transfrontalières et à travers les lignes de front », a-t-elle ajouté. 

Appelant à une plus grande solidarité et à un financement humanitaire accru de toute urgence pour sauver des vies et prévenir de nouvelles souffrances, elle a déclaré que si les efforts se poursuivent pour parvenir à une solution politique durable, « nous devons veiller à ce que les besoins urgents des femmes, des hommes et des enfants de Syrie soient prioritaires et disposent de ressources adéquates ».