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Geir Pedersen, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité de la situation en Syrie.

Syrie : l'envoyé de l'ONU signale un tournant important dans les efforts de paix

ONU Photo/Loey Felipe
Geir Pedersen, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité de la situation en Syrie.

Syrie : l'envoyé de l'ONU signale un tournant important dans les efforts de paix

Paix et sécurité

L'attention diplomatique renouvelée sur la Syrie à la suite des récents tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé le pays et la Türkiye voisine pourrait aider à débloquer les efforts de paix qui sont au point mort, a déclaré jeudi l'Envoyé spécial de l'ONU, Geir Pedersen, au Conseil de sécurité.

« Nous nous trouvons à un moment potentiellement important, avec une attention renouvelée sur la Syrie - en particulier de la part de la région - qui pourrait soutenir nos efforts pour faire avancer une solution politique à ce conflit », a-t-il déclaré.

« Mais pour que ce regain d'attention contribue à débloquer des progrès, de nombreux acteurs devront prendre des mesures concrètes, et pas seulement un groupe d'acteurs », a ajouté M. Pedersen.

L'engagement diplomatique se poursuit

L'envoyé de l'ONU a déclaré que depuis les tremblements de terre de février, la diplomatie s'est poursuivie entre le gouvernement syrien et les « acteurs d'Astana » - une référence à la réunion de décembre 2019 entre la Russie, la Türkiye et l'Iran dans la capitale kazakhe - ainsi qu'avec de « nouvelles ouvertures d'engagement » entre la Syrie et les pays arabes.

Pour résoudre chacun des innombrables problèmes de la Syrie, il faut plusieurs clés, chacune détenue par une partie prenante différente, qui ne peut être négligée et qui peut bloquer si elle est exclue - Geir Pedersen

M. Pedersen poursuit également ses contacts en faveur d'un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens. Il a souligné que « les Nations Unies ne peuvent y parvenir seules » et qu'elles ont besoin du soutien de tous les acteurs clés.

« Aucun groupe d'acteurs existant - ni les parties syriennes, ni les acteurs d'Astana, ni les acteurs occidentaux, ni les acteurs arabes - ne peut à lui seul apporter une solution politique », a-t-il déclaré. 

Selon lui, « pour résoudre chacun des innombrables problèmes de la Syrie, il faut plusieurs clés, chacune détenue par une partie prenante différente, qui ne peut être négligée et qui peut bloquer si elle est exclue ».

Saisir l'occasion

Pour progresser, il faudra faire travailler ensemble un plus grand nombre d'acteurs, qui devront tous apporter leur contribution dans le cadre d'un effort coordonné et multilatéral. 

« Je continuerai à dialoguer directement avec les parties syriennes et à leur rappeler, en particulier à ce stade au gouvernement syrien, qu'elles doivent saisir l'occasion en étant prêtes à aller de l'avant sur les questions de fond », a-t-il dit.

M. Pedersen a également souligné qu'il était prêt à faciliter le dialogue inter-syrien, notamment en convoquant à nouveau le Comité constitutionnel à Genève, qui ne s'est pas réuni depuis près d'un an.

Dans l'intervalle, il continue de réunir un large éventail de Syriens à Genève et dans la région, y compris des représentants des femmes et de la société civile. « Ces réunions montrent que les Syriens ont encore beaucoup de choses sur lesquelles ils peuvent s'entendre, au-delà des clivages », a-t-il dit.

La violence à la hausse

M. Pedersen s'est également inquiété du fait que la brève accalmie qui a suivi les tremblements de terre meurtriers de février se soit érodée. 

Les incidents violents se sont multipliés dans le nord-ouest, impliquant les forces pro-gouvernementales, les forces d'opposition armées et le groupe terroriste HTS.

Il a indiqué que le calme relatif dans le nord-est a été ponctué par des groupes d'opposition turcs et armés ciblant des positions des Forces démocratiques syriennes (FDS), une milice dirigée par les Kurdes, apparemment en réponse aux tirs d'obus et de roquettes des FDS, y compris contre des soldats turcs.

Les frappes israéliennes sont de plus en plus fréquentes, alors que le sud-ouest de la Syrie reste agité. Les attaques sporadiques de l'EIIL (Daech) semblent également se multiplier dans certaines régions, et le gouvernement, la Russie et la coalition dirigée par les États-Unis multiplient les frappes en réponse à ces attaques.

Des besoins sans précédent

L'ampleur actuelle des besoins humanitaires en Syrie est « sans précédent, même dans la longue et brutale histoire de la crise syrienne », a déclaré Lisa Doughten, la Directrice de la mobilisation des ressources pour le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU, OCHA, s'exprimant au nom du chef des opérations de secours, Martin Griffiths.

Faisant référence aux tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé la Türkiye et la Syrie il y a près de trois mois, Mme Doughten a dit que les Nations Unies continuaient à soutenir la reprise dans le nord-ouest meurtri de la Syrie.

Plus de trois millions de personnes ont reçu des repas chauds et des rations, tandis que 1,1 million ont bénéficié d'une forme de soins de santé.

Un enfant dort sur des sacs d'assistance dans un centre de réception dans la ville de Jandairis, dans le nord de la Syrie.
© UNOCHA/Mohanad Zayat
Un enfant dort sur des sacs d'assistance dans un centre de réception dans la ville de Jandairis, dans le nord de la Syrie.

Enlèvement des décombres

Plus de 470.000 mètres cubes de décombres ont été enlevés, mais bien que des progrès aient été réalisés, « il reste encore beaucoup à faire », a-t-elle déclaré aux Ambassadeurs.

La haute responsable humanitaire a estimé que la dévastation soulignait la « terrible réalité » à laquelle sont confrontés des millions de Syriens.

« Les douze années de conflit armé, les pressions macroéconomiques croissantes, la diminution des services publics et le délabrement des infrastructures essentielles ont rendu la population syrienne extrêmement vulnérable aux chocs et aux tensions, sans parler de ceux qui sont aussi dévastateurs que les récents tremblements de terre », a fait valoir Mme Doughten, ajoutant que près de sept millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, souvent à plusieurs reprises. Environ 80% d'entre elles sont déplacées « depuis au moins cinq ans ».

« Il faut trouver des solutions durables à cette crise, en commençant par mettre fin au conflit », a affirmé la Directrice de la mobilisation des ressources à OCHA.

Elle a indiqué que les trois points de passage disponibles dans le nord-ouest, à la frontière turque, restaient un corridor d'aide essentiel, avec des convois interagences « quasi quotidiens » qui atteignent des millions de personnes chaque mois.

Mme Doughten a enfin réitéré aux Ambassadeurs que le soutien continu des donateurs, des autorités sur le terrain, des États membres « et de ce Conseil » était essentiel « pour répondre aux besoins humanitaires d'aujourd'hui et, plus encore, à ceux de demain ».