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Des équipes d'inspection conjointes au travail dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire.

La poursuite de l’Initiative de la mer Noire est essentielle, plaide le chef de l’humanitaire de l’ONU

© UNODC/Duncan Moore
Des équipes d'inspection conjointes au travail dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire.

La poursuite de l’Initiative de la mer Noire est essentielle, plaide le chef de l’humanitaire de l’ONU

Aide humanitaire

Le chef de l’humanitaire de l’ONU a insisté lundi devant le Conseil de sécurité sur la nécessité de poursuivre l'Initiative de la mer Noire, qui permet notamment l’exportation de céréales de ports ukrainiens et qui arrive bientôt à expiration.

« La poursuite de l'Initiative de la mer Noire est essentielle, de même que le réengagement des parties en faveur de son fonctionnement harmonieux et efficace », a déclaré le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Ukraine.

« Nous appelons toutes les parties à assumer leurs responsabilités à cet égard. Le monde regarde », a-t-il ajouté.

Des équipes d'inspection dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire.
© UNODC/Duncan Moore
Des équipes d'inspection dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire.

Contribution à la sécurité alimentaire mondiale

M. Griffiths a rappelé que l’Initiative de la mer Noire, qui a été signée en juillet dernier par la Russie et l’Ukraine sous l’égide des Nations Unies et de la Türkiye, continue d'apporter « une contribution essentielle à la sécurité alimentaire mondiale » grâce à l’exportation de denrées alimentaires d’Ukraine et de denrées alimentaires et d'engrais de la Fédération de Russie.

Plus de 30 millions de tonnes de fret ont maintenant été exportées en toute sécurité depuis les ports ukrainiens dans le cadre de l'Initiative, dont plus de 55% vers les pays en développement et près de 6% sont allés directement aux pays les moins avancés. Cela comprend un peu moins de 600.000 tonnes de blé transportées par le Programme alimentaire mondial (PAM), en soutien direct des opérations humanitaires en Afghanistan, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Yémen, a-t-il précisé.

La dernière analyse de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que les prix mondiaux des céréales ont chuté de près de 20% au cours des 12 derniers mois. Le mois dernier, les prix internationaux du blé ont atteint leur plus bas niveau depuis juillet 2021, en partie grâce au mouvement continu de céréales ukrainiennes et aux grandes quantités disponibles pour l'exportation en Fédération de Russie et ailleurs.

« Cela représente un progrès indéniable, mais il reste encore beaucoup à faire. Des approvisionnements prévisibles pour les opérations d'aide alimentaire humanitaire continuent d'être nécessaires », a observé M. Griffiths, qui a noté que l'Initiative fait référence à l'exportation d'ammoniac, mais que « cela n'a pas encore été possible ».

« Au cours du mois dernier, nous avons également malheureusement constaté une réduction significative des volumes d'exportations sortant des ports ukrainiens de la mer Noire, en raison d'une dynamique de plus en plus difficile au sein du Centre conjoint de coordination et d'un ralentissement connexe des opérations », a dit le chef de l’humanitaire, ajoutant que ces dernières semaines les Nations Unies avaient engagé « des discussions intensives avec les parties à l'Initiative de la mer Noire, afin de parvenir à un accord sur sa prolongation et les améliorations nécessaires pour qu'elle fonctionne de manière efficace et prévisible ». Il a précisé que ces discussions allaient continuer dans les jours à venir.

Escalade en Ukraine

S’agissant de la situation en Ukraine, Martin Griffiths a regretté que les hostilités, y compris les tirs de missiles, « semblent actuellement s'intensifier des deux côtés de la ligne de front ».

Il a noté que les pertes civiles ont atteint leur plus haut niveau depuis des mois, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ayant maintenant vérifié 23.600 victimes civiles depuis le 24 février 2022. « Nous savons tous que le bilan réel est susceptible d'être beaucoup plus élevé », a-t-il dit.

Il a rappelé que les impacts humanitaires du conflit sont considérables.

« De nombreuses communautés le long de la frontière nord-est avec la Fédération de Russie et près de la ligne de front sont encerclées, coupées de l'eau, de la nourriture et des soins médicaux par de violents combats au sol et des routes bloquées », a-t-il précisé.

« Néanmoins, grâce à la bravoure des travailleurs humanitaires, en particulier des travailleurs locaux, l'ONU et ses partenaires continuent de fournir une assistance vitale dans les zones de première ligne et ailleurs à travers l'Ukraine », a-t-il ajouté.

Près de 3,6 millions de personnes ont reçu une aide humanitaire en Ukraine au cours du premier trimestre 2023. Cela comprend les personnes recevant une aide en espèces, des soins de santé et un soutien aux moyens de subsistance. Jusqu'à présent cette année, environ 43 convois inter-agences ont livré des fournitures à 278.000 personnes dans les zones de première ligne.

Une fillette de trois ans est forcée de s'abriter de bombardements avec sa famille dans un sous-sol sombre et humide à Lyman, en Ukraine.
© UNICEF/Aleksey Filippov
Une fillette de trois ans est forcée de s'abriter de bombardements avec sa famille dans un sous-sol sombre et humide à Lyman, en Ukraine.

Difficultés d'accès

Mais le chef de l’humanitaire a noté qu’il y avait des limites à la capacité à fournir de l'aide à tous ceux qui en ont besoin, le plus grand défi restant les obstacles à l'accès à toutes les zones de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia actuellement sous le contrôle militaire de la Fédération de Russie.

« Le système de notification humanitaire - ainsi que l'engagement direct avec des interlocuteurs clés à Moscou et à Kyïv - a été mis en place pour maximiser les possibilités de passage sûr et sans entrave des convois inter-agences vers ces zones. Cependant, malgré 14 mois passés à informer les parties de nos intentions par le biais de ce système, nous n'avons pas été en mesure de fournir une assistance aux communautés le long de la ligne de front dans les zones sous le contrôle militaire de la Fédération de Russie », a-t-il noté, ajoutant que les options d'accès à ces zones, y compris les modalités d'intervention, continuent d'être explorées grâce à l'engagement des deux parties.

« Il est impératif que nous explorions toutes les options pour atteindre les civils, où qu'ils se trouvent », a dit M. Griffiths, qui a exhorté les parties à renforcer leurs efforts de facilitation « afin que nous puissions atteindre tous les civils dans le besoin ».