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Les peuples autochtones gèrent ou occupent un quart des terres de la planète, qui abritent 80 % de la biodiversité mondiale.

Le chef de l’ONU exhorte à apprendre des peuples autochtones

© PNUE
Les peuples autochtones gèrent ou occupent un quart des terres de la planète, qui abritent 80 % de la biodiversité mondiale.

Le chef de l’ONU exhorte à apprendre des peuples autochtones

Droits de l'homme

A l’ouverture de la session 2023 de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (UNPFII) lundi, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a attiré l'attention sur les façons dont les peuples autochtones sont privés de leurs droits humains, et les a salués pour le rôle qu'ils jouent dans les efforts de protection de la nature et de préservation de la biodiversité.

Les peuples autochtones « détiennent une grande partie des solutions à la crise climatique et sont les gardiens de la biodiversité mondiale », dans des endroits aussi variés que l'Amazonie, le Sahel et l'Himalaya, a déclaré M. Guterres.

Exploitation, expulsions

Le chef de l'ONU a reconnu que les peuples autochtones luttent pour s'adapter à la crise climatique et sont confrontés à l'exploitation de leurs territoires riches en ressources, à l'expulsion de leurs terres ancestrales et à des agressions physiques.

M. Guterres a rappelé l'adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones en 2007, qui a conduit à une plus grande participation des peuples autochtones aux travaux de l'organisation, tels que la Convention sur la diversité biologique et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

« Les Nations Unies s'engagent à continuer à promouvoir les droits des peuples autochtones dans les politiques et les programmes à tous les niveaux et à amplifier vos voix », a déclaré le chef de l'ONU. « Apprenons des expériences des peuples autochtones et adoptons-les ».

A la COP27, les militants exigent des mesures concernant les pertes et les dommages.
ONU Info/Laura Quinones
A la COP27, les militants exigent des mesures concernant les pertes et les dommages.

Mettre fin à la persécution des défenseurs des droits de l'homme

Darío Mejia Montalvo, membre autochtone de la communauté Zenú dans les Caraïbes colombiennes et président de l'UNPFII, a souligné la lutte ardue à laquelle sont confrontés les peuples autochtones.

« Ceux qui nous ont précédés sur cette voie ont pu ouvrir les portes des Nations Unies grâce à leur force », a-t-il déclaré lors de la séance d'ouverture. « Je rends hommage aux dirigeants des peuples autochtones et à leurs alliés qui ont perdu la vie en défendant leurs peuples et leurs territoires. Ce Forum leur appartient ».

Il a décrit l’Instance comme la plus grande rencontre de diversité culturelle et politique au monde et déclaré que les peuples autochtones sont prêts à proposer des solutions à la crise climatique et à partager leurs expériences.

Les peuples autochtones doivent être présents à la table des négociations

« Les questions du changement climatique et de la biodiversité ne peuvent être résolues sans la participation réelle et effective des peuples autochtones », a affirmé M. Montalvo, ajoutant que les politiques de transition énergétique doivent prendre en compte les peuples autochtones dès le début.

« Une action climatique urgente implique de mettre fin à la persécution, à l'homicide et à la criminalisation des frères et sœurs autochtones et de leurs actions de défense des droits de l'homme et des droits de la nature », a déclaré l’actuel président de l’Instance.

Des autochtones brésiliens à l'ONU.
ONU Info/Pauline Batista
Des autochtones brésiliens à l'ONU.

Les connaissances ancestrales, nourries au fil des siècles

Prenant à son tour la parole, le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a déclaré que le monde payait encore le prix d'avoir mis si longtemps à apprendre des peuples autochtones comment la santé de la planète et la santé des personnes sont intrinsèquement liées.

M. Kőrösi a déclaré que les Nations Unies devaient comprendre les facteurs ayant un impact sur la santé et le bien-être des peuples autochtones, et les aborder de manière holistique et fondée sur les droits.

« Les connaissances ancestrales de vos peuples, cultivées au fil des siècles, ont ouvert la voie au développement de nombreux médicaments modernes », a mis en exergue le Président de l'Assemblée générale, ajoutant qu’ « en tant que gardiens de 80% de la biodiversité mondiale, vous possédez des compétences traditionnelles en matière d'adaptation, d'atténuation et de réduction des risques climatiques ».

M. Kőrösi a invité les délégués à soutenir la communauté internationale dans sa recherche de solutions pour promouvoir la paix, assurer la protection des droits de l'homme et favoriser le développement durable.

Femmes de la minorité ethnique Lisu, de la province de Yunnan, en Chine, en tenue traditionnelle
PNUD Chine
Femmes de la minorité ethnique Lisu, de la province de Yunnan, en Chine, en tenue traditionnelle

Les jeunes autochtones peuvent transformer le monde

Pour sa part, Lachezara Stoeva, l’actuelle Présidente du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a noté que le thème de la session de cette année – « Peuples autochtones, santé humaine, santé planétaire et territoriale et changement climatique : une approche fondée sur les droits » - est particulièrement pertinent pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), car il met l'accent sur les liens entre la santé humaine et la santé de la planète.

« L'action climatique, ainsi que la bonne santé et le bien-être, sont deux objectifs fondamentaux de l'Agenda 2030 », a déclaré Mme Stoeva.

« Et, comme nous le savons, les ODD sont profondément interconnectés. L'absence de progrès sur un objectif entrave les progrès sur tous les autres’ », a-t-elle rappelé.

La Présidente de l'ECOSOC a salué l'amélioration de la collaboration entre l'Instance permanente et d'autres organes subsidiaires de l'ECOSOC, tels que le Forum des Nations Unies sur les forêts et le Groupe d'experts des Nations Unies pour les noms géographiques, et s'est réjouie de la participation continue des jeunes autochtones au Forum de la jeunesse, avec le caucus des jeunes autochtones, dont les voix et les propositions, a-t-elle dit, peuvent transformer le monde en un endroit plus juste, plus vert et plus durable.

L'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones

  • L'Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones (UNPFII) est un organe consultatif de haut niveau du Conseil économique et social. L'Instance a été créée pour traiter des questions autochtones liées au développement économique et social, à la culture, à l'environnement, à l'éducation, à la santé et aux droits de l'homme.
  • Outre les six domaines du mandat (développement économique et social, culture, environnement, éducation, santé et droits de l'homme), chaque session est axée sur une question spécifique.
  • L'Instance permanente est l'un des trois organes des Nations unies chargés de traiter spécifiquement des questions relatives aux peuples autochtones. Les autres sont le Mécanisme d'experts sur les droits des peuples autochtones et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones.
  • La session 2023 de l'Instance se déroule du 17 au 28 avril au Siège de l'ONU.